Age de la Mort Rampante (AoW in french and in Greyhawk, Hero System)


Campaign Journals

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3ème Jour de la Lune du Mois des Semailles
de l’Année Commune 595 (matin)
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Lors de l’appel du matin, les compagnons attendirent patiemment au plus profond de la galerie que les mineurs désireux d’être embauchés comme journaliers remontent vers la surface en compagnie des gardes. Ne restaient dans la salle commune qu’une demi-douzaine de mineurs, trop malades ou trop saouls pour se lever.

Barnabé se lança successivement un Rapetissement mineur, un Pas de l’Araignée, une Course Effrénée et un Camouflage Mimétique. Aucun des pensionnaires ne remarqua le passage au plafond d’un hobniz miniature, de la même teinte que le roc environnant ; ou bien ils préférèrent ne pas en tenir compte, attribuant cette vision étrange à un effet secondaire des libations de la veille.

Barnabé commença à descendre dans la galerie centrale, et aperçut à peine une minute plus tard et un nombre indéterminé de tours plus bas une lueur signalant le poste de garde de la prison. Ralentissant son allure pour ne pas risquer d’être repéré, le hobniz s’approcha doucement, toujours collé au plafond, puis risqua un coup d’œil par dessus (ou plutôt par-dessous) un madrier de soutènement.

Comme annoncé, les deux gardes étaient assis dans une simple niche creusée dans la paroi interne de la galerie centrale, face à la galerie désaffectée faisant office de geôle.

Cette dernière était fermée par une grille solidement construite. Les éclats de voix et les bruits qui en provenaient indiquaient clairement que les geôliers étaient à pied d’œuvre pour réveiller, organiser et mener la chiourme jusqu’à son lieu de travail.

A l’opposé, le poste de garde n’était profond que de deux mètres à peine, tout juste assez grand pour accueillir une petite table et deux tabourets. Comme indiqué par Hélebrank, les lanternes utilisées dans la mine pour l’éclairage étaient d‘un modèle courant, de forme carrée : quatre parois vitrées surmontées d’un chapeau métallique, lui-même doté d’une poignée. La seule différence résidait dans le fait que, pour des raisons de sécurité, la source de lumière utilisée était un sort de Flamme Eternelle, et non une flamme vive alimentée à l’huile lampante. De par sa forme, la lanterne posée sur la table entre les deux gardes n’éclairait donc la galerie que jusqu’à hauteur d’homme, laissant le plafond plongé dans une pénombre propice…

Se reculant, Barnabé commença à chercher l’endroit idéal pour mettre en œuvre son plan. Il le trouva un peu en amont du poste de garde : sur le bord extérieur de la galerie principale, au dessus des rails de bois, partant du principe qu’un garde cherchant à dissimuler quelque chose le ferait aussi loin que possible du passage piéton situé à l’opposé.

Satisfait, le hobniz alla se dissimuler dans l’ombre derrière un madrier du plafond pour attendre patiemment l’arrivée des mineurs et la relève de la garde.

Celle-ci se déroula exactement comme l’avait décrit Hélebrank. Parmi les cent paires d’yeux appartenant aux vingt mineurs, dix gardes, quatre geôliers, deux conducteurs, quatre poneys et soixante forçats qui empruntèrent la galerie principale, aucune ne se leva vers la cachette du hobniz. Quand bien même c’eût été le cas, sa découverte aurait été rendue plus qu’improbable par les effets conjugués de la faible luminosité ambiante et de son Camouflage Mimétique mineur, grâce auquel il avait exactement la même coloration que la planche de soutènement contre laquelle il était étroitement plaqué, jusqu’aux moindres veinures du bois.

Une fois le calme revenu, Barnabé se rapprocha à nouveau du poste de garde jusqu’à atteindre le lieu choisi pour sa petite mise en scène. Il desserra le lacet de la gourde emplie de vin drogué et la laissa tomber au sol juste en dessous d’une cheville d’assemblage saillant d’un madrier, de façon à laisser croire qu’elle y avait été (mal) attachée.

Les gardes, alertés par le bruit, sortirent tous deux du poste. Barnabé, dissimulé non loin derrière une poutre du plafond, se retint de jurer lorsqu’ils passèrent une première fois à quelques mètres de la gourde sans la voir. Fort heureusement, l’un d’eux fut un peu plus attentif au retour et la repéra gisant sur les rails. La nature humaine fit le reste.

- « Regarde, le lacet est défait. Quelqu’un a du l’accrocher là-haut pour la planquer, quelqu’un qui est pas foutu de faire un nœud correct. A qui elle est, à ton avis ? », se demanda le premier garde.
- « On s’en fout », répliqua le second en humant le vin contenu dans la gourde après en avoir fait sauter le bouchon d’un geste du pouce. « C’est du bon jaja. Je te parie que c’est une de ces feignasses de la ronde de nuit qui s’est mis de côté de quoi se réchauffer pendant le service. Viens, on se la garde pour nous et on s’en jette un petit, ni vu ni connu. »
- « Ouais, t’as raison. Buvons à la santé du collègue ! »

Cinq minutes plus tard, le premier des gardes piqua du nez sur la table. Le second n’eut que le temps de se relever et de vaciller d’avant en arrière avant de s’écrouler au sol à son tour. Pour parachever la mise en scène et éviter qu’un examen scrupuleux du vin ne vende la mèche, Barnabé arrosa copieusement le sol et les gardes avec ce qui restait du contenu de la gourde. Ayant ainsi recréé par ce subterfuge une scène de beuverie tout à fait crédible, il s’empressa d’aller chercher ses compagnons dans la galerie auberge.

Ils purent ainsi descendre tous ensemble le long de la galerie principale, sans se hâter, et faire halte à la première galerie désaffectée pour sortir leur matériel et s’équiper de pied en cap.

- « Par la Sainte Hache ! » s’exclama soudain Mathieu en se frappant le heaume du plat du gantelet. « Je savais bien que j’oubliais quelque chose… Avec tous ces préparatifs, j’ai complètement oublié d’avertir le temple de notre destination ! »
- « Attends… Si je comprends bien, tu es en train de nous dire que s’il nous arrive malheur, nous ne pourrons compter sur aucune aide, puisque personne ne sait que nous sommes ici ? C’est bien cela ? », résuma Kalen.
- « Ben si, il y a Bélabar qui sait où nous sommes », rétorqua Aloïs.
- « Me voila rassuré. Tu n’as pas idée comme cela me soulage de l’avoir comme seul recours », ironisa Kalen.

Note du MJ:
Là je dois dire que je n'ai pas pu m'empêcher de ricaner hystériquement en voyant la tête des autres joueurs lorsqu'ils se sont rendus compte de leur situation... Oops!

Restant sur cette pensée réconfortante, les compagnons reprirent leur descente le long de la galerie principale et atteignirent la galerie « privée » de Maître Pierrerude sans avoir croisé âme qui vive. Jetant un regard dédaigneux sur la pancarte qui en interdisait l’accès, ils s’y engouffrèrent rapidement. Une fois hors de vue, Aloïs examina le sol et y trouva des traces de pas indistinctes mais relativement récentes, confirmant que l’endroit n’était pas totalement abandonné.

Barnabé prit de l’avance sur ses compagnons pour reconnaître le terrain. Après avoir parcouru une centaine de mètres le long de la galerie tortueuse aux parois irrégulières, il parvint à un embranchement. Sur la gauche, une branche secondaire de la galerie était condamnée par de solides planches clouées aux poutres de soutènement ; sur cette barricade, une tête de mort surmontée de l’inscription « danger, risque d’éboulement » avait été tracée à la peinture rouge en guise d’explication.

Barnabé attendit là d’être rejoint par ses compagnons, et ne résista pas au plaisir d’abuser de son exceptionnelle furtivité pour les faire sursauter. A son invite, Aloïs examina de nouveau le sol et constata que les traces semblaient toutes faire à cet endroit un écart vers la gauche…

L’hypothèse d’un piège tendu sur la partie droite de la galerie fut rapidement écartée par un examen minutieux, et une Détection des Portes Secrètes révéla que certaines des planches de la barricade étaient en réalité amovibles : d’une simple pression sur un loquet habilement dissimulé, l’ensemble pivotait sur des gonds tout aussi invisibles, découvrant un large passage. Il s’avéra qu’en réalité les traces aperçues précédemment franchissaient la barricade puis se poursuivaient au-delà.

Après une vingtaine de mètres, ce nouveau boyau débouchait sur une étroite cavité taillée dans le roc, large d’environ six mètres. Un échafaudage composé d’épais madriers surplombant un puits de mine de section carrée, large de quatre mètres, occupait presque tout l’espace disponible. Au-dessus de ce puits de mine se balançait une plate-forme, accrochée à l’échafaudage par d’épais câbles venant s’enrouler sur deux énormes treuils disposés sur deux bords opposés de la plate-forme, entraînés par deux cabestans via un appareillage complexe de pignons, d’engrenages et de cliquets, agrémenté de deux pédales et d’autant de leviers.

Barnabé fit signe à ses compagnons de faire silence, puis s’approcha du bord et jeta un œil dans le puits de mine par le large interstice entre la plate-forme et la paroi, avant de revenir vers eux.

- « Je n’ai rien vu. Il n’y a pas de lumière, et le puits est trop profond pour que je puisse en voir le fond avec ma Vision Nocturne… Attendez moi ici sans faire de bruit, je pars en reconnaissance. »

Il s’éloigna un peu plus loin dans la galerie pour lancer aussi discrètement que possible ses sorts de Rapetissement mineur, de Course Effrénée et de Camouflage Mimétique mineur, avant de se faufiler le long du conduit grâce à son sort de Pas de l’Araignée, toujours actif. Barnabé se félicita encore d’en avoir si bien tissé la trame plus d’une heure auparavant dans la galerie auberge : il ne tenait pas à avaler une araignée vivante, le focus indispensable à son activation, plus souvent que nécessaire.

Une cinquantaine de mètres plus bas, le puits débouchait au plafond d’une vaste cavité sans doute artificielle, puisque dotée d’un sol visiblement dallé. Barnabé s’approcha précautionneusement du rebord, et passa la tête.

La vue lui coupa le souffle. Il se trouvait suspendu tête en bas au dessus d’une salle rectangulaire, aux murs taillés dans une pierre sombre. Douze mètres plus bas, le sol était recouvert d’un dallage de même teinte que les murs, composé de dalles octogonales gravées de motifs évoquant une toile d’araignée, et de dalles carrées portant en cabochon la représentation stylisée d’un crâne humain.

Les murs étaient soutenus par de minces piliers portant des cannelures horizontales leur donnant un aspect étrangement organique, et se rejoignaient douze mètres au dessus du sol en un long plafond ogival, au milieu duquel débouchait le puits. Vaste comme une nef de cathédrale conçue par un architecte au goût prononcé pour le macabre, l’ensemble évoquait irrésistiblement l’intérieur de la cage thoracique d’une créature de taille colossale.

L’une des extrémités de la salle était visiblement obturée par un éboulement. Une profonde faille y courait sur le sol, entamant l’un des murs comme l’aurait fait un couteau d’une motte de beurre.
A l’opposé, la nef débouchait sur une autre salle aux dimensions encore plus imposantes, que Barnabé ne put distinguer dans sa totalité en raison de la portée limitée de sa Vision Nocturne. Tout au plus put-il apercevoir depuis son perchoir un immense bassin carré et un escalier longeant l’un des murs. Il se fit la réflexion que son plafond devait logiquement être encore plus élevé que celui de la nef, puisque situé hors de son champ de vision.

L’un des côtés de la nef était percé d’un large couloir. De part et d’autre, étaient suspendues deux grandes bannières portant la représentation d’un poing enserrant six flèches. Barnabé reconnut de suite ce symbole comme étant celui d’Hextor, divinité œridienne de la guerre, de la discorde et de la tyrannie, Héraut des Enfers, demi-frère et rival haï d’Heironéous, le dieu tutélaire de Mathieu.

Mais ce qui attira aussitôt toute son attention et lui fit retenir son souffle était la présence de deux gardes portant lorica et heaume d’acier, le visage masqué par une sorte de voilette en cotte de mailles, qui se tenaient immobiles de part et d’autre du couloir aux bannières. Ils ne semblaient nullement oppressés par l’obscurité ambiante, ce qui laissa penser à Barnabé qu’ils n’étaient sans doute pas tout à fait humains. Cette impression fut confirmée un instant plus tard par le battement d’une mince et longue queue reptilienne, jusqu’alors dissimulée par la cape de l’un des gardes.

Le hobniz remonta le long du puits, redoublant de précautions pour ne pas trahir sa présence par la chute d’une pierre. Puis, ayant rejoints ses compagnons, il leur fit un résumé aussi concis que précis de ce qu’il avait vu.

- « Bingo ! On a parié sur le bon cheval. Je veux dire, on a misé sur le bon numéro. On est au bon endroit, quoi… » s’enthousiasma Aloïs.
- « Très bien. Mais avant de descendre, achevons l’exploration de la galerie pour nous assurer que nous ne serons pas pris à revers par des forces hostiles. Je ne tiens pas à être surpris à bord de ce monte-charge », tempéra Mathieu, en bon tacticien.

Les compagnons rebroussèrent donc chemin, franchissant de nouveau la fausse barricade, et reprirent l’exploration de la première galerie pour constater qu’elle aboutissait à quelques dizaines de mètres de là au front de coupe auquel Maître Ragnolin Pierrerude était censé consacrer ses rares loisirs. Malgré un examen poussé, tant ordinaire que magique, ils ne trouvèrent à ce cul-de-sac ni issue ni intérêt et retournèrent donc rapidement à la salle du monte-charge.


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Après un bref conciliabule, les compagnons convinrent de descendre en empruntant la plate-forme de la façon la plus naturelle possible, sans chercher à se dissimuler. Seuls Mathieu et Khalil seraient visibles, pour manœuvrer les cabestans. Les autres seraient accroupis derrière ceux-ci, et ne se redresseraient qu’une fois à portée de tir pour abattre les gardes avant qu’ils ne donnent l’alarme. Ce plan reposait, d’une part, sur l’angle de vision très défavorable des gardes, qui s’ils restaient au même endroit ne disposeraient que de six mètres de recul, et d’autre part sur le fait qu’ils s’attendraient probablement à l’arrivée d’autres cultistes et non d’intrus.

Une fois tout le monde en place, Khalil et Mathieu enfoncèrent de concert les pédales situées prés de leurs cabestans, ce qui eut pour effet de faire basculer en arrière certains pignons et d’en enclencher d’autres. Quant aux pédales, elles restèrent bloquées en position basse. L’inexistence de leurs connaissances en mécanique ne leur permettant pas de comprendre l’utilité de ce qu’ils venaient de faire, ils préférèrent laisser les choses en l’état. Puis ils comptèrent jusqu’à trois avant de tirer en même temps les deux leviers qu’ils supposaient faire office de freins. Cette intuition fut confirmée par une petite secousse agitant la plate-forme. Enfin, ils commencèrent à faire tourner leurs cabestans, d’abord lentement puis aussi vite qu’ils purent, et la plate-forme s’enfonça dans le puits à un rythme régulier.

Une minute d’efforts plus tard, elle débouchait par le plafond dans la grande nef décrite par Barnabé.

Cette fois-ci, ils purent en apprécier pleinement l’aspect et les dimensions grâce à la lumière de leur lanterne et au sort de Nyctalopie dont ils bénéficiaient tous, celui-ci n’étant limité ni en portée ni en perception chromatique. Les murs nervurés de la nef se révélèrent être taillés dans un basalte noir, parfaitement poli ; quant au dallage du sol, il était fait de marbre noir. La salle située au bout de la nef était ronde, d’un diamètre de vingt-quatre mètres. En son centre était érigé un bassin carré de dix mètres de côté, ceint d’un large rebord de pierre noire. A la surface de l’étrange liquide noir mat qui l’emplissait, de grosses bulles se formaient lentement avant d’éclater, répandant une odeur méphitique d’œuf pourri. Sur le côté gauche, un large escalier suivait le mur extérieur, s’arrêtant successivement à trois paliers surplombant le bassin, situés à quatre, huit puis douze mètres de haut, ce dernier étant de niveau avec le plafond de la nef.

Ils n’eurent toutefois pas le loisir de contempler plus avant l’architecture des lieux, la plate-forme poursuivant sa descente vers le sol et un probable affrontement.

- « Attention, on est dans la nef », murmura Mathieu. « Dix mètres avant le contact… Ils se sont rapprochés de notre point d’arrivée, par ma droite… Ils discutent entre eux… »
- « C’est bon alors, on tire ? », chuchota un peu trop fort Aloïs.
- « Chut, tais-toi donc… » le rabroua Barnabé. « On avait dit qu’on attendrait la distance optimale pour tirer… »
- « Mais je SUIS à ma distance optimale ! Je tire super bien à l’arc, tu sais », lui répondit fièrement Aloïs.
- « Allez-vous fermer vos gueules à la fin… », gronda Mathieu sans desserrer les dents. « Sept mètres…. Attention ! Ils se sont arrêtés, ils se doutent de quelque chose… FEU ! »

Comme un seul homme, Barnabé, Aloïs et Hélebrank se redressèrent au-dessus du treuil manœuvré par Mathieu, et concentrèrent comme convenu leur tir sur l’un des gardes dans le but de le mettre hors de combat aussi rapidement que possible.

Malheureusement, Barnabé manqua complètement sa cible, et la flèche d’Aloïs ne lui causa que des dommages mineurs, ayant été presque stoppée par le brassard de cuir bouilli qu’il portait au bras. Quant au rayon de foudre jailli du doigt d’Hélebrank, il ne parut pas affecter le garde outre mesure bien que l’ayant frappé en pleine poitrine, ce qui pouvait laisser penser qu’il disposait de protections magiques ou naturelles contre ce type d’énergie.

L’effet de surprise dissipé, les deux gardes tournèrent les talons et se mirent à courir vers le couloir tout proche. Celui d’entre eux qui était blessé continua sur sa lancée, sans doute pour donner l’alerte. Son camarade indemne prit position à l’entrée du couloir pour le couvrir et se saisit de son arc.

Les compagnons ne restèrent toutefois pas inactifs. Tandis que Mathieu et Khalil continuaient à s’échiner sur leurs cabestans pour accélérer autant que possible la descente de la plate-forme, Aloïs tira une nouvelle flèche qui ripa sur l’armure couvrant l’épaule du fuyard, sans parvenir à l’arrêter ou même à le ralentir. Heureusement Barnabé eut cette fois la main plus heureuse : son boulet de fronde cueillit sa cible au creux des reins, défonçant littéralement l’une des plaques de sa cuirasse d’écailles. Tombant au sol mais emporté par son élan, le garde dérapa sur quelques mètres avant de s’immobiliser, définitivement.

Quant à Hélebrank, il n’eut pas le temps d’invoquer un second Rayon d’Energie. En effet, Kalen passa enfin à l’action : jusqu’à présent, il s’était contenté de se lancer un sort de Coup Parfait plutôt que de se joindre aux efforts de ses compagnons par un sortilège d’attaque.

- « T’attends quoi au juste pour leur tirer dessus, Kalen ? », grogna Mathieu tout en continuant à mouliner. « Une invitation écrite ? »
- « Tut, tut… Pas d’inquiétude, très cher. J’assure mon coup. J’ai beaucoup travaillé sur la puissance de mes sorts durant la semaine écoulée. Un seul tir devrait suffire » assura le jeune Mage en tirant un carreau d’arbalète du carquois qu’il portait toujours à la ceinture, avant d’entamer de nouvelles incantations.

Projeté avec la force d’une baliste par le sort de Projectile Télékinétique, le carreau frappa le garde encore indemne au beau milieu de la poitrine, défonçant sa cotte de mailles, lui perforant le cœur et sectionnant sa colonne vertébrale avant de ressortir par son dos dans une grande gerbe sanglante. Le silence revint dans la pièce.

- « Ah oui, effectivement il y a du mieux », approuva Mathieu en connaisseur.

Six secondes plus tard, la plate-forme se posait au sol avec la délicatesse d’un éboulement. Prêts au combat, les compagnons se déployèrent rapidement de part et d’autre du couloir, s’apercevant qu’il était fermé dix mètres plus loin par une épaisse double porte renforcée de métal, faite de planches du même modèle que celles utilisées pour étayer les galeries de la mine. Si ce n’est la brève prière par laquelle Mathieu invoqua un miracle divin pour enchanter sa hache, ils restèrent tendus et silencieux, les doigts serrés sur leurs armes, l’oreille aux aguets. Puis, comme rien ne venait, les compagnons se détendirent un peu et prirent le temps d’examiner les lieux et leurs adversaires.

Les gardes se révélèrent être deux tieflings, des bâtards au sang impur portant dans leur chair des stigmates infernaux : pour l’un, une queue reptilienne et de fines écailles, pour l’autre, une peau hérissée de fines barbelures tranchantes. Sous l’armure, leur épiderme était couvert de tatouages à la gloire d’Hextor. Mathieu se souvint que dans le lointain Grand Royaume, autrefois glorieux mais tombé dans la décadence depuis l’accession au Trône de Malachite de la Maison Naelax, aussi fameuse pour ses alliances infernales que par la folie meurtrière de ses membres, les temples d’Hextor avaient coutume de recueillir les fruits des alliances contre-nature qui ne manquaient pas de se produire lorsque humains décadents et créatures extraplanaires se côtoyaient pour en faire des soldats d’élite tout dévoués à leur cause.

Aloïs profita de cet examen pour récupérer un arc court bien plus puissant que le sien, ainsi que quelques flèches. Khalil s’assura d’un coup de bâton bien placé que celui des tieflings qui n’était pas manifestement mort ne reprendrait pas conscience de sitôt.

Derrière eux, penché sur les motifs macabres ornant le dallage de pierre noire, Kalen se tortillait songeusement les poils de sa maigre barbe.

- « C’est ennuyeux… » marmonna t’il sans s’adresser à quiconque. « Je suis certain d’avoir déjà vu des symboles analogues quelque part, mais je n’arrive pas à me souvenir où, ni à quoi ils correspondent. »
- « Le symbole d’une divinité liée à la mort, peut-être ? », lui suggéra Mathieu.
- « Mes félicitations pour cette observation d’une étonnante perspicacité… Mais cela ne peut être la bonne réponse, puisque je n’ai jamais étudié la théologie : cette matière m’ennuie au plus haut point, sans vouloir t’offenser. Or je suis presque certain d’avoir déjà vu quelque chose de ce genre durant mes études. Bah, cela va sûrement me revenir… »

Sovereign Court

Vous appelez quand meme ca des tieflings, le nom n'a pas ete traduit? ;)


Moonbeam wrote:
Vous appelez quand meme ca des tieflings, le nom n'a pas ete traduit? ;)

Argh, pris en flagrant délit d'anglicisme! <entreprend de se flageller copieusement le dos avec un gros Larousse>

Bon, c'est vrai que Tiefling avait été traduit en "tiefelin" (tiéfelin?) lors de la sortie de la version française de Planescape... Je le ferai plus, c'est promis. Plus un seul mot d'anglais sur ce thread... fil de discussion!

Sovereign Court

Smarnil le couard wrote:
Bon, c'est vrai que Tiefling avait été traduit en "tiefelin" (tiéfelin?) lors de la sortie de la version française de Planescape... Je le ferai plus, c'est promis. Plus un seul mot d'anglais sur ce thread... fil de discussion!

Tiéfelin? Ewwwww....

Je trouve ca vraiment bizarre de traduire les noms, moi je joue toujours avec les noms anglais meme quand on joue en francais. ;)


Moonbeam wrote:
Vous appelez quand meme ca des tieflings, le nom n'a pas ete traduit? ;)

C'est un mot francais comme "shampooing", n'est-ce pas? ;-)


Moonbeam wrote:

Tiéfelin? Ewwwww....

Je trouve ca vraiment bizarre de traduire les noms, moi je joue toujours avec les noms anglais meme quand on joue en francais. ;)

Effectivement, tiefelin c'était pas une réussite...

En règle générale, les noms de lieu gagnent à rester non traduits (Cité de Faucongris? Bof...). La plupart des monstres aussi, sauf lorsqu'il existe une traduction française évidente (owlbear=ours-hibou, green slime = limon vert, mais un hobgoblin reste un hobgoblin, un mimic un mimic, etc.)

Il n'ya guère que les noms de sorts que je traduis systématiquement. Après, c'est une question d'habitude. Il y a une dizaine d'années, comme on jouait avec des règles en anglais, ça a fait bizarre au début mais on s'y fait vite.


hogarth wrote:
Moonbeam wrote:
Vous appelez quand meme ca des tieflings, le nom n'a pas ete traduit? ;)
C'est un mot francais comme "shampooing", n'est-ce pas? ;-)

Yep. C'est comme les gobelins, je préfère utiliser l'othographe anglaise (goblin), sinon ça me fait penser à une manufacture.


Juste pour info, à l'attention des deux pelés et un tondu (expression idiomatique: toute ressemblance... etc.) qui me lisent, la campagne a été mise en hiatus à la fin des Trois Visages du Mal à la demande du joueur de Mathieu qui voulait absolument nous faire jouer un autre scénario (When a Star falls).

J'ai sous le coude trois séances de matériel et continue la rédaction du journal, mais à un rythme beaucoup plus lent.

(english translation: for the three guys who read me, our campaign is currently suspended, but I have still three play sessions worth of material to write down. So, stay tuned !)


(Never heard that idiom before!)

Are you playing "When a Star Falls" with the same (HERO system) characters?


hogarth wrote:

(Never heard that idiom before!)

Are you playing "When a Star Falls" with the same (HERO system) characters?

Well, we do use the HERO system, but not the same characters as in the Age of Worms campaign (it would be very bad for said campaign continuity, and as its DM I don't have a PC in it anyway).

In fact, it will follow module N5 (Under Illefarn) we ran back in 2008. So we already have PCs running.

I hope that it will work fine. Old modules (who tends to feature a lot of fights with numerous adversaries and are light on skill use) usually don't translate well into Hero, and need quite a few tweaks to run properly. N5 wasn't retooled, and it showed (I wrote a PC journal at the time, but as the adventure was a bit dull I never posted it).


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L’HURE DE GLOIRE DU PORC EPIQUE
(séance du 24 septembre 2010)

3ème Jour de la Lune du Mois des Semailles
de l’Année Commune 595 (matin)
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Tandis qu’Aloïs faisait conscieusement les poches des tieflings et que Mathieu s’emparait de l’arc restant et d’un carquois de flèches, Barnabé lança depuis la grande nef une Détection de la Magie pour s’assurer de l’absence de pièges ou d’alarmes dans le couloir ou sur les portes auxquelles il aboutissait. Il ne trouva rien de la sorte, mais ne manqua pas de remarquer que chacune des sentinelles portait à la ceinture trois petites fioles dégageant une aura magique. Il courut s’en emparer, et les rapporta à Kalen pour un examen plus poussé.

Ce dernier lança à son tour une Détection de la Magie qui lui permit de déterminer qu’un premier groupe de quatre potions, évoquant par leur couleur ivoire translucide un lait coupé d’eau, partageaient la même aura, qu’il identifia comme appartenant à l’Ecole d’Illusion. Un second groupe de deux potions identiques, à la robe opaque d’une belle couleur chartreuse, dégageait une aura de Thaumaturgie.

Les compagnons discutèrent ensuite brièvement du meilleur endroit où dissimuler les corps des sentinelles, avant de réaliser que leur absence dans un couloir maculé de sang et d’entrailles serait pour le moins aussi suspecte que la présence de cadavres. Ils renoncèrent donc rapidement à ce projet.

Sans plus attendre, Barnabé s’avança sur la pointe de ses petits petons velus vers la porte pour la soumettre à un examen plus poussé. Il put ainsi constater que celle-ci n’était pas directement ancrée dans les parois de pierre, mais fixées sur un encadrement réalisé à partir de lourds madriers de soutènement. Le pourtour de ses deux vantaux était renforcé de plaques de métal. Aucun gond ou trou de serrure n’était visible ; le vantail de droite portait à mi-hauteur une autre plaque de métal dont l’utilité n’était pas immédiatement évidente.

Fort heureusement, la porte avait été réalisée à partir de matériaux de récupération par des mains manifestement peu expertes ; à ce titre, elle présentait entre ses planches mal ajustées bon nombre d’interstices propices au travers desquels Barnabé put apercevoir une pièce de quelques mètres de large, plongée dans l’obscurité, ainsi qu’un large couloir qui s’ouvrait juste en face de la porte et se prolongeait aussi loin que pouvait porter sa Vision Nocturne.

Il appliqua ensuite une oreille sur la porte, comme il avait appris à le faire plus jeune lors d’une précédente expérience professionnelle. Il put ainsi entendre des bruits de voix étouffés, provenant d’assez loin vers la gauche ; à certaines exclamations, il lui sembla que la conversation portait sur un jeu quelconque.

Un peu au dessus de sa tête, il aperçut une ombre trahissant la présence d’une épaisse barre, probablement un autre madrier, utilisée pour fermer la porte. Il en déduit que la plaque de métal surnuméraire, située à la même hauteur, devait probablement servir à fixer cette barre d’une façon ou d’une autre.

Il termina son examen en poussant la porte, juste par acquit de conscience : elle résista, confirmant ses suppositions.

Quelques instants plus tard, il revint vers ses compagons pour leur faire un résumé succinct de ses observations.

- « Si c’est fermé de l’intérieur, je me demande comment les sentinelles faisaient pour entrer », releva Hélebrank.
- « C’est vrai, on aurait pu prendre le temps de le leur demander. Peut-être qu’ils frappaient à la porte pour se faire ouvrir, tout simplement… On essaye ? », proposa candidement Khalil.
- « Tu ne veux pas leur envoyer un faire-part avec ta carte de visite, aussi ? », coupa Mathieu, assez insensible à ce genre d'humour.
- « J’ai mieux à vous proposer », commença Kalen. « Puisque l’on peut voir au travers de la porte, il m’est possible d’utiliser la baguette trouvée dans le cairn pour invoquer un Serviteur Invisible de l’autre côté. Il pourra nous ouvrir. Par contre, cela risque de faire un peu de bruit et de lumière, donc d’alerter d’éventuels gardes… »
- « Ce n’est pas grave », le rassura Khalil. « Une fois la porte ouverte, on foncera aussi vite que possible pour profiter de l’effet de surprise. »
- « Enfin, si la barre n’est pas trop lourde, parce que le Serviteur Invisible ne peut pas porter une charge supérieure à 16 kg, en fait… », poursuivit Kalen, étouffant dans l’œuf les espoirs suscités un instant plus tôt.
- « Un madrier en bois massif à forte section, de plus de deux mètres de long ? Laisse tomber, j’en fais mon affaire », trancha Hélebrank, en s’avançant d’un pas décidé vers l’obstacle.

Ses yeux se mirent à luire du feu argenté habituel tandis qu’il concentrait sa volonté sur la barre, souhaitant de toutes ses forces qu’elle se soulève puis s’éloigne de la porte. Rien ne bougea. Il tenta de la faire coulisser vers la droite, puis vers la gauche, puis de la pousser, sans plus de succès. C’est seulement lorsqu’il essaya de soulever vers le haut son extrémité de droite qu’il parvint à la faire jouer de quelques centimètres. Quelque chose devait la bloquer, quelque part derrière les épais montants de la porte, hors de son champ de vision.

Après quelques délibérations à voix basse, les compagnons en conclurent que la barre était probablement montée sur un pivot central, porté par la plaque de métal qui avait tant intrigué Barnabé, et maintenue en place de part et d’autre de la porte par un système quelconque.

- « C’est quand même dommage… On aurait pu invoquer le Serviteur Invisible de l’autre coté et lui demander ce qui bloque la barre. Mais comme il est muet… », se désola Kalen.
- « Et comme il est invisible, il ne peut pas non plus nous faire des signes, c’est ballot… », observa finement Aloïs.
- « J’ai trouvé la solution ! » s’écria soudain Kalen, avant de prendre l’air mystérieux qu’il affectionnait tant. « Suivez-moi tous. Toi, Hélebrank, prépare-toi à faire basculer la barre quand je te ferai signe. Ca va être un jeu d’enfant ! »

Arrivé à pied d’œuvre, Kalen empoigna par le milieu la Baguette de Serviteur Invisible qu’il portait à la ceinture, puis colla un œil sur une fissure de la porte avant d’en activer le pouvoir par un simple effort de volonté. Les cristaux enchassés à chacune des extrémités de la baguette se mirent à briller ; un éclair de lumière bleuté accompagné d’un étrange sifflement illumina le couloir au travers des ajours de la porte.

- « Autant pour la discrétion… », commenta Aloïs.
- « Aucune importance, nous serons de l’autre côté en un instant… » chuchota Kalen avant de reprendre d’une voix plus forte. « Serviteur ! Entends-moi ! Retire les verrous, enfin, euh… tout ce qui bloque la barre de cette porte ! »

Quelques instants plus tard, Kalen aperçut une, puis deux cales en bois triangulaires flotter dans les airs de l’autre côté de la porte, et donna le signal convenu à Hélebrank. Cette fois, la barre pivota d’un seul coup sans rencontrer la moindre résistance. Dès qu’elle fut à la verticale, dégageant le vantail de gauche, Mathieu donna un coup d’épaule dans la porte, l’ouvrant en grand, avant de se positionner dans l’ouverture, hache et bouclier prêts au combat. Khalil s’avança à ses côtés, bâton ferré brandi. Derrière eux, Aloïs encocha une flèche dans son tout nouvel arc lourd.


Smarnil le couard wrote:

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L’HURE DE GLOIRE DU PORC EPIQUE

My Age of Worms character was (almost) killed by a single bite from "le porc epique"; she was only saved by a hero point!


hogarth wrote:
My Age of Worms character was (almost) killed by a single bite from "le porc epique"; she was only saved by a hero point!

Well, someone got almost killed too by the dire boar. But you'll see...

The fight ended using up a lot of hero points too. The PCs only got them since their last encounter with Alastor (the ghost). That perk came with the "save-the-cheerl... err... world" mission. Helps them to stay live, which is good for the campigne, and to feel special, which is good too.

Ah, the title is a very bad pun of mine. 'Hure' means hogshead, and 'heure' means hour; "porc-épic" (not "épique") means porcupine. I know, it's even lamer translated.


Ils venaient de pénétrer dans une salle rectangulaire taillée dans le roc brut. Juste en face, le large couloir déjà aperçu plus tôt aboutissait une demi-douzaine de mètres plus loin à une lourde double porte, du même modèle que celle tout juste franchie. Un peu en deçà, un étroit couloir et une troisième double porte, celle-là fermée par de lourdes chaînes, se faisaient face. Dans la salle elle-même, deux ouvertures fermées par de lourdes tentures étaient visibles, une à leur droite et une à leur gauche.

Mais ce qui retint surtout leur attention, ce fut les six squelettes humains en cotte de mailles rouillée alignés le long des murs qui s’animèrent dès qu’ils eurent posé le pied dans la pièce, s’avançant vers eux en brandissant masses d’armes et boucliers.

Détail curieux, se faisaient entendre à chacun de leurs mouvements des tintements que leurs cottes de mailles ne pouvaient à elles seules expliquer. Les compagnons comprirent vite que ces bruits incongrus provenaient de grelots accrochés en grand nombre aux ceintures des squelettes, leur donnant l’apparence de macabres ménestrels, et ne furent guère plus longs à saisir le pourquoi de ce bizarre appareil : des cris d’alarme commencèrent à retentir sur leur gauche, au-delà des tentures.

Dès que les morts-vivants furent assez proches, Mathieu porta la main à l’éclair d’argent qu’il portait en pendentif pour invoquer la puissance divine d’Heironéous. Une onde brillante d’énergie de couleur argentée jaillit, balayant sans discrimination compagnons et squelettes quatre mètres autour de lui. Mais si les premiers ne ressentirent qu’un léger fourmillement, les seconds furent parcourus de petits éclairs et commencèrent à fumer alors que l’énergie positive invoquée par le paladin rongeait l’énergie négative qui les animait.

Puis Khalil s’avança aux côtés de Mathieu de façon à pouvoir bloquer l’accès au couloir et ainsi protéger les non combattants qui l’occupaient, faisant d’un magistral revers de bâton ferré lourdement tomber au sol le plus proche squelette. Toutefois, celui-ci ne fut pas significativement endommagé par sa chute et ne fut pas long à se relever.

Ne sachant trop que faire, Hélebrank eut l’idée de projeter un squelette contre le mur opposé par une Impulsion Télékinétique. Hélas, parvenir à toucher une cible déterminée dans une mêlée furieuse est un exercice difficile, et c’est le pauvre Khalil qui reçut dans le creux des reins une violente poussée, qui le projeta cul par-dessus tête droit vers la paroi rocheuse. Par une belle démonstration de ses talents acrobatiques, il parvint heureusement à se rétablir en vol et à amortir le choc, avant de partir en roulade dans le couloir en face de la porte. Toutefois, il ne s’en trouvait pas moins séparé de ses compagnons par un mur compact de squelettes, toute possibilité de retraite coupée.

Décontenancé par ce développement inattendu, Kalen resta bouche bée au beau milieu d’une formule cruciale, laissant se dissiper avec un « plop » piteux le sort de Projectile Magique qu’il était en train de lancer.

Le funeste exemple d’Hélebrank ne découragea pas Aloïs qui, dès que Barnabé lui eut conféré par un sort de Force du Taurillon suffisamment de muscles pour bander son arc lourd, commença à décocher flèche sur flèche au travers de la mêlée.

Mathieu se repositionna au beau milieu des doubles portes pour refermer la brèche involontairement ouverte par Hélebrank dans leurs défenses, avant de réitérer son invocation. Une deuxième vague d’énergie positive balaya la pièce, sapant un peu plus les forces des squelettes, suivie de près par une troisième et dernière, le jeune paladin ayant épuisé pour la journée ce pouvoir.

Il fut rapidement rejoint par Hélebrank, désireux de prendre la place de Khalil pour réparer sa gaffe. A la surprise générale, il se révéla être un redoutable combattant, maniant à deux mains le bâton ferré avec un style exotique, différent mais tout aussi efficace que celui de Khalil.

Le front se stabilisa sur ces lignes le temps de plusieurs passes d’armes, les compagnons ne parvenant pas à abattre les quatre squelettes défendant l’accès à la pièce, et ceux-ci ne parvenant pas à les refouler dans le couloir. Chacun tomba dans une routine confortable : les squelettes abattaient mécaniquement leurs masses, tandis que Mathieu et Hélebrank bataillaient en première ligne ; Barnabé usait de sorts de Transmutation pour augmenter la force de l’un, ou l’intelligence de l’autre ; Kalen lançait Projectile Magique sur Projectile Magique, et Aloïs flèche sur flèche, jusqu’à ce qu’un tir un peu moins heureux que les autres aille ricocher dans le dos de Mathieu, ce qui l’amena à réviser sa tactique et à dégainer son épée courte pour aller au combat rapproché.

Ce statu quo fut rompu par l’arrivée des premiers renforts ennemis, en la personne de deux gardes tieflings franchissant la tenture sur la droite de la pièce. Comme leurs confrères de garde à l’extérieur, ils maniaient haches de bataille et boucliers. L’un d’entre eux était cornu, l’autre ridiculement petit, de la taille d’un hobniz. Un hobniz qui toutefois aurait eu la peau rouge vif et des canines à faire peur. Tous deux étaient entourés d’une étrange aura bleutée, mouvante.

- « A la garde, tas de lopettes ! C’est pour aujourd’hui ou pour demain !? », beugla à pleins poumons le plus grand des tieflings, probablement un officier.
- « On arrive ! On est presque prêts ! Sus aux intrus ! » lui répondit une autre voix, depuis la pièce située derrière la tenture de gauche, avant de poursuivre un ton plus bas, s’adressant à quelqu’un d’autre : « Lâche ça, toi ! C’est mon épieu ! »

Le plus petit des tieflings poursuivit sa course jusque dans le couloir, surgissant à deux pas de Khalil. Malheureusement, ce dernier était trop occupé à reprendre son souffle après avoir encaissé un rude coup de masse dans une partie sensible de l’anatomie masculine pour esquisser la moindre tentative d’interception, et le mini tiefling poursuivit sa course jusque dans un étroit couloir sur la droite, donnant l’alerte d’une voix étonnamment grave et rocailleuse pour sa corpulence.

Le plus grand des tieflings s’avança sur Mathieu, hurlant sa haine des suivants d’Heironéous. Son coup de hache fut aisément paré par le paladin qui, ajoutant l’insulte à l’injure, ignora superbement ce nouvel arrivant et abattit son tout premier squelette, lui brisant du plat de la hache les deux fémurs : brutalement privée de support, la partie supérieure du mort-vivant tomba au sol pour ne plus bouger. Il entreprit ensuite tout aussi posément de démolir un second squelette, lui fracturant d’abord le radius d’un premier coup, et lui explosant la cage thoracique d’un second, tandis que le tiefling cherchait vainement à passer le barrage de son bouclier.

Kalen profita de ce que le tiefling était engagé au contact pour se téléporter dans son dos après s’être lancé un Bouclier de Force, réapparaissant à proximité de la tenture de droite dans l’éclair bleuté d’un sort de Saut Dimensionnel mineur. Comme le tiefling restait obnubilé par Mathieu, Kalen lui décocha dans l’arrière de la cuisse, juste en dessous de sa lorica, un Projectile Télékinétique qui lui emporta une bonne partie du quadriceps, sans toutefois toucher un point vital.

Hélebrank dispersa proprement un squelette d’un revers de son bâton, puis après une rapide concertation, tomba d’accord avec Aloïs pour coordonner leurs efforts : il fauchait de son bâton un squelette, le faisant tomber au sol, et Aloïs profitait de ce moment de vulnérabilité pour le frapper de toutes ses forces de son épée courte, tenue à deux mains. Hélas, la première fois, ce dernier oublia dans son excitation de frapper du plat et ne parvint qu’à lui entailler la clavicule ; il ne commit pas la même erreur à la seconde reprise, lui brisant proprement la colonne vertébrale.


Un instant plus tard, de nouveaux renforts ennemis firent leur entrée depuis la gauche. Huit humains portant cuirasse de cuir bouilli, bassinet de fer et épieu se déployèrent dans la salle en beuglant des slogans et cris de guerre hextoriens. Le dernier entré posa au sol une lanterne, dont la faible lumière dissipa les ténèbres qui avaient jusqu’alors régné dans la pièce.

Au premier regard, les compagnons surent qu’il ne s’agissait pas de troupes d’élite : l’un d’entre eux tenait même son épieu à l’envers, fer vers le bas. Ils comprirent qu’ils devaient avoir pour fonction, tout comme les squelettes, de retarder les assaillants le temps que les réelles défenses du temple puissent se préparer.

Mathieu les somma pour la forme de se rendre et de jeter leurs armes. Sans grande surprise, il ne fut pas assez convaincant pour faire hésiter un instant des adversaires en pleine offensive, même aussi peu aguerris que ceux-ci.

- « Vas-y Hélebrank, fais-leur voir de quel bois tu te chauffes ! » lui suggéra Aloïs à voix basse, avec le bel enthousiasme de ceux qui donnent des conseils, avant de crier à l’attention de tous : « Chaud devant ! Sauve qui peut ! ».

Puis, sans aucunement attendre de réponse, il se saisit de Barnabé et prit ses jambes à son cou en ignorant les protestations du hobniz, ne s’arrêtant qu’une fois arrivé dans l’immense nef de la cathédrale. A ce signal, les compagnons s’égaillèrent comme une volée de moineaux.

Kalen lança une nouvelle fois son sort de Saut Dimensionnel mineur pour se réfugier derrière les lourdes portes de la salle, ne sachant trop si elles suffiraient à le protéger de la tornade de flammes qu’il redoutait, mais ne souhaitant pas prendre le risque d’une téléportation en aveugle.

Khalil battit en retraite vers l’étroit couloir dans lequel le petit tiefling s’était enfui un peu plus tôt, où il trouva un escalier montant vers un palier et une porte, fermée. Il était suivi de près par l’un de ses adversaires squelettes ; le second, désorienté par sa fuite, resta immobile un court instant, comme s’il hésitait sur la conduite à tenir.

Le tiefling profita de cette débandade généralisée pour lui aussi battre en retraite, parvenant à rompre le combat avec Mathieu au prix d’une légère blessure au pied, et se dirigea clopin-clopant vers les doubles portes au fond du couloir, une main pressée sur sa jambe blessée.

- « Plan de défense, repli vers le temple ! Comme à l’exercice, tas de nouilles ! » beugla t’il à l’intention des gardes.

Ne restait plus aux côtés d’Hélebrank que Mathieu, comptant sur son armure et sa robustesse naturelle pour encaisser le choc, et surtout trop fier pour laisser croire à de vils adorateurs d’Hextor qu’il battait en retraite devant eux.

Le second adversaire squelette de Khalil sortit de sa torpeur en optant pour un adversaire plus proche, à savoir Hélebrank qui, déjà concentré et lui tournant le dos, ne le vit pas arriver… Par chance, il trébucha au dernier moment sur le crâne de l’un de ses camarades tombés au champ d’honneur, et sa masse siffla à quelques millimètres de l’occiput de sa cible.

Toutefois, cette attaque ratée d’un cheveu ne fut pas sans effet : elle perturba suffisamment la concentration d’Hélebrank lors de l’activation de son pouvoir d’Eruption d’Energie pour que les ondes soniques qui jaillirent autour de lui une fraction de seconde plus tard, balayant ses adversaires, soient à peine assez puissantes pour fendre les pans vitrées de la lanterne des cultistes. Surpris de leur bonne fortune, ces derniers ne laissèrent pas passer l’occasion et bondirent en avant comme un seul homme pour embrocher ce « Mage » qui faisait une cible si tentante, juste à leur portée. Touché par deux fois et gravement blessé au ventre malgré l’Armure de Mage qui le protégeait encore, Hélebrank glissa au sol inconscient sous les cris de victoire des cultistes.

Aussitôt Mathieu se positionna de façon à pouvoir le protéger de toute nouvelle attaque avec son bouclier, et fit payer son audace au squelette perturbateur en lui défonçant le sternum d’un revers de hache.

Les autres compagnons furent aussi rapides à revenir se porter au secours d’Hélebrank qu’ils avaient été prompts à le laisser tomber comme une vieille chausse, seul face à une meute d’adversaires. Barnabé, dès qu’Aloïs eut consenti à le reposer par terre, lança sur ce dernier un sort de Course Effrénée. Sa vitesse décuplée, le jeune cartographe remonta le couloir comme une flèche. Une fois arrivé au niveau de Kalen, toujours dissimulé derrière les portes du complexe, celui-ci prit le relais en lui lançant un sort de Transposition Bénigne. Dans un nuage d’étincelles bleutées, Hélebrank et Aloïs échangèrent leurs positions, permettant à ce dernier d’abattre son épée courte sur un cultiste très surpris de son apparition soudaine.

Depuis le couloir où il s’était réfugié, Khalil fut le seul à voir le tiefling se diriger vers la lourde double porte bardée de chaînes, juste en face de lui. Il hésita un instant à bondir par dessus son squelette attitré pour l’intercepter, avant de se raviser et de tenter (une nouvelle fois sans succès) de réduire son adversaire en fines esquilles d’un coup de bâton aussi puissant que peu précis.

Il regretta bien vite cette hésitation : un instant plus tard, le garde tiefling retirait une épaisse goupille de métal, ce qui eut pour effet de faire tomber au sol les chaînes qui maintenaient la double porte fermée, et en entrouvrit l’un des battants avant de s’enfuir.

- « J’ai lâché la bête ! Repli vers le temple ! », cria t’il avant de franchir et de refermer derrière lui la double porte au fond du couloir.

Cette annonce sema la panique chez les cultistes, et une certaine inquiétude chez les compagnons. De quelle « bête » pouvait-il bien s’agir ?

Contournant son adversaire d’une roulade acrobatique, Khalil se précipita en avant pour refermer la porte, sentant confusément qu’au-delà devait se cacher une terrible menace. Cette intuition se confirma : il arriva juste à temps pour voir, fonçant droit vers lui, un sanglier colossal de près de deux mètres au garrot qui, en l’apercevant, baissa la tête et poussa un grognement aigu d’une bestialité inouïe.

Tétanisé par une terreur instinctive, tel le lapin transi qui fixe le loup s’élançant pour le dévorer, Khalil ne vit plus rien d’autre que les pointes de métal barbelées prolongeant les défenses déjà considérables du sanglier, détail aussi « piquant » qu’incongru… Les jambes molles, il ne parvint à se jeter de côté qu’une fraction de seconde avant que ce porc monstrueux ne soit sur lui, faisant voler hors de leurs gonds les doubles portes.

Son adversaire squelette, qui avait fait volte-face et venait de lui asséner par derrière un coup qu’il remarqua à peine tant son attention était fixée ailleurs, eut moins de chance que lui : il se trouvait en plein dans la trajectoire du sanglier furieux et vola littéralement en mille morceaux.

Khalil se trouvait face à un dilemme épineux : aux dernières nouvelles, ses compagnons étaient aux prises avec des adversaires supérieurs en nombre et suffisamment coriaces pour encaisser sans broncher les pouvoirs d’Hélebrank. Pour ce qu’il en savait, il était possible qu’ils soient à l’instant même en train de se battre pour sauver leurs vies. L’arrivée de cette bête monstrueuse sur leurs arrières pouvait très bien être le facteur qui transformerait ce combat en déroute, puis en massacre pur et simple. Or il avait reçu de ses supérieurs mission de les protéger…


hogarth wrote:

(Never heard that idiom before!)

Are you playing "When a Star Falls" with the same (HERO system) characters?

Okay. I may not speak/read french to follow this journal, but as a longtime player of D&D, HERO in multiple forms (champions, fantasy hero, etc) and also owning both age of worms and when a star falls, i have got to say that i'm impressed and appreciative that you and your group have done this. Very very cool.

This sounds like an awsome hybrid, and i wish i could be playing in it ;)

Sovereign Court

Very well written, as always. :)
How's "When a Star Falls" going? Will you soon be going back to Age of Worms?


Moonbeam wrote:

Very well written, as always. :)

How's "When a Star Falls" going? Will you soon be going back to Age of Worms?

Thanks. I think that WaSF is nicely wrapping up (we played last friday and are scheduled to play again in a forthnight), so we should go back to serious business this summer, or more probably in september.

A nice little roleplaying stroll to stretch my legs and I'm back...


Rathendar wrote:

Okay. I may not speak/read french to follow this journal, but as a longtime player of D&D, HERO in multiple forms (champions, fantasy hero, etc) and also owning both age of worms and when a star falls, i have got to say that i'm impressed and appreciative that you and your group have done this. Very very cool.

This sounds like an awsome hybrid, and i wish i could be playing in it ;)

You are welcome. With frequent flyer's miles, crossing the Atlantic minthly isn't SO expensive... :)

I did try (honest!) to translate my journal in english (it's posted somewhere here), but it turned out to be too much work. Sorry! Maybe I'll get more courageous (and celibate, and childless, and jobless) later, but I wouldn't count on it.


Smarnil le couard wrote:
Maybe I'll get more courageous (and celibate, and childless, and jobless) later, but I wouldn't count on it.

I think you might mean "single" not "celibate". "Celibataire" doesn't translate to "celibate" in English. ;-)


hogarth wrote:
Smarnil le couard wrote:
Maybe I'll get more courageous (and celibate, and childless, and jobless) later, but I wouldn't count on it.
I think you might mean "single" not "celibate". "Celibataire" doesn't translate to "celibate" in English. ;-)

Oh my... Now you know why it was such an hassle to translate my journal. :)

Wait a minute... According to Oxford Dictionary, 'celibate' does mean "célibataire". Not used in North America, maybe?


Smarnil le couard wrote:
Wait a minute... According to Oxford Dictionary, 'celibate' does mean "célibataire". Not used in North America, maybe?

It's obvious -- single people in France never have sex, so they only need one word for both meanings. :-)


hogarth wrote:
It's obvious -- single people in France never have sex, so they only need one word for both meanings. :-)

I stand humbled. So many english words for bachelors... On the other hand, so many words in french for oral sex (and in inuit for snow)! Well, let's call it quit. :D


Dans un louable esprit de sacrifice, Khalil prit donc la décision d’attirer sciemment sur lui l’attention du sanglier monstrueux, le temps que ses compagnons puissent se préparer à le combattre. Passant entre ses pattes d’une roulade, il se réfugia dans le couloir d’en face, lui décochant au passage un douloureux coup de bâton dans le cuissot pour signaler sa présence.

Poussant un grognement furieux, le sanglier s’engouffra à son tour dans l’étroit passage, ses épaules raclant les parois, au grand dam de Khalil qui avait espéré y être hors d’atteinte. Il n’en continua pas moins de le harceler, ne s’avançant que le temps nécessaire pour frapper afin de tirer avantage de la mobilité réduite de son adversaire.

Ce combat inégal ne pouvait toutefois durer éternellement : Khalil ne pouvait asséner de coups au sanglier sans en même temps se mettre à portée de ses terribles défenses. La première fois, il s’en tira avec une estafilade à la main gauche ; la seconde, il ne fut pas assez rapide pour éviter un puissant revers de groin et perdit conscience avant même d’atterrir brutalement quelques mètres plus loin, l’avant-bras droit ouvert du coude au poignet, comme un poisson sur l’étal.

S’il avait su que durant ce même laps de temps Mathieu, Barnabé, Kalen et Aloïs avaient littéralement pulvérisé les pauvres cultistes, les moissonnant l’un après l’autre sans merci et sans coup férir, Khalil se serait peut être abstenu de cet acte héroïque… La seule concession que fit Mathieu au probable assaut d’un gros cochon, s’il devait en croire les grognements entendus plus tôt, fut de troquer sa hache contre son épieu, arme plus adaptée à la réception d’une charge.

Le moine aurait sans nul doute connu une fin funeste, éventré au sol par le sanglier furieux, si à cet instant le moral des trois derniers cultistes valides ne s’était brutalement effondré. Passant le barrage des compagnons, deux d’entre eux remontèrent à toutes jambes le couloir vers les portes du temple, réclamant à grands cris qu’on les leur ouvre.

Le sanglier géant, se croyant attaqué sur ses arrières, se dégagea vivement de l’étroit couloir et, chargeant tête baissée, renversa les cultistes comme des quilles, éviscérant le premier et arrachant un bras au second, avec une bonne partie du torse en prime.

Calmement, comme insensible à ce spectacle sanglant , Mathieu prit le temps de caler son épieu au sol avant que la bête, martelant le sol de ses sabots dans un vacarme assourdissant, ne soit sur lui. Le large fer lui perfora le poitrail, juste en dessous de la mâchoire. Emporté par son élan, le sanglier s’empala sur l’arme, ne s’immobilisant raide mort qu’une fois celle-ci ressortie au niveau de ses reins.

Note du MJ:
Dans le feu de l’action, j’ai complètement oublié de faire une attaque de présence pour voir si Mathieu tiendrait bon face à cette charge de cauchemar… Nous dirons donc qu’Heironéous était avec lui..

- « Y’a plus qu’à faire le feu pour le méchoui, il est déjà en broche ! » commenta Aloïs, détendant son arc et remettant au carquois la flèche destinée au sanglier.

Barnabé se lança à la poursuite du troisième cultiste, qui plus inspiré que ses camarades avait choisi de fuir vers la cathédrale. L’ayant rattrapé en quelques enjambées grâce au sort de Course Effrénée lancé avant même que le combat ne commence, il n’eut aucune difficulté à le persuader de se constituer prisonnier dans l’état de panique où il se trouvait. Ayant ensuite refusé de répondre aux questions autrement que par des obscénités, il fut rondement ligoté, bâillonné et jeté dans la bauge du sanglier en attendant le moment propice pour un interrogatoire en règle.

Mathieu entreprit de se porter au secours des blessés. Hélebrank, qui avait repris connaissance à la fin du combat, était assis dans une position bizarre, les talons posés sur les genoux. Apparemment plongé dans une transe, il ne répondait pas aux questions. Mathieu le jugea hors de danger lorsqu’il s’aperçut que sa blessure au ventre, couverte d’une étrange glaire translucide, était en train de se refermer à vue d’œil. Kalen en profita pour lancer subrepticement une Détection de la Magie, qui lui confirma que la guérison d’Hélebrank ne résultait aucunement d’un sort ou d’une capacité relevant de la magie hermétique. Il s’abstint toutefois de poser la moindre question, se contentant de noter ce fait pour plus tard.

Mathieu se précipita donc au chevet de Khalil pour soigner ses blessures, avant de rejoindre Aloïs, Kalen et Barnabé pour faire rapidement le tour des salles attenantes à l’entrée pour s’assurer qu’aucun autre adversaire potentiel ne s’y dissimulait, laissant Khalil et Hélebrank surveiller le couloir d’accès au temple. Ce dernier en profita pour examiner les dépouilles des cultistes à la recherche d’une cuirasse de cuir bouilli à peu près à sa taille.

A gauche, une pièce carrée au sol couvert de couvertures était éclairée par une seconde lanterne, pendue à un crochet au mur. Au beau milieu trônait sur une caisse en bois une horrible statuette à six bras que Mathieu s’empressa de détruire d’un coup de hache, au double motif qu’il s’agissait d’une icône d’Hextor, dieu honni, et que sur le plan esthétique il avait rarement vu une sculpture aussi hideusement malhabile. Quelques armes de mauvaise qualité, gourdins et fléaux, garnissaient encore partiellement un râtelier d’armes contre l’un des murs. Dés, cartes à jouer et jetons de bois étaient disséminés un peu partout.

- « Je reconnais avoir quelques lacunes en théologie, mais sauf erreur de ma part, il n’y a aucun rapport entre le culte d’Hextor et cet Âge de la Mort Rampante dont nous sommes censés empêcher l’avènement, non ? » demanda Kalen avec une humilité peu coutumière.
- « Franchement, aucune idée. Mais entre autres titres, Hextor est connu comme étant le ‘Héraut des Enfers’. Si tu te souviens bien, le quatrain sur la mine faisait référence à un ‘héros du Héraut’ et à un ‘aveugle apôtre’. Peut-être que c’est d’un ‘héros’ d’Hextor qu’il est question. On verra bien », répondit Barnabé.

Sur la droite, une salle rectangulaire contenait deux grabats et deux tabourets, ainsi qu’une table sur laquelle une armure de cuir était en cours de réparation si l’on en jugeait par les pièces, poinçons et autres outils de maroquinier disposés à portée de main. Manifestement, l’absence de toute source de lumière ne constituait pas une gêne pour les tieflings qui avaient occupé la pièce. Un second râtelier d’armes était également présent, vide celui-là. Dans un coin étaient empilés divers matériaux de construction, notamment des planches, madriers et autres rails de bois en provenance de la mine. Grâce à deux sorts de Fouille Instantanée, Barnabé acquit très vite la certitude que s’il se donnait la peine de les fouiller, il trouverait dans chacun des grabats une très jolie colonie de punaises.

Les compagnons revinrent rapidement sur leurs pas, n’osant pas prolonger plus longtemps leurs investigations.

Au total, il s’était écoulé à peine plus d’une minute depuis la fin du combat, qui lui-même avait duré un peu moins longtemps encore.


hogarth wrote:
It's obvious -- single people in France never have sex, so they only need one word for both meanings. :-)

I just got the joke, poor me. Well, french does have a lot of words for abstinent men or women, not all of them nice, but that's not the point, does it?

Classical case of the difficulty of translating ideas and cultural concepts: abstinence and being umarried are two things so far apart in my mind that I completely misunderstood you (célibataire means unmarried, and only that; it seems celibacy has a more complex meaning).

You got the first round : put the maple syrup on my tab. :)

Sovereign Court

Out of curiosity: are you playing the adventure based on the original Dungeon magazines in english, or a version translated in french?

And by the way, thanks for switching from tiéfelin to tieflings in your journal. :)


Moonbeam wrote:
Out of curiosity: are you playing the adventure based on the original Dungeon magazines in english, or a version translated in french?

We are playing in french, and I did produce copious translation notes in Word format. A double translation in fact : the fluff from english to french, and the crunch from D&D 3.5 to Hero System.

Moonbeam wrote:
And by the way, thanks for switching from tiéfelin to tieflings in your journal. :)

You are welcome. Some names are best left in english.


By the way, I can't read the word "sanglier" without thinking of Astérix. I think that's the only place I ever saw it when I was learning French. :-)


hogarth wrote:
By the way, I can't read the word "sanglier" without thinking of Astérix. I think that's the only place I ever saw it when I was learning French. :-)

Ils sont fous, ces Hextoriens!

<Oiiiiinnnnk!>


Hello, since the rules of this tread say That the replies must be in english, i will do as you command Master, but I hope you will excuse my level... I'm french...

First, greetings, I read for the moment your "Whispering Cairn" tales and I was amazed. A huge work, very well detailed and written.

I'm planning to master Age of Worm (DD 3.5) and this is the first (and only?) campaign journal I read in the Molière language. So It's very hepfull to see your players'reactions, such as the one in the hallway above the blue hallway. My system being 3.5DD, I think I will have some deads in there. I hope not but, it's so deadly ! The part with the ghoul is so dangerous, I'm a bit afraid but quite excited... I hope to begin the campaign in september or october... For me you're too kind with your players :p

So far, I've translated the Diamond Lake background and I'm in the middle of the Filge's chapter translation. I could send you what I've done, but I think you don't need it at all ^^. It's very useful to understand every bit of this great adventure. For me the Whispering Cairn is as good as the first one of Night Below.

You're idea of introducing Filge's daughter is really good, as a lot of things, I hope you don't mind.

I also read your impressions about "Three Faces of Evil" and I'm warned now. Thanks !

Your french translations are excellent such as "Creuset de symétrie" when mine was "encensoir de symétrie", yours is far better than mine... If it's help you, I've made research about the Twilight Monastery ans learn that the Lens was designed by Warnes Starcoat (sources: OJ 3 and the adventure Doomgrinder, third of the lost Tombs campaign).

I keep reading the stories of your boys and again Bravo.


krimssone wrote:
Hello, since the rules of this tread say That the replies must be in english, i will do as you command Master, but I hope you will excuse my level... I'm french...

Une règle, une règle... disons que sur un site anglophone, la nettiquette suggère de s'en tenir à l'anglais.

krimssone wrote:
First, greetings, I read for the moment your "Whispering Cairn" tales and I was amazed. A huge work, very well detailed and written.

Thanks a lot... Always appreciated. I write first for my players (to jog their deficient memories, and make them behave and roleplay), but also try to be an interesting read. At first, I dwelled to much on the descriptions ('a six meters by four meters room, blah blah'). Then I thought of inserting plans and pictures in my pdf.

krimssone wrote:
I'm planning to master Age of Worm (DD 3.5) and this is the first (and only?) campaign journal I read in the Molière language. So It's very hepfull to see your players'reactions, such as the one in the hallway above the blue hallway. My system being 3.5DD, I think I will have some deads in there. I hope not but, it's so deadly ! The part with the ghoul is so dangerous, I'm a bit afraid but quite excited... I hope to begin the campaign in september or october... For me you're too kind with your players :p

No, not in the Whispering Cairn. The Hero System is to blame : comparatively to D&D 3.X, beginning characters are harder to kill (instead of hit points, you have got a Vitality characteristic which stays roughly the same all along. It's way easier to stun someone that to kill him). It suits us fine, because this way we can count on some character continuity during the campaign...

Oh, and my players made excellent choices for their array of powers as beginning characters : breathe water, levitate, spider's step, mage hand, etc. It did blunt some of the traps, but hey, I can't punish them for planning ahead, can I?

On the other hand, I WAS too kind later in Three Faces of Evil. I pulled out some of the goons because I felt that the scenario was way too combat-heavy. In the end, my PCs made short work of the Temple of Hextor (in part for the same reasons : being trapped in a combat pit isn't so bothering when you can walk on walls).

krimssone wrote:
So far, I've translated the Diamond Lake background and I'm in the middle of the Filge's chapter translation. I could send you what I've done, but I think you don't need it at all ^^. It's very useful to understand every bit of this great adventure. For me the Whispering Cairn is as good as the first one of Night Below.

Well, I did too, and also produced edited versions of the background, with more or less details depending on the familiarity of each character with the town (natives got it all; newcomers had much less). Post your email (pas en toutes lettres, nom at domaine par ex.) and I will send them to you. With the pdf I made for my players.

krimssone wrote:

You're idea of introducing Filge's daughter is really good, as a lot of things, I hope you don't mind.

I also read your impressions about "Three Faces of Evil" and I'm warned now. Thanks !

Your french translations are excellent such as "Creuset de symétrie" when mine was "encensoir de symétrie", yours is far better than mine... If it's help you, I've made research about the Twilight Monastery ans learn that the Lens was designed by Warnes Starcoat (sources: OJ 3 and the adventure Doomgrinder, third of the lost Tombs campaign).

I keep reading the stories of your boys and again Bravo.

I did borrow the idea about Filge's daughter somewhere on this forum. It's a goldmine. Feel free to borrow all you want, the point of this forum is to enhance each others's campaigns.

The multiple references to old and not so old GH products is a big part of the charm of Age of Worms... Praise Erik Mona for that.

I also plan to make some adjustments to the link between Blackkeep and the two city of greyhawk modules (Hall of harsh reflections and Game of Champions). As written, the link is a bit tenuous and need some stenghtening. I am still working on it.


Smarnil le couard wrote:
Well, I did too, and also produced edited versions of the background, with more or less details depending on the familiarity of each character with the town (natives got it all; newcomers had much less). Post your email (pas en toutes lettres, nom at domaine par ex.) and I will send them to you. With the pdf I made for my players.

Great ! thanks a lot, my adress :

Spoiler:
smitttersarrobazhotmailpointcom

I was also wondering, did you use in your party the sub-plots, such as
Spoiler:
the Gansworth/ Parrin thing
because I haven't read it in your writings? Or maybe you are planning to use it soon ?

I'm actually working on the Seekers (that I called Questeurs). I've found good material in OJ 25, an article on them.


krimssone wrote:

I was also wondering, did you use in your party the sub-plots, such as ** spoiler omitted ** because I haven't read it in your writings? Or maybe you are planning to use it soon ?

I'm actually working on the Seekers (that I called Questeurs). I've found good material in OJ 25, an article on them.

Done.

I didn't use much the rivalry between mine moguls at this point, except as background. Some of the PCs got involved in it in the past and did make some shady things, but they are not telling their comrades, so it doesn't appear (yet).

hint:
Alois was involved in a youth gang, and did divulge some secret info about upcoming mining rights as a dare. And one of his comrades is in fact hiding in Diamond Lake under a false identity. And another is also hiding, and already received some news from his boss by magical means, and didn't tell a thing.

As all these subplots are (at the time) seemingly without any links to the main story (in fact, they are), I didnt' include them in the campaign journal. They will see light later, as secrets always come back to bite their holders in the ass.

OJs are marvelous material. I also used OJ 25 as a source to describe the Seekers to my players. And I do play a very amoral Seeker in another campaign.

I knew my translation (Chercheurs) sucks. "Questeurs" sounds nice, but I feared that its true meaning (that is, agents of the roman revenue service) would be known to some of my players and that it would spoil their suspension of disbelief.

Please, keep us informed of your campaign (maybe not on this thread, though..). It's always nice to know how it's playing out elsewhere.


Hi again

I have not received your material (maybe because my adress is a little bit twisted: there's 3 "t" at smittters. I hope you dont' mind sending me again the stuff.

Be sure I will post something about my campaign, but not before october.

Thank you.


krimssone wrote:

Hi again

I have not received your material (maybe because my adress is a little bit twisted: there's 3 "t" at smittters. I hope you dont' mind sending me again the stuff.

Be sure I will post something about my campaign, but not before october.

Thank you.

Done again... As my previous mail got through, I guess there is a smitters (with two Ts) who received a little surprise!


NID DE FÉLONS
(séance du 5 novembre 2010)

3ème Jour de la Lune du Mois des Semailles
de l’Année Commune 595 (matin)
_________________

Groupés au milieu du couloir, Mathieu, Khalil, Aloïs et Kalen discutaient des mérites comparés d’un assaut frontal et d’une manœuvre de contournement via la petite porte en haut des escaliers en attendant d’être rejoints par Hélebrank, qui était resté dans l’entrée pour réquisitionner une cuirasse de cuir bouilli sur le cadavre encore chaud d’un cultiste et avait lourdement insisté pour que Barnabé lui tienne compagnie.

Soudain, l’un des vantaux de la double porte à l’extrémité du couloir s’ouvrit en grand, poussé par le petit tiefling. Par-dessus sa tête, son compère de plus grande taille, apparemment rétabli de ses blessures, décocha une flèche sur les compagnons.

Khalil avait perçu le mouvement de la porte et ne fut donc pas pris au dépourvu. Dans un réflexe époustouflant, il fit tournoyer son bâton et brisa la hampe de la flèche en plein vol, utilisant une technique tout juste apprise la semaine précédente lors de son séjour au monastère. Il regretta juste que son maître n’ait pas été là pour assister à cet exploit : à l’entraînement, même avec de simples cailloux, il avait connu bien plus d’échecs que de réussites…

Mathieu fut tout aussi rapide à réagir et chargea l’archer. Il lui aurait très probablement fendu le crâne si son camarade de petite taille n’avait réussi à s’interposer et à parer le coup de hache qui lui était destiné.

En deuxième ligne, Aloïs s’empressa de corder son arc et d’encocher une flèche. Kalen se lança un sort de Coup Parfait, en attendant une opportunité.

Bien plus loin, dans le vestibule d’entrée, Barnabé s’aperçut de la commotion et, grimpant au plafond grâce à son sort de Pas de l’Araignée toujours actif, s’approcha aussi vite qu’il put du lieu des combats. Hélebrank, occupé qu’il était à défaire une lanière récalcitrante, ne réagit que plus tardivement.

A la grande surprise des compagnons, les deux gardes tieflings rompirent de suite le combat pour prendre la fuite chacun de leur côté, l’un vers la droite, l’autre vers la gauche.

Leur champ de vision désormais dégagé, les compagnons purent s’apercevoir qu’au-delà de la porte le couloir se prolongeait sur un mètre avant de déboucher dans une grande pièce toute en longueur au sol recouvert de sable, plus haute de plafond. Au beau milieu, une grande statue de bois peint représentant Hextor leur faisait face, ses six bras tenant chacun une arme différente, son visage hideux déformé dans une grimace découvrant des crocs proéminents.

- « Ca sent le traquenard », commenta sobrement Kalen, avec l’optimisme débridé dont il était coutumier.
- « Là, je suis d’accord avec toi », opina Aloïs. « Je connais mes classiques : du sable au sol dans une pièce, c’est forcément pour cacher un piège. »

Mathieu, bien que déjà lancé à la poursuite du plus grand des tieflings, ne manqua pas d’entendre ces commentaires. Il savait bien, grâce à son éducation religieuse, que la plupart des temples d’Hextor comportent une arène plus ou moins vaste, les combats rituels faisant partie intégrante des rites de ce culte maudit. Sable ou sciure, l’important était de bien absorber les projections de sang… Toutefois, il ne put s’empêcher de se demander s’il n’avait pas été un peu vite en besogne en se précipitant tête baissée dans ce temple. Trop tard pour les regrets : la collision avec le tiefling, bouclier en avant, était imminente. L’aura bleutée qui entourait encore son adversaire lui opposa une légère résistance, qui ne suffit toutefois pas à le détourner de sa trajectoire. Percuté de plein fouet, le tiefling heurta violemment le mur mais tint bon sur ses jambes.

Quant à Khalil, il s’était lancé aux trousses du second tiefling sans parvenir à le rattraper malgré sa plus grande foulée, ayant été quelque peu retardé par la brillante démonstration de ses capacités en matière de déflection de projectiles.

Plus circonspects, Aloïs et Kalen ne s’avancèrent que de quelques pas, restant dans l’embouchure du couloir juste au-delà de la porte. Aloïs décocha sa flèche sur le petit tiefling, sans succès.

Ils étaient suivis de près par Barnabé qui, se déplaçant toujours au plafond, ne peut manquer d’y remarquer un détail fâcheux, dissimulé juste derrière la porte par l’encadrement en madriers de cette dernière…

- « Attention ! Une herse, juste derrière la porte ! C’est un piège ! » cria t’il aussitôt pour avertir ses camarades.
- « Ah ! On vous l’avait bien dit ! » se félicitèrent en cœur Aloïs et Kalen, de façon tout à fait déplacée.

Poursuivant sur sa lancée, Barnabé sortit du couloir dans l’intention de rejoindre le plafond de la grande pièce. Là encore, il ne put faire autrement que de constater que la « pièce » n’était en fait qu’une grande fosse de quatre mètres de profondeur, entourée de toutes parts par un chemin de ronde fermé par des rambardes faites d’un assemblage d’épais rails de bois, et que le véritable plafond se trouvait encore trois mètres plus haut. Arrivé au niveau de la rambarde, il tomba nez à nez avec un troisième garde tiefling au front orné de superbes cornes de bélier posté à proximité d’un treuil, la main sur un levier. Quelques mètres plus loin, un quatrième tiefling attendait l’arc à la main dans le coin de la pièce, en haut d’un escalier, une fine queue serpentine battant nerveusement la mesure derrière lui. Sagement, Barnabé redescendit un peu le long du mur, pensant ainsi se mettre hors d’atteinte… avant de réaliser avec un frisson d’effroi qu’il constituait une cible idéale pour d’éventuels archers postés en face !

Comme pour confirmer cette crainte, une voix puissante se fit entendre depuis les ténèbres à l’autre bout de la pièce, au-delà de la portée de la Vision Nocturne des compagnons :

- « A bas ! Maintenant ! »
- « Feu à volonté ! Mort aux infidèles ! », ajouta une seconde voix masculine, aux accents rocailleux.

Juste de l’autre côté de la balustrade, Barnabé entendit le tiefling actionner avec un grognement d’effort le levier du treuil. Aussitôt, la herse s’abattit dans un grand fracas, coupant toute possibilité de retraite, juste sous le nez d’Hélebrank qui arrivait à toutes jambes.

- « Ne me laissez pas seul ! Ils vont venir me prendre ! » beugla le psion, hors d’haleine et complètement paniqué, en tapant des deux poings sur les solides poutres de l’obstacle.


NID DE FÉLONS
(séance du 5 novembre 2010)

3ème Jour de la Lune du Mois des Semailles
de l’Année Commune 595 (matin)
_________________

Groupés au milieu du couloir, Mathieu, Khalil, Aloïs et Kalen discutaient des mérites comparés d’un assaut frontal et d’une manœuvre de contournement via la petite porte en haut des escaliers en attendant d’être rejoints par Hélebrank, qui était resté dans l’entrée pour réquisitionner une cuirasse de cuir bouilli sur le cadavre encore chaud d’un cultiste et avait lourdement insisté pour que Barnabé lui tienne compagnie.

Soudain, l’un des vantaux de la double porte à l’extrémité du couloir s’ouvrit en grand, poussé par le petit tiefling. Par-dessus sa tête, son compère de plus grande taille, apparemment rétabli de ses blessures, décocha une flèche sur les compagnons.

Khalil avait perçu le mouvement de la porte et ne fut donc pas pris au dépourvu. Dans un réflexe époustouflant, il fit tournoyer son bâton et brisa la hampe de la flèche en plein vol, utilisant une technique tout juste apprise la semaine précédente lors de son séjour au monastère. Il regretta que son maître n’ait pas été là pour assister à cet exploit : à l’entraînement, même avec de simples cailloux, il avait connu bien plus d’échecs que de réussites…

Mathieu fut tout aussi rapide à réagir et chargea l’archer. Il lui aurait très probablement fendu le crâne si son camarade de petite taille n’avait réussi à s’interposer et à parer le coup de hache qui lui était destiné.

En deuxième ligne, Aloïs s’empressa de corder son arc et d’encocher une flèche. Kalen se lança un sort de Coup Parfait, en attendant une opportunité.

Bien plus loin, dans le vestibule d’entrée, Barnabé s’aperçut de la commotion et, grimpant au plafond grâce à son sort de Pas de l’Araignée toujours actif, s’approcha aussi vite qu’il put du lieu des combats. Hélebrank, occupé qu’il était à défaire une lanière récalcitrante, ne réagit que plus tardivement.

A la grande surprise des compagnons, les deux gardes tieflings rompirent de suite le combat pour prendre la fuite chacun de leur côté, l’un vers la droite, l’autre vers la gauche.

Leur champ de vision désormais dégagé, les compagnons purent s’apercevoir qu’au-delà de la porte le couloir se prolongeait sur un mètre avant de déboucher dans une grande pièce toute en longueur au sol recouvert de sable, plus haute de plafond. Au beau milieu, une grande statue de bois peint représentant Hextor leur faisait face, ses six bras tenant chacun une arme différente, son visage hideux déformé dans une grimace découvrant des crocs proéminents.

- « Ca sent le traquenard », commenta sobrement Kalen, avec l’optimisme débridé dont il était coutumier.
- « Là, je suis d’accord avec toi », opina Aloïs. « Je connais mes classiques : du sable au sol dans une pièce, c’est forcément pour cacher un piège. »

Mathieu, bien que déjà lancé à la poursuite du plus grand des tieflings, ne manqua pas d’entendre ces commentaires. Il savait bien, grâce à son éducation religieuse, que la plupart des temples d’Hextor comportent une arène plus ou moins vaste, les combats rituels faisant partie intégrante des rites de ce culte maudit. Sable ou sciure, l’important était de bien absorber les projections de sang… Toutefois, il ne put s’empêcher de se demander s’il n’avait pas été un peu vite en besogne en se précipitant tête baissée dans ce temple. Trop tard pour les regrets : la collision avec le tiefling, bouclier en avant, était imminente. L’aura bleutée qui entourait encore son adversaire lui opposa une légère résistance, qui ne suffit toutefois pas à le détourner de sa trajectoire. Percuté de plein fouet, le tiefling heurta violemment le mur mais tint bon sur ses jambes.

Quant à Khalil, il s’était lancé aux trousses du second tiefling sans parvenir à le rattraper malgré sa plus grande foulée, ayant été quelque peu retardé par la brillante démonstration de ses capacités en matière de déflection de projectiles.

Plus circonspects, Aloïs et Kalen ne s’avancèrent que de quelques pas, restant dans l’embouchure du couloir juste au-delà de la porte. Aloïs décocha sa flèche sur le petit tiefling, sans succès.

Ils étaient suivis de près par Barnabé qui, se déplaçant toujours au plafond, ne peut manquer d’y remarquer un détail fâcheux, dissimulé juste derrière la porte par l’encadrement en madriers de cette dernière…

- « Attention ! Une herse, juste derrière la porte ! C’est un piège ! » cria t’il aussitôt pour avertir ses camarades.
- « Ah ! On vous l’avait bien dit ! » se félicitèrent en cœur Aloïs et Kalen, de façon tout à fait déplacée.

Poursuivant sur sa lancée, Barnabé sortit du couloir dans l’intention de rejoindre le plafond de la grande pièce. Là encore, il ne put faire autrement que de constater que la « pièce » n’était en fait qu’une grande fosse de quatre mètres de profondeur, entourée de toutes parts par un chemin de ronde fermé par des rambardes faites d’un assemblage d’épais rails de bois, et que le véritable plafond se trouvait encore trois mètres plus haut. Arrivé au niveau de la rambarde, il tomba nez à nez avec un troisième garde tiefling au front orné de superbes cornes de bélier posté à proximité d’un treuil, la main sur un levier. Quelques mètres plus loin, un quatrième tiefling attendait l’arc à la main dans le coin de la pièce, en haut d’un escalier, une fine queue serpentine battant nerveusement la mesure derrière lui. Sagement, Barnabé redescendit un peu le long du mur, pensant ainsi se mettre hors d’atteinte… avant de réaliser avec un frisson d’effroi qu’il constituait une cible idéale pour d’éventuels archers postés en face !

Comme pour confirmer cette crainte, une voix puissante se fit entendre depuis les ténèbres à l’autre bout de la pièce, au-delà de la portée de la Vision Nocturne des compagnons :

- « A bas ! Maintenant ! »
- « Feu à volonté ! Mort aux infidèles ! », ajouta une seconde voix masculine, aux accents rocailleux.

Juste de l’autre côté de la balustrade, Barnabé entendit le tiefling actionner avec un grognement d’effort le levier du treuil. Aussitôt, la herse s’abattit dans un grand fracas, coupant toute possibilité de retraite, juste sous le nez d’Hélebrank qui arrivait à toutes jambes. Sa réaction fut pour le moins inattendue...

- « Ne me laissez pas seul ! Ils vont venir me prendre ! » beugla le psion, hors d’haleine et complètement paniqué, en tapant des deux poings sur les solides poutres de l’obstacle.

Sovereign Court

C'est cool que chaque tiefling ait une apparence unique. C'est comme ca dans l'aventure, ou c'est ton initiative?


Moonbeam wrote:
C'est cool que chaque tiefling ait une apparence unique. C'est comme ca dans l'aventure, ou c'est ton initiative?

Non, c'est une bonne idée que j'ai piquée dans 'Bastards of Erebus' : on y trouve une table de génération aléatoire de tieflings. Ca évite le côté "guerre des clones"...

Par contre, cela écarte du coup la tactique "extinction des feux" à base de pouvoirs innés de Darkness indiquée dans le scénario. Tant mieux, elle aurait fait redite avec les grimlocks qui étaient censés avoir la même.


En contrepoint au vacarme de la herse s’éleva le chant harmonieux des cordes d’arc. Une flèche trouva sa cible mais ripa sur l’épaule de Mathieu, protégée par son haubert de mailles magique. L’on dit que le sort d’une bataille ne tient parfois qu’à peu de choses : nul doute que si cette flèche avait su frapper un point névralgique, la suite du combat aurait été toute autre.

Soudain, une pâle lumière jaillit dans la pièce, révélant aux compagnons les moindres détails de l’embuscade dans laquelle ils venaient de se jeter tête baissée. A l’opposé de la pièce et au pied d’une sorte d’amphithéâtre la surplombant, un groupe de cinq nouveaux ennemis leur faisaient face derrière une balustrade.

Sur la gauche, un demi-euroz aussi costaud qu’obèse, engoncé dans un demi-harnois, déposa sur la balustrade un petit objet d’où émanait la lumière. Sans doute par pure bravade, il ne portait aucun heaume, laissant voir à tous les six flèches écarlates du symbole d’Hextor tatouées sur son visage aussi bouffi que poilu. Reculant d’un pas, il prit à sa ceinture une potion qu’il avala d’un trait. Une seconde plus tard, il partit d’un gros rire gras tandis que scintillait brièvement autour de lui une aura d’un rouge brillant.

Sur la droite, une silhouette féminine également revêtue d’un demi-harnois s’avança d’un pas et, prenant appui sur la balustrade, fit feu de son arbalète légère sur Mathieu, sans parvenir à le toucher.

Au centre, un homme puissamment bâti en harnois complet, un symbole d’Hextor tracé au sang séché sur sa cuirasse laquée de noir, entonnait des incantations en Vieil Oeridien à la gloire du Héraut des Enfers.

Il était lui-même flanqué de deux humanoïdes à la peau grise, fortement musclés et manifestement revenus d’entre les morts, dont la tête couronnée de cheveux filasse d’un noir de jais était curieusement dépourvue d’yeux. Non pas que ceux-ci fussent crevés : c’était plutôt que leur front rejoignait leurs joues sans laisser de place à la moindre cavité oculaire. Tous deux étaient équipés de haches primitives à lame de silex.

- « Des grimlocks ! », s’exclama Hélebrank juste derrière Kalen, le faisant sursauter.
- « Mais qu’est-ce que tu fous là, toi ?! Comment as-tu fait pour passer la herse ? Et comment tu sais ça, d’abord ? », maugréa le jeune Mage, à la fois vexé de s’être laissé surprendre par Hélebrank, et frustré d’avoir raté une si belle occasion de le voir en action.
- « Ben, je sais pas trop. Pour les deux, je veux dire. J’avais si peur de rester seul en arrière que j’ai fermé les yeux, et alors je me suis senti tout bizarre, j’ai un peu titubé aussi, je crois, et puis après j’étais de l’autre côté, avec vous », expliqua Hélebrank dans un seul souffle, encore un peu fébrile. « Et le nom de ‘grimlock’ m’est venu à l’esprit en voyant ces bestioles, c’est tout. Je ne me souviens pas comment je l’ai appris, ni où, ni quand. »
- « Mouais… on en reparlera ! », coupa Kalen, préférant pour l’heure laisser couler cette histoire de faux Mage et reporter toute son attention sur le combat.

Note du MJ:
En bon amnésique, Hélebrank s'est payé une capacité qui lui permet (rarement) de retrouver en un éclair de lucidité certains des pouvoirs qu'il avait, mais a oubliés. Une sorte d'atout dans sa manche pour les situations difficiles. En l'occurrence, il s'est brièvement dématérialisé pour passer au travers de la herse.

Faut aussi dire pour bien comprendre son comportement qu'il a de gros problèmes psychiatriques: une phobie d'être laissé seul, une légère peur du noir, et un fond paranoïaque qui apparait de temps en temps lorsqu'il est soumis à un stress. Oh le beau cas!

Dans l’arène, les deux tieflings fugitifs avaient sans crier gare fait volte-face pour affronter leurs poursuivants. Le plus grand jeta à terre son arc, préparant hache et bouclier. Le plus petit tenta d’éventrer Khalil d’un revers de sa hache de bataille miniature, coup inattendu que le moine parvint néanmoins à esquiver sans trop de difficultés.

Plutôt que de répliquer, Khalil choisit de porter le combat dans le camp adverse. Faisant appel à une technique monastique secrète, il se mit à courir verticalement sur le mur de la fosse, faisant fi de la gravité, jusqu’à rejoindre quatre mètres plus haut le parapet sur la gauche de la pièce.

Mathieu n’était lui pas du genre à laisser derrière lui un travail inachevé: passant sous la garde de son adversaire, il lui infligea une sévère blessure à la cuisse qui le mit hors de combat.

Les autres compagnons firent également feu de tous bois, depuis leur abri relatif à l’entrée de la salle : une flèche d’Aloïs ripa sur l’épaulière du demi-harnois du demi-euroz, manquant de peu lui faire recracher sa potion ; un rayon de foudre d’Hélebrank frôla la prêtresse ; et pour finir, un Projectile Télékinétique de Kalen cloua littéralement au mur l’adversaire désormais esseulé de Khalil.

Quant à Barnabé, conscient de ses faiblesses mais désireux d’apporter sa contribution pour sortir de ce mauvais pas, il asséna au travers de la rambarde un coup d’épée courte hobnize sur l’une des chevilles du tiefling aux cornes de bélier qui venait de décocher une flèche sur Khalil. Bien que trop faible pour percer ses chausses de cuir bouilli, le coup suffit à retenir son attention. Comme tout bon archer pris à partie au corps à corps, il mit de côté son arc pour prendre sa hache, ce qui était précisément le but recherché. Barnabé n’attendit pas sa riposte et courut le long du mur pour aller se réfugier derrière la rambarde, également du côté gauche de la pièce.

Apparemment peu impressionné par son arrivée spectaculaire, le demi-euroz s’avança vers Khalil pour lui bloquer l’accès à l’amphithéatre, faisant tournoyer d’une main un lourd fléau de guerre à tête cloutée.

- « Mon nom est Garras. Retiens-le bien : je vais te tuer, et ton âme chantera mes louanges à notre Seigneur », annonça t’il calmement au moine en lui souriant de toutes ses dents jaunes.

Sa compagne la prêtresse s’efforça de lui prêter main forte en lançant un Anathème mineur. Les yeux brillant d’une lueur rouge, elle prononça une invocation gutturale en pointant un doigt menaçant vers Khalil… et rien ne se produisit. Le moine eut vaguement le sentiment que quelque chose tentait d’influencer son esprit, endurci par des mois et des mois de méditation. En contrebas, grâce à ses talents particuliers, Hélebrank fut le seul à voir un flot d’énergie mentale jaillir de la prêtresse et se briser sur Khalil, comme le ferait une bouse séchée projetée sur la cuirasse de la légendaire tarrasque.

Un instant plus tard, la voix du grand prêtre s’éleva crescendo dans un cri à la gloire d’Hextor, et une créature hideuse et bouffie apparut au milieu de la fosse dans une grande explosion de flammes et de vapeurs soufrées. L’on aurait dit un homme incroyablement obèse à moitié fondu, comme passé à la flamme. Sa chair suintante de graisse semblait trop molle pour sa silhouette massive, et formait de nombreux plis qui ballottaient au moindre de ses mouvements.

Sovereign Court

Combat épique. :)


Le temps de reprendre ses esprits, la créature infernale s’avança lourdement vers Mathieu pour le déchirer de ses griffes acérées, obéissant en cela aux ordres de son invocateur.

Bien qu’encore inexpérimenté, Mathieu n’en était pas moins un véritable paladin. Parmi les pouvoirs qui lui étaient déjà octroyés, celui de Châtiment Divin lui permettait une fois par jour de désigner tout particulièrement un adversaire à la vindicte d’Heironéous, pourvu que son âme soit consacrée au Mal. La lémure répondait parfaitement à cette définition.

Une rapide prière plus tard, le fer de sa hache brillant d’une vive lueur argentée fendait le torse de la créature diabolique, d’une épaule à la hanche opposée, sans rencontrer plus de résistance qu’un massicot chauffé à blanc dans une grosse motte de beurre.

La lémure se dissipa en une épaisse fumée noire avant même de tomber au sol, ne laissant derrière elle qu’une vilaine tâche grasse sur la sable. Son escapade hors des plans infernaux n’avait été que de courte durée, pas plus de quatre secondes…

Le grand prêtre enchaîna aussitôt sur une nouvelle prière, et une vague de lumière rouge jaillie de son symbole balaya la pièce. Les compagnons sentirent une crainte irrationnelle tenter de noyer leurs pensées. Tous repoussèrent les effets de l’Imprécation, à l’exception d’Hélebrank et de Barnabé.

Un instant plus tard, Aloïs succomba à son tour aux effets d’un nouvel Anathème mineur de la prêtresse. La flèche qu’il destinait à Garras manqua sa cible en raison de l’effroi aussi soudain qu’irrépressible qui agitait ses mains de tremblements.

Khalil fit tomber le demi-euroz au sol d’un revers de bâton avant même qu’il ne puisse faire usage de son fléau. Vexé, celui-ci fit appel à la puissance d’Hextor pour nimber son poing de l’aura noire et crépitante dun pouvoir d’Infliction de Blessures, mais ne parvint pas à saisir la jambe de Khalil pour en faire usage.

Le garde tiefling aux cornes de bêlier accourut par la gauche pour tenter de prendre le moine à revers, mais eut la surprise de trouver sur son chemin Barnabé, dissimulé derrière la rambarde. Le hobniz lui échappa en se réfugiant au plafond par un bond prodigieux, son sort de Saut décuplant la puissance de ses jambes. Le garde poursuivit donc sa course vers Khalil, qui tenta une audacieuse manœuvre acrobatique pour passer entre les jambes de Garras et ainsi éviter d’être pris en tenaille, sans succès. Il ne parvint qu’à choir lourdement au sol, ce qui par chance lui suffit à éviter la lame de hache, la tête de fléau et le carreau d’arbalète qui sifflèrent dans les airs à l’emplacement occupé un court instant plus tôt.

Le grand prêtre d’Hextor, dont les compagnons n’apprendraient que plus tard qu’il portait le nom de Theldrick, commençait à trouver que l’affaire prenait une mauvaise tournure. Non seulement les assaillants ne voulaient pas rester au fond de la fosse conformément au plan de bataille préétabli, mais la prestation de sa lémure avait été quelque peu en deçà de ses attentes. Battre en retraite pour se mettre à l’abri serait par trop ignominieux : ne lui restait donc plus qu’à écraser ces vermisseaux sous la puissance d’Hextor...

Articulant d’une voix gutturale une nouvelle prière au Fléau des Batailles, il poussa un cri en direction du fond de la fosse. Les ondes sonores magiquement amplifiées y causèrent une véritable explosion, faisant voler dans les airs le sable recouvrant le sol. Aloïs parvint à échapper aux effets du pouvoir de Cacophonie en se jetant au sol à la toute dernière seconde ; Kalen et Hélebrank n’eurent pas autant de chance.

- « Ah, ah ! Loupé, pov’ tâche ! », cria t’il en retour au grand prêtre en se relevant, brandissant dans sa direction son majeur dressé.

Kalen et Hélebrank, le premier gisant au sol inconscient, le second parvenant à grand peine à tenir debout, s’abstinrent de tout commentaire.

En représailles, Aloïs entreprit de décocher flèche sur flèche sur Theldrick avec une régularité de métronome. Celui-ci avait beau être revêtu d’une très puissante armure et s’être fortifié par une prière d’Aide Divine, la tête commença rapidement à lui tourner à force de chocs répétés.

Prenant son élan, Mathieu parvint par un saut prodigieux à se raccrocher à la rambarde, sa force déjà exceptionnelle ayant été encore augmentée par l’un des sorts de Barnabé, et commença à se hisser jusque sur le parapet opposé à celui choisi par Khalil.

Derrière lui, l’un des gardes tieflings banda son arc et se pencha par-dessus la rampe dans l’intention manifeste de profiter de cet instant de vulnérabilité pour lui planter une flèche dans le dos.

C’était sans compter sur l’adresse et la vigilance de Barnabé qui, l’atteignant au bras d’un boulet de fronde bien ajusté, lui fit lâcher sa flèche. Le garde jura en voyant le paladin sur le point de prendre pied sur le parapet, et jeta son arc pour dégainer hache et bouclier.

Il n’eut pas le temps d’en faire usage : lui fonçant dessus, Mathieu lui fendit la tête d’un coup de hache en plein visage sans même s’arrêter, poursuivant sa course vers les prêtres rassemblés à l’autre bout de la salle.

Theldrick esquissa un geste, et l’un de ses gardes du corps zombies s’avança pour barrer le passage au paladin. La prêtresse usa avec succès d’un nouvel Anathème mineur pour saper sa combativité et le ralentir.

Kalen, qui aussitôt après avoir recouvré ses sens avait utilisé un Saut Dimensionnel mineur pour lui aussi prendre pied sur le parapet derrière Mathieu, riposta par un Projectile Télékinétique. Son carreau d’arbalète, propulsé à une vitesse obscène, trouva la faille entre deux potelets de la rambarde et frappa la prêtresse au niveau de la cuisse, perforant son demi-harnois comme une vulgaire feuille de papier. Elle s’écroula en arrière pour ne plus bouger, le fémur brisé en mille esquilles.

A cet instant, la situation des défenseurs était devenue critique sur tous les fronts. Sur le parapet gauche, Khalil s’était assuré que Garras resterait bien à terre par un second coup bien ajusté et continuait à échanger des coups avec l’unique garde tiefling rescapé, soutenu à bonne distance par les boulets de fronde de Barnabé. Sur le parapet de droite, Mathieu équarissait méthodiquement le grimlock zombie tout en évitant ses coups maladroits avec une aisance déconcertante. Même le plus habile des bookmakers du Bazar aurait été bien en peine de fixer une cote fiable pour prendre les paris sur qui lèverait le premier la main sur le grand prêtre ; mais à coup sûr, aucun n’aurait misé un seul commun de cuivre sur la victoire de ce dernier.

Mais quand bien même il aurait disposé d’une voie d’évasion, Theldrick n’était pas du genre à reculer devant l’adversité. Un second pouvoir de Cacophonie frappa de plein fouet Hélebrank et Aloïs, seuls à être encore au fond de la fosse. Le premier tomba au sol inconscient ; le second, plus résistant ou plus chanceux, parut à peine affecté et décocha en retour une ultime flèche qui, atteignant le grand prêtre au niveau du cœur sans toutefois percer sa cuirasse, fut la goutte d’eau qui brisa le dos du chameau, comme disent les bakluniens. Theldrick bascula en arrière et s’abattit au sol dans un grand bruit de quincaille.


Moonbeam wrote:
Combat épique. :)

Et la suite est pire!

Je pensais sincèrement qu'ils allaient en baver, et que cela leur servirait de leçon, mais ils ont littéralement défoncés les pauvres Hextoriens.

Je les ai un peu aidés en oubliant complètement que dans mon plan de bataille, j'avais deux autres gardes tieflings postés derrière une autre porte d'accès au complexe, à juste une volée de marches de distance du temple. Ces renforts auraient un peu corsé le combat, mais je ne pense pas que l'issue en aurait été changée. Et la castagne avait déjà été suffisamment longue comme cela.

Les plans des lieux ont été sensiblement modifiés par rapport à la version originale. Je posterai un lien vers ma version pour la bonne compréhension du combat (en gros, le parapet fait tout le tour de la fosse, et en face de l'entrée, j'ai remplacé le trône isolé par des gradins disposés en amphithéatre).

Autre modif par rapport au scénario originel, assez décisive : chez moi, les prêtres ont sur les Mages l'avantage de la fiabilité (leurs pouvoirs marchent à tous les coups), mais en contrepartie ils ne peuvent les mettre en conserve (pas de parchemins divins, notamment). Cela a considérablement diminué la force de frappe des Hextoriens qui ne pouvaient compter que sur leurs pouvoirs propres (dans le scénario, ils sont bardés de parchemins).

Amitiés chez toi,

Sovereign Court

Smarnil le couard wrote:
« Ah, ah ! Loupé, pov’ tâche ! », cria t’il en retour au grand prêtre en se relevant, brandissant dans sa direction son majeur dressé.

Je vois que tes joueurs sont aussi respectueux envers leurs enemis que les miens. :(


La suite du combat ne fut qu’une banale formalité. Le garde tiefling rescapé signifia à Khalil son refus de se rendre par un coup de hache peu appuyé au creux de l’estomac. Le moine l’ignora pour rejoindre en quelques enjambées Theldrick et s’assurer qu’il resterait bien au tapis d’un solide coup de bâton en pleine poitrine. Puis il se retourna juste à temps pour esquiver la charge du tiefling et lui briser les deux jambes d’un seul revers, lui faisant payer le prix ultime pour son obstination.

Tandis que Mathieu achevait laborieusement de débiter son zombie en fines tranches, ses compagnons entreprirent de vérifier si certains de leurs adversaires avaient survécu à leurs blessures, Kalen ayant fait observer que le paladin serait certainement désireux de traduire en justice autant de prisonniers que possible. La suggestion d’Aloïs, selon laquelle il aurait été plus expédient et « conforme aux usages du métier » de leur trancher la gorge avant de leur faire les poches, fut poliment ignorée.

Au final, il s’avéra que seul l’un des prêtres, Garras le demi-euroz, était encore vivant ; il fut promptement ligoté. La prêtresse s’était vidée de son sang, de même que ceux des gardes tieflings qui n’avaient pas été tués sur le coup.

Khalil eut la surprise de constater, en lui retirant son heaume, que le grand prêtre était non seulement mort, mais aussi plus très frais : à vrai dire, sa chair momifiée d’un gris malsain était aussi friable qu’un vieux biscuit de route dwur. Pourtant, son harnois ne portait aucun impact susceptible d’expliquer son décès, et encore moins son état de dessiccation avancée.

Pour en voir le cœur net, les compagnons le dépouillèrent avec précaution de son armure, ce qui leur permit de constater qu’effectivement son corps ne portait aucune plaie, pas même une petite ecchymose. Aucune des flèches d’Aloïs n’avait réussi à perforer son harnois. La seule blessure visible, manifestement cicatrisée depuis belle lurette, était une balafre qui lui courait du front à la joue et avait du lui coûter jadis l’usage de son œil gauche. Quelle qu’elle ait été, la cause de sa mort n’était pas liée au combat tout juste terminé.

Leur première hypothèse, selon laquelle Theldrick avait dû être sournoisement achevé à terre pendant qu’ils regardaient ailleurs, ne se confirma donc pas. Les compagnons en conclurent provisoirement qu’il devait probablement avoir été un mort-vivant d’un type non identifié capable de canaliser des pouvoirs divins. Ils lui tranchèrent donc la tête par mesure de précaution.

Durant toutes ces opérations, le second grimlock zombie était resté parfaitement inerte, n’ayant reçu aucune instruction de son maître. Mathieu se chargea de le décapiter d’un seul coup de hache dès qu’il eut enfin terrassé son adversaire, avant de s’agenouiller pour une rapide action de grâce. Puis il utilisa ses pouvoirs divins pour soigner les blessures de ses compagnons, étonnamment rares et superficielles pour un combat commencé sous d’aussi mauvais auspices.

Un sort de Divination permit de distinguer lesquelles des possessions des défunts ou prisonniers étaient magiques. Ainsi, furent mis de côté le harnois du grand prêtre, ainsi que l’anneau au chaton orné d’une rune de protection qu’il portait au doigt ; une baguette à l’aura inconnue portée à la ceinture par la prêtresse ; ainsi que cinq potions sur le demi-euroz, et dix autres réparties entre les quatre gardes tieflings. Les compagnons mirent également la main sur un impressionnant arsenal, trois clés, et un beau petit pécule. Ils raflèrent même la vieille pièce d’électrum démonétisée sur laquelle le demi-euroz avait lancé son pouvoir de Lumière.

Hélebrank et Aloïs prirent le temps d’aller examiner de plus près une gemme rouge ornant le front de l’idole d’Hextor, qui se révéla être une pâte de verre sans aucune valeur. De dépit, ils renversèrent la statue et laissèrent Mathieu la réduire rageusement en petits copeaux.

- « Veuillez pardonner la naïveté de ma question, je ne suis que votre humble protecteur… Mais au juste, que sont venus faire ces gens d’Hextor au fond de cette mine ? Et quel peut bien être le rapport entre eux et notre prophétie ? » demanda Khalil.
- « Tu es tout excusé. C’est une très bonne question, à laquelle nous n’avons aucune réponse pour l’instant. C’est justement ce que nous allons tâcher de découvrir », le rassura Barnabé.

Après un petit détour, le temps pour leur nouveau prisonnier d’aller rejoindre le premier dans la bauge du sanglier, et pour Hélebrank d’enfiler la cuirasse de cuir bouilli presque intacte repérée précédemment sur le cadavre d’un cultiste, les compagnons entreprirent l’exploration méthodique du reste du complexe en commençant par le palier au pied de l’escalier menant au parapet du temple.

Ils traversèrent ainsi une petite salle de garde, puis au-delà d’une tenture rouge sombre à l’effigie d’Hextor, pénétrèrent dans un long couloir. A mi-chemin, derrière un nouveau rideau à main droite, ils trouvèrent un petit dortoir contenant quatre grabats à étage répartis de part et d’autre d’une travée centrale, soit du couchage pour huit gardes. Au fond, un râtelier d’armes portait un assortiment de javelines, une épée longue et un arc lourd esseulés, ainsi qu’une provision conséquente de flèches. Au milieu, quelques tabourets devaient faire office de tables de jeu, comme en témoignait la présence de dés et de cartes à jouer, ainsi qu’une quantité notable de pièces de monnaie aussitôt versées au butin commun.

Les compagnons ne s’attardèrent que le temps pour Aloïs de regarnir ses carquois, et pour Barnabé de découvrir au creux d’une paillasse une bourse de velours noir contenant une belle chaîne en or et pas moins de 20 plaques de platine.

Le couloir débouchait sur une salle de plus grandes dimensions. Une simple torche dans un support de fer forgé projetait des ombres dansantes sur ses murs de roche, peints en rouge vif. A gauche, sur une table flanquée de deux chaises, un livre était ouvert au milieu d’une jonchée de feuilles de parchemin. Sur la droite, un grand lit à baldaquin recouvert de fourrures était coquettement dissimulé derrière un paravent. En face, une nouvelle tenture faisait son possible pour limiter les courants d’air, mais ne masquait pas la lumière provenant d’une autre pièce, également illuminée.

Une Détection de la Magie révéla la présence d’une aura magique non identifiée au niveau du lit, qui se révéla en fait provenir d’un coffre dissimulé dessous. Celle des clés qui avait été trouvée sur la prêtresse fit jouer sa serrure sans difficultés. A l’intérieur, sur un lit de pièces en vrac (majoritairement des orbes d’or, à la grande joie des plus vénaux des compagnons), reposait un beau bracelet serti de pierres rouges et vertes, ainsi qu’une baguette d’ivoire au fût effilé gravé de trois cercles entrelacés de tailles différentes. Une rapide expérimentation confirma que l’aura magique provenait de cette dernière.

Le livre ouvert sur la table se révéla être un abécédaire des plus ordinaires. Au vu des parchemins couverts de mots élémentaires tracés d’une main malhabile, Aloïs émit la supposition gratuite que la prêtresse s’efforçait à ses heures perdues d’améliorer les compétences scripturales de son compagnon le demi-euroz, ce qui plongea les compagnons dans une grande hilarité.

Une fois remis des effets de ce petit moment de détente, ils poursuivirent leur chemin, écartant la tenture pour pénétrer dans ce qui était manifestement une petite chapelle. Au malaise qui le saisit dès le seuil franchi, Mathieu sut qu’elle était consacrée.

Face à eux, divers objets sacerdotaux, candélabres et autres encensoirs en fer forgé garnis de pointes, étaient disposés sur un autel de pierre, lui-même surmonté d’une bannière écarlate portant le symbole d’Hextor. De part et d’autre, quatre statues portant cottes de mailles et masques de cuir brandissaient des espadons, comme pour saluer l’assistance. Deux autres torches disposées dans des torchères éclairaient les lieux. A gauche, un long escalier remontait de deux bons étages ; à droite, une porte renforcée de fer et dotée d’une véritable serrure devait vraisemblablement donner accès à quelque chose d’important.

Les détections toujours actives des compagnons décelèrent l’aura de magie divine attendue sur l’autel, mais aussi un compartiment secret et une seconde aura de magie divine dans le mur derrière la tapisserie, juste au-dessus. Comme de bien entendu, les torches se révélèrent également être deux nouveaux spécimens de Torches Eternelles ; avec celles déjà trouvées dans le cairn et la chambre de la prêtresse, les compagnons en possédaient désormais quatre.

Le premier mouvement de Kalen fut de faire ouvrir le compartiment secret par son Serviteur Invisible. Puis il réalisa avec consternation que dans le feu de l’action, il avait complètement oublié de lui ordonner de le suivre. Il devait donc être resté dans l’entrée, une cale de bois dans chacune de ses mains invisibles, avant de se dissiper dès que son maître se fut distraitement éloigné au-delà de la portée du sort.

Plutôt que de gâcher une nouvelle charge de sa baguette, Kalen usa de son sort de Main de Mage pour faire jouer le petit loquet dissimulé sous une discrète irrégularité du mur. Une aura noire crépitante explosa autour de l’ouverture du compartiment secret, sans causer de dommages à quiconque.

L’ouverture de la porte révéla une niche cubique de 30 cm de côté, presque entièrement occupée par une grande cassette métallique fermée par une imposante serrure. Après que Barnabé se soit assuré par un examen attentif de l’absence de tout piège ou mécanisme, le coffre fut tiré de sa cachette et déposé au sol par la Main de Mage de Kalen. L’une des deux clés trouvées sur Theldrick l’ouvrit sans plus de difficultés. A l’intérieur, étaient soigneusement rangés un superbe calice en or, une dague magnifiquement ouvragée, de sa lame recouverte d’argent alchimique à son pommeau orné de pierreries, une perle noire magique très semblable à la Perle de Pouvoir découverte dans le Cairn aux Murmures, et enfin deux symboles d’Hextor en argent que Mathieu s’empressa de marteler jusqu’à les rendre méconnaissables.

Le jeune paladin envisagea un instant de poursuivre son œuvre rédemptrice en désacralisant l’autel, mais estima finalement n’avoir ni les compétences ni les litres d’eau bénite nécessaires pour mener à bien cette tâche.

Aloïs ayant affirmé, grâce à ses compétences de cartographe émérite, que l’escalier donnant dans la pièce les aurait ramenés en territoire déjà connu, à savoir l’amphithéâtre surplombant le temple, les compagnons portèrent leur attention sur la porte qui lui était opposée. Ils la trouvèrent fermée, et dépourvue de pièges ; la seconde des clés trouvées sur le grand prêtre correspondait parfaitement à sa serrure.

La porte s’ouvrit sur une chambre minuscule meublée de façon spartiate, à peine assez grande pour contenir un lit étroit, une petite table de travail, une chaise à dossier droit, un râtelier d’armes et un coffre ouvert, vide de tout contenu. Le seul luxe de la pièce était la paire de coussins de velours dont était garnie l’assise de la chaise. Le râtelier ne portait qu’une masse d’armes, deux fléaux, une arbalète légère et son carquois garni de carreaux. Le coffre, à en croire les taches huileuses qui en maculaient l’intérieur, devait avoir servi à entreposer le harnois du grand prêtre.

L’attention des compagnons se porta très rapidement sur un livre relié de cuir laissé ouvert sur la table, qui se révéla être rédigé en une langue étrangère aux lettres curieusement anguleuses.

- « J’ai déjà vu ce type d’écriture », précisa Mathieu. « C’est de l’Infernal. La plupart des textes sacrés d’Hextor sont rédigés en cette langue. »
- « Pas de problème, j’ai ce qu’il faut », répondit Kalen.


Moonbeam wrote:
Je vois que tes joueurs sont aussi respectueux envers leurs ennemis que les miens. :(

Le joueur d'Aloïs (David) est assez coutumier du fait. Je l'ai gardé dans le journal parce que le contraste entre son provocation gratuite et l'état pitoyable de ses deux copains était assez amusant...

Bon, on évacue l'exploration méthodique du complexe, pas franchement palpitante, et la prochaine on attaque le journal de Theldrick. Grattages de crâne perplexes et théories fumeuses en prespective!


Le temps de lancer un sort de Compréhension des Langues, Kalen commença à lire, parcourant le texte ligne après ligne au travers d’un petit prisme de cristal tiré de sa poche à composantes.

- « Il n’y a pas de titre… C’est le journal d’un certain Theldrick. La première entrée remonte à un peu plus de deux ans, au début du mois des Semailles de l’Année Commune 593 », commenta le jeune Mage à l’intention de ses compagnons, pressés autour de lui.
- « Vous êtes sûrs que c’est vraiment le moment pour faire la lecture ? », objecta Barnabé. « Je sais bien que ce journal contient probablement des informations utiles, mais je ne tiens pas à m’attarder ici plus longtemps que nécessaire. Tu en as pour longtemps ? »
- « Oh, au nombre de pages écrites, pas plus d’une heure à mon avis », précisa Kalen. Puis, tout le monde s’accordant pour dire que le jeu en valait la chandelle, d’autant qu’ils avaient maintenant fait le tour du complexe, il reprit sa lecture à haute voix :

« Loué soit le Fléau des Batailles.
Le jour viendra où je reprendrai la charge qui m’est due. J’arracherai ma crosse d’évêque à tes doigts ensanglantés, crispés par la mort, Neolas. Ce n’est qu’une question de temps. Les assassins que tu as lâchés à mes trousses finiront bien par se lasser.
En l’attente, me voila obligé de me terrer sous terre comme le dernier des brigands, à la merci d’un suppôt de Vecna sournois affublé du nom risible de ‘Celui-Sans-Visage’. Comme tous ceux de son engeance, il aime s’entourer de mystères. »

- « Bon sang, mais c’est bien sûr ! » s’exclama soudain Kalen, se frappant le front et manquant de peu s’éborgner avec son prisme. « Je savais bien que j’avais déjà vu quelque part les motifs de toile et de crânes sur le sol de la grande nef ! Ce sont les symboles de l’Empire Murmuré, le fameux Trône Arachnéen de Vecna !»
- « Eh, c’est le même Vecna que pour la main et l’œil ? J’en ai entendu parler, c’est des super reliques maléfiques ! » s’extasia Aloïs.
- « Ouais, c’est lui », confirma Mathieu, avant de poursuivre à l’intention de Kalen. « Et en clair, ça donne quoi ? »
- « Désolé… Avant d’être la sinistre divinité des secrets que nous connaissons, Vecna a été un puissant Mage, puis une liche, à la tête d’une sorte d’empire invisible, sans frontières ni oriflammes. En se bornant à contrôler certains personnages clé, par magie ou par corruption, il avait à sa botte des tribus flannae entières sans que quiconque ne le sache. C’était un véritable règne de la terreur : personne ne pouvait être sûr que son voisin n’était pas un pantin, ou pire, un renégat à la solde de la liche. D’où le nom d’Empire Murmuré, d’ailleurs : le sujet n’était jamais évoqué à voix haute, de peur des conséquences. »
- « Et ça remonte à loin, ça ? », insista le paladin.
- « Oh, à peu de choses près, à un millénaire. En fait, à l’époque des grandes migrations œridiennes. C’est même la présence de cet empire dans le territoire de l’actuelle Grande Marche qui aurait interdit l’accès de la vallée de la Sheldomar aux premières vagues migratoires, les obligeant à poursuivre leur exode vers l’est. Il y a bien eu quelques sages pour avancer l’hypothèse que cet Empire Murmuré se serait étendu jusque dans notre région, mais jusqu’à présent personne n’avait été en mesure d’en apporter la preuve. Nous sommes dans un site archéologique d’une grande importance historique, vous vous rendez compte ? »
- « Tu es vachement calé, dis donc », siffla Aloïs, admiratif.
- « Ca, tu peux le dire… Allustan me saoule avec ses leçons d’histoire antique dès qu’il en a l’occasion, c’est son dada. Je n’aurais jamais cru que cela pourrait un jour m’être utile à quelque chose ! Bon, je vous lis la suite :

La contrepartie de sa précieuse ‘protection’ est un odieux blasphème. Il exige ma participation à une cérémonie païenne hebdomadaire aux côtés de semi-humains crasseux, adorateurs d’Erythnul. Notre hôte prétend œuvrer à une « alliance entre nos trois divinités ». Il m’a expliqué en aparté ce qu’il entendait par là, et j’en tremble encore d’effroi. Je n’ose pas même confier ce secret à ce journal. Ma seule consolation est que cette abomination aboutira sans doute à la destruction de Lac-Diamant.
Si tel est le prix de ma vengeance, je suis prêt à le payer. Pour la suprématie éternelle d’Hextor ! Victoire aux puissants, malheur aux faibles ! »

- « Erythnul est une divinité du massacre et de la violence gratuite. Des invocations aussi », précisa Mathieu en réponse au regard interrogatif d’Aloïs. « Je ne sais pas ce qui se trame ici, mais avec Hextor, Vecna et Erythnul dans le coup, c’est forcément moche. »
- « Il y a d’autres références à ce Neolas plus loin dans le journal… Apparemment, c’est un rival qui a pris le dessus sur Theldrick dans une lutte de pouvoir intestine. Ce dernier a du fuir son Aerdie natale avec ses derniers partisans pour ne pas être mis à mort », poursuivit Kalen. « Il est aussi fait mention plusieurs fois du nom de Garras, notre demi-euroz, et d’une certaine Kendra, qui doit être la prêtresse… Ah, ça c’est intéressant :

Cet avorton de cultiste de Vecna a osé me menacer ! Alors même que l’embuscade s’est parfaitement déroulée, sans heurts et sans témoins ! Comble de vilénie, ce rat suffisant m’a confisqué le bouclier qui devait de droit me revenir comme prise de guerre. Il oublie que son projet ne peut s’épanouir que sous la protection d’Hextor. Je donnerais volontiers l’assaut à son repaire secret avec mes fidèles, pour massacrer jusqu’au dernier les Mages qui s’y terrent. Hélas, je crains qu’il n’ait pris des dispositions pour mettre sa menace à exécution en cas de décès prématuré… »

- « Par la Sainte Hache ! C’était quand, ça ? », s’enquit Mathieu, soudainement très intéressé.
- « Oh, il y a presque exactement deux ans, le 4ème Jour de la Terre du mois des Semailles 593, trois semaines après son arrivée. Cela t’évoque quelque chose ?»
- « Je veux. C’est à peu près le jour où a disparu Amon Kyre, le précédent Parangon de la chapelle de Lac-Diamant. Il est parti à cheval dans les collines et n’est jamais revenu. Cela colle parfaitement, il avait un bouclier magique. C’est pour enquêter sur cette disparition que le Parangon Valkus, Dame Mélinde et moi-même avons été envoyés à Lac-Diamant… », confia le jeune paladin à ses compagnons, tout à sa joie d’avancer enfin dans une enquête qui depuis deux ans n’avait guère progressé d’un pouce.
- « Pourquoi fait-il un foin pareil au sujet du bouclier ? » demanda Hélebrank.
- « C’est religieux. Hextor est une divinité de la guerre, dans ce qu’elle a de plus brutal. Les trophées et prises de guerre font partie de son credo. Comme nos dieux sont des ennemis jurés, un bouclier arraché à un prêtre d’Heironéous a une grande valeur symbolique pour un prêtre d’Hextor », lui expliqua patiemment Mathieu.
Kalen poursuivit méthodiquement sa lecture, relançant son sort de Compréhension des Langues chaque fois que nécessaire. Il parcourut ainsi des pages et des pages consacrées à des commentaires ennuyeux sur la vie quotidienne du temple souterrain et aux divers griefs de Theldrick à l’encontre de « Celui-Sans-Visage ». Après de longues minutes, il finit par trouver un nouveau passage intéressant.
- « Bla, bla, bla… Il continue à se plaindre… », poursuivit Kalen. « Tenez, écoutez ça : cela remonte au Jour des Dieux du Festival des Vendanges de l’année dernière :

Sous le regard vigilant du Héraut, nous asservissons.
Aujourd’hui, Grallak Kur nous a fait part d’une autre de ses révélations mystiques après la cérémonie d’infusion. Cette créature grotesque prétend de plus en plus souvent avoir de telles visions, sans doute le résultat de sa consommation excessive de champignons douteux. Il était encore une fois question ‘de vers grouillants, infestant le monde telle une pomme pourrie dont la peau parfaite cache la corruption intérieure, et qui bientôt jailliront pour se répandre à sa surface en un flot putrescent’. Qui aurait cru que sous son apparence hideuse se cachait un tel poète ?
Le flegme du Sans-Visage devant ces pénibles divagations ne cesse de m’étonner. Si cela ne tenait qu’à moi… Je suppose que l’apport d’Erythnul est encore nécessaire pour mener à terme son grand projet. »

- « Cela ressemble bien à notre Âge de la Mort Rampante, cette histoire de vers grouillants… » observa Aloïs. « Mais c’est quoi cette histoire de Héraut, au début ?»
- « Oh, juste une banale formule liturgique du culte d’Hextor. Entre autres titres, il revendique ceux de ‘Héraut des Enfers’, ou bien de ‘Fléau des Batailles’ », précisa Mathieu.
- « Je suis d’accord, on est sur la bonne piste », opina Kalen, avant de poursuivre en silence sa lecture durant de longues minutes. « Il y a une autre entrée intéressante qui remonte au début de cette année. Ouvrez bien vos oreilles :

Mon séjour en ces lieux semble toucher à sa fin. Cédant à mes demandes insistantes, le Sans-Visage a enfin consenti à m’informer de ce que son précieux projet, issu de la plus noire des magies ur-flannae, approchait à grands pas de la maturité. Notre participation aux cérémonies d’infusion ne sera bientôt plus requise, et je pourrai reprendre ma liberté.
Bien évidemment, j’ai ordonné à mes gens de redoubler de précautions pour nous prémunir d’une traîtrise. Toutes les provisions consommées sont systématiquement soumises à un miracle de purification. Les promesses de ce pantin masqué ne m’inspirent aucune confiance. »

- « Pour votre gouverne, la traduction littérale de ‘Ur-Flannae’ est ‘ceux qui renient le peuple’. C’est le nom donné à l’époque aux tribus flannae qui prêtaient ouvertement allégeance à Vecna », précisa doctement Kalen.
- « Je connais aussi ce mot », lâcha Mathieu. « Et ça pue… Les rituels Ur-Flannae sont encore de nos jours considérés comme atrocement blasphématoires par tous les cultes, y compris les maléfiques. En gros, si j’ai bien compris, ils consistent plus ou moins à détourner vers d’autres usages l’énergie divine que les dieux transmettent à leurs prêtres. Parait que c’est de cette façon qu’une simple liche comme Vecna aurait accédé à la divinité, en se gavant d’énergie volée comme un gros parasite se gorge de sang. »


Kalen se replongea en silence dans sa lecture. Pour passer le temps, Aloïs entreprit de fouiller la pièce avant de s’immobiliser brusquement, comme un chien d’arrêt qui vient de lever une piste alléchante.

- « Les gars, on a un problème. Je savais bien que c’était louche, une momie qui écrit son journal. Le grand prêtre était bien vivant il y a pas si longtemps. Aux dernières nouvelles, un macchabée n’a pas besoin de ce genre d’articles » dit il en pointant du doigt un pichet et un gobelet au chevet du lit, ainsi qu’un vase de nuit à moitié plein sous celui-ci.
- « C’est peut-être parce qu’il était prêtre d’une divinité maléfique, qu’il est devenu tout desséché à sa mort ? Vous savez, comme une sorte d’effet secondaire ? », hasarda Hélebrank.
- « Le problème justement, c’est qu’on ne l’a pas tué ! », lui rappela Aloïs. « Au pire, on l’a assommé. Normalement, il devrait être intact, avec juste une bonne grosse migraine. »
- « Et je peux vous garantir que la momification instantanée n’est pas la norme pour un prêtre d’Hextor », confirma Mathieu. « Par contre, cela pourrait être un truc de fanatique, du genre ‘ils ne m’auront pas vivants’, vous voyez ? »

Aiguillonné par la curiosité, Hélebrank ressortit comme une flèche de la pièce et emprunta l’escalier qui depuis la chapelle donnait accès à l’amphithéâtre surplombant la fosse du temple. Puis, tirant de sa ceinture le petit couteau qui lui servait habituellement à peler ses pommes, il commença à inciser largement l’abdomen de Theldrick, écartant couche après couche de peau et de muscles. Ce travail se révéla bien moins salissant qu’il ne l’avait craint : le cadavre était sec à cœur, les organes racornis comme du vieux cuir. Il ne vit rien de suspect, pour autant que ses connaissances limitées en anatomie le lui permirent : tout semblait à sa place, sans ajout ni lacune.

Pas plus avancé, il revint faire part de ses observations et de leur caractère peu concluant à ses compagnons, juste à temps pour entendre Kalen faire lecture d’un autre passage du journal de Theldrick remontant à moins de deux semaines :

« 1er Jour de l’Eau, mois des Semailles de l’Année Commune 595
Ce félon de Grallak Kur a osé attaquer le Temple ! Fort heureusement, grâce à leur discipline supérieure, mes troupes ont tenu les rangs sans subir trop de pertes malgré l’effet de surprise, puis ont repoussés ces non humains barbares jusque dans leur trou puant.
Cette lopette de Sans-Visage ne cesse de trouver de nouvelles excuses pour ne pas avoir à éradiquer ces vermines une bonne fois pour toutes. Il prétend maintenant attendre qu’ils meurent de faim ! Il me faut préparer des plans pour les déloger de leurs cavernes. Nous allons devoir demander plus de matériel ; six rouleaux de corde et peut-être des arcs supplémentaires et plus de flèches devraient faire l’affaire. Avec les novices pour ouvrir la voie, nous devrions aisément repérer les embuscades tendues dans les falaises. »

- « C’est très bon pour nous, qu’ils se foutent sur la gueule entre eux », commenta sobrement Mathieu. « Mais ce qui m’inquiète, c’est qu’il est question de trois cultes maléfiques et qu’on en a trouvé qu’un seul. Il doit y en avoir deux autres planqués quelque part, et pas des moindres. Autrement dit, on est loin d’avoir fini le ménage. »
- « Je ne vois toujours pas le rapport avec notre Âge de la Mort Rampante », se plaignit Hélebrank.
- « Oui, on est complètement dans le brouillard, là… », l’approuva Aloïs.
- « Comme on dit chez moi, même le Fou peut avancer dans le brouillard, mais seul le Sage saura trouver son chemin », cita Khalil, toujours prompt à faire profiter autrui de sa sagesse.
- « Merci encore de ta contribution, Khalil. Je propose de repartir des quatrains concernant la mine et le ver. Peut-être qu’ils nous paraîtront plus clairs, avec ce que nous avons appris ici. J’ai ma copie quelque part », proposa Kalen en farfouillant dans son havresac. « Ah, je l’ai. Voici le quatrain sur la mine :

Sous le masque du Roi un Guerrier se cache,
Faisant danser tant le héros du Héraut que l’aveugle apôtre,
Tandis que dans le fond du Tréfonds, rit le ver qui marche,
Car la fin des uns est le commencement de l’autre. »

- « Purée ! Le ‘héros du Héraut’ cela pourrait être ce Theldrick, non ? » s’écria Aloïs tout excité.
- « Ouais, ça peut coller… », concéda Hélebrank. « Mais moi, je le voyais plutôt dans le rôle de ‘l’aveugle apôtre’, vu qu’il est borgne. Je veux dire, si un borgne peut être le roi des aveugles, il peut tout aussi bien être leur apôtre, non ? Vous me suivez ? Comme dans le proverbe ? »
- « C’est pas un peu tiré par les cheveux, comme raisonnement ? » observa Aloïs, formulant tout haut ce que la plupart des autres devaient penser tout bas à en croire leur mine atterrée.
- « Oui, d’accord, peut-être un peu… C’est vrai que ‘Celui-Sans-Visage’ pourrait tout aussi bien faire l’affaire. Pas de visage, pas d’yeux, pas vrai ? » rétorqua Hélebrank sans se démonter.
- « Mais pas du tout ! De toute évidence, le représentant de la faction de Vecna est plus à sa place dans le rôle du ‘Roi’ qui ‘fait danser’ les autres ! Cela correspond bien mieux à leur modus operandi ! » protesta Kalen.

S’ensuivit une discussion assez longue et confuse au cours de laquelle les compagnons tentèrent d’identifier les divers protagonistes du quatrain par des raisonnements plus ou moins fumeux, avant de s’accorder pour conclure qu’avec les éléments dont ils disposaient, seul Theldrick pouvait être identifié avec un assez grand degré de certitude.

- « Il y a quelque chose qui me tracasse dans cette histoire de ‘fins des uns’ et de ‘commencement de l’autre’ du dernier vers », avança Aloïs pour relancer la discussion. « Pensez-y : nous savons que nous n’avons pas tué Theldrick. Il est mort subitement, et pas de façon très naturelle. C’est donc la ‘fin’ du ‘héros du Héraut’, non ? »
- « Tu tiens quelque chose, là », l’encouragea Barnabé. « Reste à savoir qui doit encore mourir, qui est cet ‘autre’ et ce que sera son ‘commencement’. »
- « Excusez-moi, mais si cette supposition est exacte, nous aurions jusqu’à présent joué le jeu des gens de Vecna en éliminant Theldrick », observa finement Kalen, poursuivant son idée selon laquelle le bénéficiaire de toute cette opération ne pouvait être que la faction de l’Archiliche.
- « Justement, et si c’était Bélabar le suppôt de Vecna ? Peut-être qu’en fait il ne nous a envoyés ici que pour liquider ses sous-fifres… Peut-être même qu’il possède cette mine en sous-main, et que Ragnolin n’est qu’un homme de paille », supputa Hélebrank.
- « Ca serait quand même étonnant, parce que Ragnolin détient la concession depuis près de quarante ans, et qu’à l’époque, Bélabar devait encore sucer son pouce », objecta Aloïs en sa qualité d’ex-agent du cadastre. « Ce dwur est le plus ancien résident de la ville, après Ellival Moonmeadow : lui, ça fait plus d’un siècle qu’il est ici, vous imaginez ? »
- « Oui évidemment, vu sous cet angle… », concéda Hélebrank. « Mais Ragnolin est forcément de mèche avec le culte de Vecna. C’est le seul à pouvoir venir ici, il ne peut donc pas ne pas être au courant de ce qui s’y passe. »
- « Ou bien il a l’esprit embrumé, sous l’emprise de ‘Celui-Sans-Visage’. C’est un peu leur spécialité, chez Vecna », suggéra Aloïs, avant de s’interrompre brusquement sous le coup d’une soudaine intuition et de reprendre d’un air grave. « Une minute… Il ne serait pas aveugle, Grallak Kur ? »
- « Aucune idée », lui répondit Kalen. « On ne sait rien de lui, sinon qu’il est de la faction d’Erythnul et qu’il a des visions. Pourquoi cette question ? »
- « Parce que s’il est aveugle, on est dedans jusqu’au cou », poursuivit Aloïs, suivant le fil tortueux de sa pensée. « Dans ce cas, ce serait lui notre ‘aveugle apôtre’. D’ailleurs, un aveugle qui a des visions mystiques, c’est un grand classique, non ? »
- « Si tel est le cas, il faudrait le trouver et veiller à ce qu’il ne lui arrive rien », conclut Barnabé. « Parce que si lui aussi connaît sa ‘fin’, il va se passer quelque chose, et je doute que ce soit une bonne nouvelle. »
- « Bien. Nous avons tiré tout ce que nous avons pu du quatrain sur la mine », coupa Kalen avant que la discussion ne s’égare derechef dans une nouvelle volée de suppositions gratuites. « Je vous propose donc de procéder de même avec le second quatrain, celui sur le ver :

Le ver qui marche ronge le tréfonds du renégat,
Et fera jaillir du sang corrompu de la Taerre la triple abomination,
Qui du Héraut de l’Age de la Mort Rampante ouvrirait la voie.
Sous les pas des élus naît le chemin de la salvation. »

- « Et bien voila ! Maintenant on sait à quoi correspond la ‘triple abomination’. C’est l’alliance entre les trois divinités dont parle Theldrick », affirma Hélebrank, sûr de lui. « Par contre, je ne vois pas à quoi rime cette histoire de sang corrompu. »
- « Moi, ça me fait penser au liquide noir dans le grand bassin qu’on a vu dans la nef de la cathédrale de Vecna », suggéra Aloïs. « Du sang pourri, ça peut être noir, non ? »
- « Je pense que c’est le bon moment pour aller voir cela de plus près », proposa Barnabé. « De toute façon, nous avons fait le tour de ce complexe, et il ne contient aucune issue secrète. S’il y a deux autres temples, c’est forcément là-bas dans la nef, ou ailleurs dans la mine. »

Sovereign Court

C'est vraiment interessant a lire. J'avais joue cette campagne jusqu'a la quatrieme aventure, et je ne me souviens pas d'avoir eu autant d'information durant la 2e. Est-ce que c'est toi qui a rajoute autant d'info?

Aussi, je ne me souviens pas que Theldrick soit mort d'une facon bizarre, mais en fait peut-etre qu'on l'avait capture "vivant"? Ca fait trop longtemps...

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