Age de la Mort Rampante (AoW in french and in Greyhawk, Hero System)


Campaign Journals

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Moonbeam wrote:
C'est vraiment interessant a lire. J'avais joue cette campagne jusqu'a la quatrieme aventure, et je ne me souviens pas d'avoir eu autant d'information durant la 2e. Est-ce que c'est toi qui a rajoute autant d'info?

Oui da, les quatrains sont de ma composition. Je trouvais très étrange que l'église d'Heironéous (dont un PC fait partie) reste les bras croisés alors qu'elle est censée avoir envoyé en ville un prêtre puissant (Niveau 9!) pour enquêter sur la disparition du précédent Parangon. Les PNJ qui bullent sans raison sont mauvais pour la crédibilité du scénario...

Au même titre que le fantôme d'Alastor, qui doit en principe faire deux apparitions dans la campagne mais est tragiquement sous exploité, j'utilise ces ajouts pour 1) mettre plus de liant dans la campagne, dont le fil est parfois ténu; 2) indiquer clairement qu'il y a bien un lien entre les deux scénars, même si les PJ ne sauront précisément lequel qu'en lisant les prophéties liées à l'avènement de l'Age de la Mort Rampante, bien plus tard; 3) annoncer la suite subtilement (contrairement à ce que les PJs croient, certains passages peuvent faire référence à des scénarii à venir).

Moonbeam wrote:
Aussi, je ne me souviens pas que Theldrick soit mort d'une facon bizarre, mais en fait peut-etre qu'on l'avait capture "vivant"? Ca fait trop longtemps...

Ajout de ma part également. Dans sa version intiale, Three Faces of Evil est un très mauvais scénario, bourré de bugs et de fautes logiques. Les trois temples sont immédiatement accessibles (avec un panneau au dessus des portes portant leurs symboles, pour les mal-comprenants) et le gros méchant apparaît sans raison apparente lorsqu'ils ont été tous les trois nettoyés, au moment de reprendre l'ascenseur vers la mine. Youpi...

Dans ma version, Theldrick et Grallak Kur se sont fait avoir par le Sans Visage, et leur âme est liée à la Triple Abomination de telle façon que 1) ils seraient morts lors de sa "naissance", imminente; 2) leur mort prématurée peut provoquer cette naissance de façon prématurée (à coup sûr si les deux meurent, à 50% si un seul décède); 3) leur vie ne tient plus qu'à un fil (dans le cas de Theldrick, perdre conscience a suffi à enclencher le processus de consomption de son âme).

Comme on le verra plus tard, le Sans Visage a réussi à échapper à mes PJs et s'est chargé de liquider lui-même Grallak Kur pour provoquer l'éclosion.


Avant de mettre en œuvre cette proposition, à la demande insistante d’Hélebrank, les compagnons inspectèrent d’abord les caisses de matériel entreposées dans l’une des pièces de l’entrée pour s’assurer qu’elles ne contenaient aucun élément susceptible de compromettre Maître Bélabar, conformément à l’engagement pris envers lui. Ils n’en trouvèrent aucun : manifestement, le magnat avait trop de bon sens pour livrer des marchandises sensibles dans des caisses frappées de son sceau, ou pour y glisser des bons de livraison établis à son en-tête.

Une fois cette tâche fastidieuse accomplie, ils revinrent à la noire Cathédrale de Vecna, qu’ils n’avaient guère eu le temps d’examiner en détail lors de leur arrivée au pas de charge. Pénétrer dans la vaste nef, dont les murs de basalte poli flanqués de minces colonnes se rejoignaient en ogive aplatie loin au dessus de leurs têtes, leur donna à nouveau l’impression d’entrer dans la cage thoracique d’une bête aux dimensions colossales.

A l’exception de Khalil qui préféra partir en solitaire vers la faille qui s’ouvrait dans le sol à l’autre bout de la nef, le gros de la troupe se dirigea ensuite vers la droite en direction de la large abside circulaire. La puanteur qui se dégageait du liquide noir contenu dans le vaste bassin carré érigé en son centre se fit de plus en plus insupportable au fur et à mesure de leur approche.

Aloïs pointa du doigt les trois paliers qui segmentaient l’escalier qui s’élevait le long du mur extérieur de l’abside vers son plafond, situé près de quinze mètres plus haut, et fit observer qu’ils étaient du même nombre que les cultes maléfiques, et jouaient peut-être un rôle dans les « cérémonies d’infusion » mentionnées par Theldrick. Les symboles ésotériques tracés à la craie et à moitié effacés, parsemés de résidus de cire noire, qu’il trouva sur chacun des paliers cautionnèrent cette théorie.

Le liquide noir irradiait un froid surnaturel. Les bulles qui éclataient à sa surface en libérant un gaz méphitique paraissaient peut-être un peu plus nombreuses qu’auparavant, pour autant que les compagnons pouvaient en juger au vu de la brièveté de leurs précédentes observations. Kalen tenta d’en savoir plus par une Détection de la Magie. Il tomba aussitôt à la renverse, raide comme un piquet. Une fois ranimé par une paire de claques amicales, il put confirmer à ses compagnons qu’émanait du liquide une aura magique d’une puissance incroyable, aura dont il n’avait pu malheureusement déterminer le type avant que son esprit ne décide prudemment de fermer boutique un instant pour éviter la surcharge.

Mathieu décela également une sourde aura maléfique émanant du bassin. Du coup, Hélebrank renonça à son projet de faire trempette, et retourna au temple récupérer l’un des épieux des cultistes d’Hextor. Il sonda le bassin avec, sans parvenir à en toucher le fond. Mais ce faisant, il constata avec surprise que le liquide noir ne laissait aucune trace sur la hampe de l’épieu malgré sa très grande viscosité, évoquant celle d’un sirop épais.

Pour tenter de prélever un échantillon et en avoir le cœur net, il se confectionna une épuisette de fortune en fixant une demi cuirasse à peu près intacte à l’extrémité de son épieu. Mais rien à faire : malgré de multiples tentatives, le liquide noir refusa obstinément de se laisser puiser, s’échappant toujours pour rejoindre le bassin au mépris des lois physiques.

Suite à la proposition d’Hélebrank de mettre le feu au liquide, juste pour voir s’il était inflammable, ce fut Mathieu qui explosa :

- « C’est pas bientôt fini les conneries !? », chuchota t’il d’un ton furieux. « Ca ne vous évoque rien, l’idée qu’il y a à proximité deux cultes maléfiques qui pourraient à tout moment nous tomber sur le dos sans crier gare, pendant que vous perdez votre temps à barboter ? Faudrait peut-être se décider à y aller, maintenant ! »
- « C’est avec le sourire que le sage accueille l’ennemi qui vient à lui. Ainsi, il s’épargne la fatigue du voyage », contra Khalil, revenu juste à cet instant.

Le moine leur fit alors le récit de son examen de la faille, qui en fait n’était pas fermée mais se prolongeait par un étroit boyau s’enfonçant dans les profondeurs. Bien que complètement néophyte en la matière, il avait aussi eu la chance de trouver à proximité une empreinte de pied nu magnifiquement conservée par une petite étendue de terre meuble. De toute évidence, le pied en question devait avoir appartenu à un humanoïde, mais tant ses proportions que le nombre réduit d’orteils et leur disposition excluaient qu’il eût pu s’agir d’un humain ou d’une race proche.

Une fois informés de cette double trouvaille, les compagnons en déduirent que le boyau devait probablement mener au repaire des adorateurs d’Erythnul, ceux-là même que Theldrick qualifiait de « non-humains barbares » dans son journal, et décidèrent donc de poursuivre leurs explorations de ce côté puisque leur but du moment était de trouver Grallak Kur.

Ils allaient enfin se mettre en branle lorsque Hélebrank souleva une nouvelle objection.

- « Et si on allait plutôt faire notre rapport à ton temple ? » proposa t’il en s’adressant à Mathieu. « On devrait maintenant avoir assez d’éléments pour qu’ils prennent l’affaire en main, non ? »
- « Hors de question ! », protesta Kalen. « Comme tu te complais souvent à nous le rappeler, c’est nous et nous seuls qui avons pour destin de contrer l’Âge de la Mort Rampante. Le lien avec ce qui se passe ici n’est pas encore évident, mais il doit exister. »
- « Sans compter que nous sommes sur une propriété privée », rappela Barnabé. « Comme pour l’observatoire, qui nous a valu tant d’ennuis. Il n’est pas dit que la garnison, qui n’a aucune autorité en ville, puisse intervenir de son propre chef. Et s’il faut en passer par le Gouverneur-Maire et le Bailli Cubbin… »
- « Mais vous allez la fermer, une bonne fois pour toutes ? » tempêta Mathieu, se laissant malgré lui entraîner dans la discussion. « Vous êtes tous à côté de la plaque. Nous ne sommes pas dans le même cas qu’avec le nécromant : les cultes maléfiques sont prohibés sur le territoire de la Cité de Greyhawk depuis des siècles. Donc il y a ici largement de quoi justifier une intervention des autorités. Mais ce n’est pas la question : il ne s’agit pas d’appeler la cavalerie, juste d’aller au rapport. Je vous rappelle que nous nous sommes tous engagés auprès de Maître Bélabar à faire le ménage nous-mêmes, et je compte bien respecter ce serment dans la mesure du possible. Je sais que le Parangon Valkus ne bougera pas si on le lui demande. Mais cela lui permettrait de rassembler des renforts pour prendre la suite, au cas où. Tout ce qu’il nous faut, c’est un volontaire pour ressortir de la mine, quelqu’un de rapide et de discret... » acheva t’il avec un regard appuyé sur Barnabé.
- « Ah non ! On ne va pas se séparer, en plus ! », protesta Aloïs au non des sacro-saints principes du bon aventurier.
- « Franchement, j’aurais moins de mal à y arriver tout seul… » le rassura le hobniz. « Moi, ce qui m’inquiète, c’est que depuis le temps que nous sommes ici, les gardes que nous avons drogués ont inévitablement du été découverts, et que cela a du éveiller les soupçons. Qui sait ce qui se passe là haut ? »
- « Ils peuvent venir, je les attends. Avec le monte-charge, ils ne pourront descendre que par petits groupes », fanfaronna Khalil en appuyant ses dires d’un moulinet de son bâton.
- « Ce n’est pas le problème… Ceux qui sont informés de ce qui se trame dans cette mine, c’est-à-dire au moins Ragnolin et sans doute quelques complices, ont probablement du prendre leurs dispositions pour empêcher toute intrusion en ces lieux… ou du moins pour éviter que des intrus n’en ressortent vivants pour les dénoncer. Il n’est pas dit que même Barnabé puisse passer si facilement », expliqua patiemment Kalen, tandis que le hobniz hochait vigoureusement la tête pour marquer son approbation.

Ils discutèrent encore quelques instants avant de renoncer à envoyer un messager à la surface, ne souhaitant en définitive ni continuer sans Barnabé, ni attendre le temps nécessaire à ce qu’il fasse le trajet aller et retour. Puis ils se mirent solennellement d’accord pour que, en cas de coup dur, au moins l’un d’entre eux s’empare du Sac de Contenance dans lequel tous les éléments de preuve avaient été collectés et tente une percée vers la surface.

- « C’est bon, maintenant ? On peut y aller ? », demanda Mathieu sur un ton d’une douceur forcée.
- « Non pas tout à fait », rétorqua Barnabé, au grand désespoir du paladin. « Nous n’avons rien trouvé au niveau du sol, mais reste à passser l’escalier au peigne fin. Cela ne prendra qu’un instant. »

La méticulosité des compagnons fut récompensée par la découverte d’une porte secrète au niveau du troisième palier, le plus élevé. Cédant à une impulsion par trop répandue chez les aventuriers de tous poils, ils décidèrent de l’ouvrir « juste pour voir » avant de retourner vers la faille. Quel mal pouvait-il y avoir à jeter rapidement un oeil ?

Sovereign Court

Smarnil le couard wrote:
« C’est pas bientôt fini les conneries !? »

J'apprecie beaucoup le langage tres cru des personnages... :)

Sovereign Court

Smarnil le couard wrote:
Oui da, les quatrains sont de ma composition. Je trouvais très étrange que l'église d'Heironéous (dont un PC fait partie) reste les bras croisés alors qu'elle est censée avoir envoyé en ville un prêtre puissant (Niveau 9!) pour enquêter sur la disparition du précédent Parangon. Les PNJ qui bullent sans raison sont mauvais pour la crédibilité du scénario...

Je suis bien d'accord avec toi, je n'aime pas quand des PNJs de haut niveau restent completement passifs dans les aventures. Malheureusement, c'est souvent le cas dans les aventures de Paizo (un de leurs rares points faibles, selon moi). Je crois que leur decision de design est que les PJs doivent etre les heros (ce qui est bien), mais je trouve que quand les PJs font TOUT et les PNJs ne font RIEN, ca cree chez les joueurs un sentiment d'ultime superiorite ou tous les PNJs tombent dans 2 categories: 1) des mechants qu'il faut tuer, ou bien 2) des pauvres minables qui sont gentils mais bons a rien, et qu'il faut toujours sortir du petrin. Je n'aime pas ca. Idealement, je trouve que les aventures devraient etre concues avec suffisament de choses a faire que les PJs ont leur glorieuse aventure, mais sachent que "behind the scenes", les PNJs haut niveau contribuent aussi activement a regler la situation.

En effet, il semble qu'a la base, la 2e aventure n'est pas tres bonne. Je ne l'ai pas lue, mais je sais que mon DM avait change beaucoup de choses pour l'ameliorer. Meme chose pour la suivante, d'ailleurs. Il parait que ca devenait meilleur plus tard, mais helas, on n'a jamais depasse la 4e.


Moonbeam wrote:
Je suis bien d'accord avec toi, je n'aime pas quand des PNJs de haut niveau restent completement passifs dans les aventures. Malheureusement, c'est souvent le cas dans les aventures de Paizo (un de leurs rares points faibles, selon moi).

Yep. C'est assez général, comme postulat de départ... A leur décharge, c'est assez difficile de trouver des prétextes valables pour que les PNJ interviennent sans prendre de suite la vedette.

Moonbeam wrote:
En effet, il semble qu'a la base, la 2e aventure n'est pas tres bonne. Je ne l'ai pas lue, mais je sais que mon DM avait change beaucoup de choses pour l'ameliorer. Meme chose pour la suivante, d'ailleurs. Il parait que ca devenait meilleur plus tard, mais helas, on n'a jamais depasse la 4e.

La troisième est moins "pourrie" de défauts que la seconde, mais il y a quand même plusieurs bugs majeurs à régler: 1) comment ça, vous nous aviez caché que depuis des mois vous aviez un mort-vivant à la cave ? Vous êtes timide, c'est ça? 2) mais où diable sont les autres membres de la tribu, y'a que des guerriers ? 3) le timing déplorable du shaman pour proposer une alliance.

Par la suite, c'est surtout le lien entre les scénars qui sont capillotractés (d'où la mise en place des prophéties et d'Alastor pour renforcer le lien, et des éléments semés dès l'écriture du background des persos).


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UN AFFREUX EVENEMENT
(séance du 10 décembre 2010)

3ème Jour de la Lune du Mois des Semailles
de l’Année Commune 595 (fin de matinée)
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Les compagnons eurent tout de même la présence d’esprit de renouveler celles de leurs protections magiques qui s’étaient dissipées depuis leur assaut sur le temple d’Hextor et de prendre les précautions d’usage. C’est donc les armes à la main et toutes lumières éteintes, hormis les lueurs fantomatiques émises par leurs Armures de Mage, qu’ils firent jouer le mécanisme d’ouverture de la porte secrète.

Derrière celle-ci, au-delà d’un court passage, s’étendait un large couloir plongé dans l’obscurité la plus complète, au sol recouvert du même motif de dalles octogonales et carrées que celui de la cathédrale. Plus curieusement, ses murs sombres et lisses étaient piquetés de petites protubérances hémisphériques disposées de façon irrégulière, comme si le mur avait contracté une sorte de vérole minérale. Au centre du couloir, s’élevaient tous les deux mètres de fines colonnes de marbre dont les veines d’un vert bilieux légèrement phosphorescent constituaient la seule note de couleur dans l’univers monochrome de la Vision Nocturne.

Nota Bene:
Non seulement j'ai modifié le plan pour placer le repaire du gros méchant derrière une porte secrète dans la cathédrale, au lieu de le coller derrière une porte clairement marquée avec le symbole de son dieu comme prévu dans le scénario, mais j'ai aussi scratché le labyrinthe rempli de kenkus ninjas, de belettes géantes et de portes secrètes à ouverture automatique. Il y a des limites au supportable...

Depuis le seuil, les compagnons procédèrent à leurs vérifications habituelles. Barnabé ne trouva aucun piège. Kalen constata que les lieux étaient entièrement baignés d'une aura indéfinissable de magie divine, et que les piliers en particulier dégageaient une puissante aura magique de Sorcellerie. Mathieu précisa que les lieux étaient en outre maléfiques.

Hélebrank essaya ensuite d’arracher l’une des protubérances du mur par télékinésie, sans succès. Manifestement, elles étaient soit bien accrochées, soit taillées dans la masse. De son côté, Kalen nota une nouvelle fois que durant cette tentative Hélebrank n’avait émis aucune radiation magique décelable.

A titre de précaution, Kalen proposa à ses compagnons de renforcer leurs défenses par un sort de Résistance à la Magie, l'une des dernières nouveautés de son répertoire. Il leur précisa toutefois que la protection qui leur serait ainsi conférée contre les attaques magiques (et notamment celles dirigées contre leur esprit, typiques de la Sorcellerie) serait de courte durée et assez faible, mais toujours préférable à leur vulnérabilité actuelle. Tous acceptèrent son offre, à l'exception de Mathieu qui préféra se lancer une Protection contre le Mal.

Une fois ces préliminaires accomplis, Khalil posa prudemment un pied dans le passage, au-delà du seuil de la porte secrète. Rien ne se passa ; il expira bruyamment. Puis, avançant d’un pas puis d’un autre, il passa rapidement la tête dans le couloir. Il put ainsi constater que celui-ci avait en fait la forme d’un « L », et s’étendait sur une dizaine de mètres non seulement face à lui mais aussi sur sa gauche. Dans chacune de ces deux branches étaient alignées quatre fines colonnes, régulièrement espacées.

En tendant l’oreille, il lui sembla percevoir une sorte de murmure dont il ne put précisément déterminer la nature ou la provenance. Une large ouverture dans le mur de l'une des branches du couloir retint plus particulièrement son attention. Il décida d'en faire son prochain objectif.

Il revint tenir un rapide conciliabule avec Mathieu et Aloïs puis, une fois leur plan arrêté, repartit à grandes foulées dans le hall sans un regard derrière lui. Mathieu le suivait à quelques pas de distance, de façon à ne pas risquer de le bousculer s’il devait s’arrêter brusquement. Derrière eux, comme convenu mais peut-être un peu trop tôt, Aloïs tira de son sac à dos l’une des Torches Eternelles récupérées précédemment. Sa lumière, qui parut d’autant plus éblouissante aux compagnons que leur séjour dans les ténèbres avait été long, jaillit dans le couloir, illuminant en plein le moine et le paladin. Aussitôt, les murmures leur semblèrent se faire plus forts.

Mais déjà Khalil avait atteint sa destination et, s’engouffrant dans l’ouverture, constata qu’elle donnait dans une sorte de temple. Les murs étaient faits d'une étrange pierre verte dont les veines mauves semblaient animées d'une vie propre. Une travée centrale, délimitée par deux rangées de trois piliers, menait jusqu'à un autel de basalte adossé au mur du fond, juste en face de lui. Les piliers étaient eux-mêmes d'un aspect peu engageant : faits d'une matière noire mate, semblable au goudron, ils avaient été sculptés par un esprit malade de façon à donner l'impression que des mains se pressaient de l'intérieur contre leur surface, comme pour s'en échapper. Une odeur piquante aux relents métalliques empuantissait la pièce.

Le moine n'eut toutefois que peu de temps à consacrer à la contemplation des lieux, car face à lui flottait au dessus du sol la source du murmure entendu plus tôt, une créature difficilement descriptible : l’on aurait dit une sorte de grande cape faite de ténèbres s’effilochant en filaments fuligineux, dont le capuchon s’ouvrait sur un puits de noirceur. Sa simple présence faisait mal aux yeux, aussi c’est avec soulagement que Khalil reporta son regard sur deux individus de carrure humaine positionnés de part et d’autre de l’autel, qui avaient pour eux d’avoir les deux pieds en contact avec le dallage et de ne pas laisser voir le mur derrière eux par transparence. Ils étaient revêtus de toute la panoplie du Mage d’opérette, grandes robes pourpres à capuche et voiles de mousseline noire dissimulant leur visage.


Smarnil le couard wrote:
La troisième est moins "pourrie" de défauts que la seconde, mais il y a quand même plusieurs bugs majeurs à régler: 1) comment ça, vous nous aviez caché que depuis des mois vous aviez un mort-vivant à la cave ? Vous êtes timide, c'est ça? 2) mais où diable sont les autres membres de la tribu, y'a que des guerriers ? 3) le timing déplorable du shaman pour proposer une alliance.

I didn't think there was much wrong with "Three Faces of Evil" except for the weird relationship between the three temples (they just sit there and do their own thing and ignore each other?).

I thought "Encounter at Blackwell Keep" (which we've just finished) was less interesting. You fight some lizard men, yadda yadda yadda, then you fight a token enemy at the very end to drag you back to the main plot. Yawn.

Sovereign Court

C'etait quoi l'evenement affreux? Je m'attendais a ce qu'un des personnages meure. ;) (non pas que ca m'aurait fait plaisir)

Spoiler:
Yeah, the maze with the "special" secret doors was silly. I think my DM played it as written in the book, but he told me "I know, this is silly, please go along with it", so I did. ;)


hogarth wrote:

I didn't think there was much wrong with "Three Faces of Evil" except for the weird relationship between the three temples (they just sit there and do their own thing and ignore each other?).

I thought "Encounter at Blackwell Keep" (which we've just finished) was less interesting. You fight some lizard men, yadda yadda yadda, then you fight a token enemy at the very end to drag you back to the main plot. Yawn.

Hi there!

Part of it is taste-dependant, of course, but I OPed a whole thread on the weak parts of TFoE here.

Mostly, it's about the Ebon Triad role (they are basically useless, except as a nod to Schackled City), the illogical actions taken by Smenk, and the layout of the dungeon (three readily accessible parts, but the three cults don't lend support to each other as you rightly underscored).

I did some rehauling on EaBK too. We will start to play it next month.


Moonbeam wrote:

C'etait quoi l'evenement affreux? Je m'attendais a ce qu'un des personnages meure. ;) (non pas que ca m'aurait fait plaisir)

** spoiler omitted **

Affreux évènement, par opposition à un heureux évènement. A la fin, il y a une naissance, et le bébé n'est vraiment pas beau!

Pas de morts, hélas. J'ai joué de malchance avec mes PNJ, et les joueurs ont à l'inverse eu une veine de pendus. Aucun combat n'a duré plus de douze secondes de temps de jeu : un vrai massacre!!

Sovereign Court

Ouais, je croyais que l'affreux evenement allait etre dans ce log-ci. :)

Pauvre gars sans visage, il a du pleurer de chaudes larmes...
Oh non, c'est vrai, il n'a pas de visage!

Les grimlocks ont du voir rouge...
Oh non, c'est vrai, ils sont aveugles!


Moonbeam wrote:

Ouais, je croyais que l'affreux evenement allait etre dans ce log-ci. :)

Pauvre gars sans visage, il a du pleurer de chaudes larmes...
Oh non, c'est vrai, il n'a pas de visage!

Les grimlocks ont du voir rouge...
Oh non, c'est vrai, ils sont aveugles!

Toi, tu es mûr pour jouer à ma table... C'est exactement le genre d'humour dont m'abreuvent mes joueurs, en dépit de mes efforts pour instaurer une ambiance.

Dans le même genre, j'ai eu droit à une chorale de "pas de bras, pas de chocolat", lorsqu'un pauvre Mage a perdu un bras sous la hache du paladin.


Dès qu’elle aperçut les intrus, la créature ectoplasmique se rua sur eux. Son murmure se mua en un babillage incohérent, incessant, qui déferla dans la salle comme une vague chaotique de pensées disjointes. L’esprit discipliné de Khalil la surmonta comme un navire de haute mer l’aurait fait d’une petite houle, en tanguant à peine. Tout juste se fit-il la réflexion que ce bruit devait sans doute être agaçant à la longue…

- « Celui-là est pour toi ! » cria t’il à l’intention de Mathieu, tout en faisant un pas de côté pour esquiver la charge du spectre.

Puis, poussant un cri de guerre, il poursuivit sa course vers l’un des Mages, qui tous deux esquissaient le même geste pour prendre quelque chose à leur ceinture. Khalil chargea celui de gauche, et cette belle démonstration de combat synchronisé fut réduite à néant par l’impact de l'extrémité ferrée de son bâton, tenu comme une lance.

A la grande surprise du moine, s’il entendit nettement quelques os se rompre, son adversaire ne manifesta aucunement sa douleur, que ce soit par une plainte ou par un simple réflexe de défense. Un sac de sable n'aurait pas été plus stoïque. Sa seule réaction fut d’interrompre son geste pour prendre une pincée de poudre colorée dans sa poche à composantes. Une fraction de seconde plus tard, et sans prononcer la moindre incantation, il invoqua et fit déferler sur Khalil les couleurs éblouissantes d’un sort de Jaillissement Chromatique. Heureusement, grâce à la protection que lui conférait le sort de Persistance Sensorielle fraîchement renouvelé par Kalen, celui-ci ne fut ni aveuglé ni étourdi.

Le second des Mages put achever son geste et boire sa potion. Une seconde plus tard naissait autour de lui les lueurs blanches et dansantes d’une aura de protection semblable à celle dont avaient bénéficié les gardes tieflings du temple d'Hextor, en plus puissant.

Redoublant d'efforts, Khalil enchaîna sur son adversaire encore quasiment immobilisé par la concentration deux terribles coups de son bâton ferré, un magnifique doublé droite-gauche qui ne parvint pas davantage à lui arracher la moindre réaction. Le moine commençait à se demander s’il ne s’était pas encore fourré dans de sales draps avec sa charge impétueuse…

Comme pour lui donner confirmation de cette intuition, le premier Mage joignit ses deux mains par les pouces, doigts écartés, déversant sur lui un torrent de flammes qu’heureusement ses défenses magiques absorbèrent en grande partie, et le second lui décocha un rayon incandescent qui le manqua de peu, mais creusa un cratère fumant de dimensions respectables dans le mur juste derrière lui.

Mathieu avait pris position à l’entrée de la salle pour recevoir dignement l’assaut de la créature ectoplasmique, que son savoir limité en matière de morts-vivants ne lui permit pas d’identifier comme étant un allip : l’esprit torturé d’un homme mort de sa propre main sous l’emprise de la folie, n’existant plus que pour faire partager son triste sort aux vivants. Avec l’aide de sa Protection contre le Mal, il parvint lui aussi à repousser les effets débilitants de son babillage incessant.

Il esquiva le premier coup de l’allip, mais constata ce faisant que ses mains griffues passaient au travers de son bouclier comme s'il n'existait pas. Haussant les épaules, il laissa tomber à terre cet accessoire inutile pour saisir sa hache à deux mains. Ses coups n’en seraient que plus dévastateurs.

Les effets du babillage de l’allip se firent également sentir sur les autres compagnons, qui bien que restés à l’extérieur sur le palier n’en étaient pas moins à portée d’oreille. Tous sentirent leurs pensées commencer soudainement à divaguer, et durent lutter pour rassembler leurs esprits. Les lanceurs de sorts devaient être plus vulnérables à cette attaque, car au final Aloïs fut le seul à conserver sa lucidité. Kalen commença à se balancer d’un pied sur l’autre en marmonnant des syllabes décousues. Hélebrank éclata de rire, pointant du doigt une chose que lui seul pouvait voir au dessus de la porte secrète. Quant à Barnabé, il se tâta le visage des deux mains comme s’il le découvrait pour la première fois, avant de se plonger avec fascination dans la contemplation d’une chose innommable extraite de l’une de ses narines.

Voyant qu’il ne pourrait compter que sur lui-même, Aloïs laissa choir son arc pour préparer épée et bouclier et se rua à l’attaque, désireux de ne rien perdre de l’action. Après tout, quel mal pouvait-il y avoir à laisser seules trois personnes en plein délire, juchées à douze mètres du sol sur une plate-forme dépourvue du moindre garde-fou ?

Sovereign Court

Smarnil le couard wrote:
Après tout, quel mal pouvait-il y avoir à laisser seules trois personnes en plein délire, juchées à douze mètres du sol sur une plate-forme dépourvue du moindre garde-fou ?

Ca serait certainement un "affreux evenement" si l'un d'entre eux tombait!


Smarnil le couard wrote:
"pas de bras, pas de chocolat"

I had to look this one up; we don't have this punchline in English. :-)


hogarth wrote:
Smarnil le couard wrote:
"pas de bras, pas de chocolat"
I had to look this one up; we don't have this punchline in English. :-)

No fingers, no hamburgers?


Doublant par la droite Mathieu et son adversaire ectoplasmique à l’entrée du temple, le jeune et fougueux aventurier courut prêter main forte à Khalil. Son arrivée coïncida avec le moment où le moine parvenait à terrasser le premier de ses adversaires, après cinq coups propres à estourbir un bœuf. Chemin faisant, Aloïs passa un peu trop près de l'un des piliers noirs, et l’une des mains qui se pressaient à sa surface en jaillit pour le saisir ; surpris, il ne parvint à l’éviter que d’extrême justesse. Faisant un pas de côté pour passer au large, il chargea le second des Mages et lui plongea son épée courte dans la poitrine jusqu'à la garde avant de la retirer d'un coup sec. La lame était vierge de sang, presque propre, et le Mage toujours debout... Du moins jusqu'à ce que Khalil, sautant sur l'autel sans trop penser aux possibles conséquences, ne le fasse tomber à terre d'un magistral balayage avant de lui briser mâchoire, larynx et cervicales d'un revers de bâton asséné de haut en bas comme le couperet d'une guillotine.

Au seuil du temple, Mathieu n’était pas resté inactif. Estimant non sans raison avoir affaire à un adversaire immatériel, il commença par réciter une prière pour enchanter le tranchant de sa hache. Aussitôt, les innombrables hémisphères qui parsemaient le mur du couloir s’ouvrirent simultanément, dévoilant autant d’yeux jaunes à la pupille fendue qui tous braquèrent leur regard reptilien sur le paladin…

L’allip profita de cette diversion pour tromper sa garde et lui effleurer le bras. A son grand soulagement, Mathieu constata que sa Protection contre le Mal le mettait à l’abri des effets mortifères du contact du mort-vivant. En retour, un prêté pour un rendu, il lui asséna un grand coup de sa hache dont le tranchant brillait désormais d’une vive aura argentée. Comme il s’y attendait, la matière ectoplasmique ne lui opposa qu’une faible résistance et se reconstitua aussitôt, comme s’il avait tenté de frapper un filet d’eau, ne laissant sur le sillage du fer de sa hache que quelques filaments effilochés pour témoigner des dommages causés par son attaque.

Frustré de ne pouvoir se nourrir de son esprit, l’allip se détourna de Mathieu et traversa le mur séparant le temple du couloir, puis celui séparant ce dernier de la cathédrale, où il trouva trois belles proies sans défense, toujours plongées dans un profond état de confusion mentale par son babillage. Un beau festin en perspective!

Il plongea ses griffes immatérielles dans le pauvre Kalen et commença de suite à dévorer son esprit, le faisant sombrer plus profondément vers la folie et la mort. Le Mage ne sembla pourtant se rendre compte de rien, continuant à chantonner une comptine en arborant un large sourire idiot. Les ombres ectoplasmiques dont était constituée l’allip se régénérèrent à vue d’œil, puisant l’énergie nécessaire dans la santé mentale dévorée.

Le mort-vivant aurait sans aucun doute continué à piller ce buffet gratuit pour reconstituer ses forces si Mathieu n’était pas arrivé à la rescousse, un peu retardé par son besoin de contourner les murs plutôt que de les traverser. Il chargea l’allip dès qu’il aperçut, bousculant Hélebrank pour l’écarter de son chemin. Sa hache enchantée fendit de biais la chair ectoplasmique, laissant derrière elle une trouée béante agitée de tourbillons.

Presque simultanément, peut-être grâce à la bourrade dont l’avait gratifié Mathieu, le voile épais qui avait embrumé l’esprit d’Hélebrank se dissipa brusquement. Non seulement il ne parvenait plus à se rappeler de ce qu’il y avait de si drôle au dessus de la porte, mais en plus il prit conscience de la présence à quelques pas à peine d’une monstruosité ténébreuse, manifestement animée de mauvaises intentions, ce qui acheva tout à fait de le dégriser.

Il avait déjà le doigt pointé, le bras en l’air. Tirant le meilleur parti de cette posture assez ridicule, il pivota sur lui-même pour décharger à bout portant sur l’allip un Rayon d’Energie incandescent qui l’atteignit en plein centre et acheva de le disséminer en fines volutes, façon puzzle. Le silence revint aussitôt, libérant Kalen et Barnabé de l’emprise du babillage psychotrope de la créature.

Mais les compagnons n’eurent pas droit au moindre répit. A peine les dernières bribes de l’allip s’étaient elles dissipées dans l’Ether, qu’Aloïs entendit derrière lui le léger grincement d’un gond de porte. Il venait tout juste de s’avancer d’un pas vers une sorte de petite réserve attenante au temple, remplie à ras bord de caisses, dans l’intention de vérifier qu’aucun autre adversaire ne s’y dissimulait. Il fit aussitôt volte-face, et eut ainsi le privilège (car Khalil, occupé à s’assurer que les deux Mages étaient bel et bien neutralisés, n’avait quant à lui rien entendu) de voir surgir de nouveaux ennuis d’une porte située sur sa gauche, à l’autre bout du temple.


De son point de vue, le principal de ces ennuis était sans doute une scolopendre géante de près de trois mètres de long, probablement d’origine extraplanaire si l’on en croyait sa carapace hérissée d’épines barbelées écarlates et ses yeux brillant d’une vive lueur rouge, qui déjà lui fonçait dessus de toute la vitesse de ses innombrables pattes en faisant claquer ses mandibules démesurées, dégoûtantes de venin. Du coup, il ne prêta qu’une attention limitée aux trois silhouettes qui sortirent à sa suite pour prendre position juste devant le seuil de la porte : deux Mages vêtus de robes pourpres, jumeaux de ceux déjà rencontrés, encadrant une troisième silhouette nettement plus fluette, vêtue de riches robes vertes brodées d’or et portant une cagoule de cuir ouvragé.

- « Sandwich ! » hurla Aloïs, espérant par cette exclamation sibylline réussir à faire comprendre à ses compagnons restés à l’extérieur la nécessité de prendre à revers l’ennemi, sans révéler à celui-ci la teneur de cette fine stratégie.

Naturellement, tout ce qu’il aurait obtenu c’est au mieux de leur tirer un ricanement, et au pire de semer la confusion parmi eux si le Mage masqué n’avait pas lui-même trahi sa présence en incantant d’une voix forte. Manifestement, à la différence de ses sbires, il n’était pas muet.

Mais déjà la scolopendre était sur Aloïs, le contraignant à des efforts désespérés pour échapper à ses mandibules claquantes, alors qu’un rayon d’une brillance aveuglante jailli de la main du Mage masqué le ratait de peu. Il se fit la réflexion que ce dernier semblait assez bien correspondre au sobriquet de « Celui-Sans-Visage » ; cette supposition se révéla par la suite être fondée.

Khalil avait à peine eu le temps de se relever pour faire face aux nouveaux arrivants qu’il fut à son tour pris à partie par la scolopendre géante, en quête d’une proie plus facile. Il tenta sans succès d’esquiver l’attaque fulgurante de la créature, dont les mandibules se refermèrent sur son épaule, perçant son Armure de Mage. Les premiers effets du venin paralysant se firent rapidement sentir, lui brûlant les veines et provoquant de violentes crampes musculaires sur son passage.

Sur le palier, Mathieu fut le premier des compagnons à réagir, dévalant au trot le couloir pour retourner chercher son bouclier là où il l’avait laissé tomber au sol, juste en face de l’entrée du temple, ce qui le plaça à quelques pas seulement du groupe des nouveaux venus.

Il put ainsi constater de visu qu’ils étaient venus bien préparés : tous trois étaient entourés d’une aura blanche tourbillonnante, suite à leur consommation de Potions de Bouclier quelques instants plus tôt. En outre, le freluquet qui semblait être leur chef était également revêtu du harnois diaphane, faits de champs de force bleutés, caractéristique d’un sort d’Armure de Mage, et portait autour du cou ce que le paladin prit tout d’abord pour une mince écharpe rouge à gros pompons d’un goût douteux. Lorsque cette chose s’anima, braquant dans sa direction l’un de ses globes oculaires terminaux d’où jaillit un mince rayon bleu qui lui frôla la tête, le doute ne fut plus permis : il s’agissait bien d’un Strangulateur Furtif, une créature magique artificielle dont les compagnons avaient déjà affronté un exemplaire dans les profondeurs du Cairn aux Murmures.

- « Y’a du monde ! » cria Hélebrank, qui avait suivi Mathieu mais, plus prudent, était resté un peu en retrait abrité derrière une colonne et n’avait donc rien vu d’autre que le rayon. Enoncer ainsi tout haut ce que tout le monde avait déjà compris lui permit d’égaler la performance d’Aloïs en matière de déclaration inutile.

La réaction du Sans Visage à la présence d’un second groupe d’intrus derrière lui, dans le couloir d’accès, fut aussi expéditive que spectaculaire. Saisissant dans ses doigts gantés une petite boulette jaunâtre, il prononça la formule d’un sort de Boule de Feu. Un globe de lumière orangée de la taille d’un pamplemousse jaillit de sa main tendue pour aller s’écraser contre le mur opposé du couloir, qui en un instant fut parcouru d’un bout à l’autre par un mur de flammes ronflantes. Dans ces lieux exigus, il ne pouvait éviter de subir lui-même un retour de flammes, mais semblait s’en moquer éperdument. Hélas, il joua de malchance : suite à une fluctuation éthérée imprévisible, ce qui aurait du être un enfer brûlant ne fut qu’un petit coup de chaud dont les compagnons sortirent complètement indemnes, et hilares.

NB:
POur vous donner une idée, la dite boule devait faire quelque chose du genre de 2d6 de dommages létaux (nous jouons avec les règles du système Hero), soit l'équivalent d'une balle de .357 Magnum à bout portant ou d'un grand coup d'espadon. En principe, pas de quoi rire... Sauf lorsque l'on fait 3 sur 2d6, suivi d'un 1 sur le multiplicateur de choc.

Un point pour l'équipe des visiteurs...

Mathieu entreprit de se frayer un chemin jusqu’au Sans Visage à coup de hache tel un explorateur dans une jungle inextricable, sauf qu’en guise de liane il fendit l’un des Mages de l’épaule au sternum. Celui-ci accusa le coup, mais ne s’effondra pas.

Son confrère répliqua par un nouveau Jaillissement Chromatique, ignorant que le sortilège de Persistance Sensorielle dont bénéficiaient les compagnons rendait une telle attaque presque sans effet.


Kalen et Barnabé, qui étaient restés en arrière le temps de se lancer divers sorts de soutien et de protection, rejoignirent à leur tour le lieu des combats, arrivant presque en même temps sur le seuil du temple. Comme à son habitude, Kalen commença par se lancer un sort de Coup Parfait pour maximiser la précision de ses tirs. Le hobniz préféra prendre le temps d’évaluer posément la situation avant d’agir. Il ne se faisait guère de souci pour Mathieu, même seul face à trois Mages, d’autant plus qu’Hélebrank était à l’instant même en train de se positionner pour bénéficier d’un meilleur angle de tir et rééquilibrerait bientôt le rapport de forces. La situation au fond de la pièce était autrement plus préoccupante : Aloïs et Khalil étaient aux prises avec une créature venimeuse, et ne semblaient pas avoir le dessus. Manifestement, l’épée courte du premier ne parvenait pas à venir à bout de l’épaisse carapace chitineuse de la scolopendre, et les mouvements du second, blessé à l’épaule, étaient anormalement lents et saccadés. Il en tira la conclusion qui s’imposait, et décida d’aller de suite lui porter secours en longeant le mur du temple, aussi loin du combat que possible pour ne pas risquer d’attraper un mauvais coup.

- « Barnabé ! Attention au bras ! » lui cria Aloïs depuis l’autre bout de la salle, voyant qu’il allait passer juste à côté de l’un des piliers noirs et réalisant subitement qu’il avait omis d’aviser quiconque de sa précédente mésaventure avec ceux-ci.
- « Hein ? Quoi ? Quel br… AAAAAhhh ! » glapit le hobniz en esquivant la main surgie du plus proche pilier pour tenter de le saisir au passage, ce qui lui fit perdre de précieuses secondes.

A quelques pas de là, Mathieu poursuivit son œuvre de destruction, défonçant la poitrine du Mage qu’il avait déjà entamé d’un second coup de hache. Sa victime bascula en arrière, hors de combat.

Le Sans Visage vit clairement que l’affaire était très mal engagée. Contre toute attente, les quelques malheureuses secondes employées à se préparer à la bataille avaient suffi pour que ces intrus anéantissent ses premières lignes de défense. Normalement, il aurait dû surgir pour les prendre à revers et faire office de marteau sur l’enclume : au lieu de cela, c’est lui qui se retrouvait en plein cœur de la mêlée, cerné par des ennemis supérieurs en nombre. Or il ne pouvait se permettre d’échouer, pas si près du but…

Tournant les talons, il prit la fuite par la porte d’où il était sorti. Le dernier de ses acolytes fit un pas de côté pour en barrer l’accès, se sacrifiant pour protéger ses arrières. Mais il ne fut pas assez rapide pour arrêter Hélebrank, qui trompa sa vigilance par une roulade magnifiquement exécutée avant de s'élancer à la poursuite du Sans Visage. On l’entendit pousser des exclamations, exhortant sa proie à revenir et le traitant de lâche.

Pas assez agile pour contourner l’obstacle de cette manière, Mathieu s’en tint à une méthode maintes fois éprouvée, qui avait ses faveurs en toutes circonstances : la force brute. L’un des bras du second Mage tomba à terre, tranché net.

NB:
Choeur unanime de mes joueurs : "pas de bras, pas de chocolat!"

Juste derrière lui, pointant un carreau d’arbalète vers la scolopendre, Kalen prononça l’incantation d’un sort de Projectile Télékinétique. A l’autre bout de la pièce, Khalil vit devant lui le thorax du scolopendre exploser dans un geyser d’entrailles puantes et fumantes. Un amas gluant le recouvrit de la tête aux pieds tandis qu’un objet heurtait violemment le mur à quelques centimètres de son oreille. Kalen avait fait mouche : l’angle de pénétration de son projectile était tel que l’arthropode monstrueux avait été éviscéré sur près d’un tiers de sa longueur, le tuant net. Un instant plus tard, sa carcasse explosa en un nuage de vapeurs soufrées, retournant vers son enfer natal en laissant derrière elle un Khalil à nouveau immaculé mais l’estomac au bord des lèvres.

Le dernier Mage, apparemment insensible au fait d’être désormais seul face à une nuée d’intrus hostiles, esquissa les mouvements d’un nouveau sort avec la seule main qui lui restait, noyant le paladin, et derrière lui Barnabé et Kalen, sous un torrent de flammes qu’ils subirent stoïquement sans subir de grands dommages. Ce sort fut son chant du cygne : Mathieu, Kalen et Hélebrank, revenu bredouille, s’acharnèrent sur lui, le réduisant rapidement à l’impuissance.

Clopin-clopant, Khalil rejoignit Barnabé au centre de la pièce. Le hobniz tira une petite fiole de sa ceinture et l’ouvrit en prononçant une incantation. Le liquide clair qui y était contenu se vaporisa en un nuage de fumées noires, vertes et violettes qui vint orbiter autour de sa main, avant de voler droit vers Khalil et de se dissoudre au contact de sa peau. Le sort d’Immunisation ainsi complété ne fit rien pour restaurer les dommages déjà causés, mais protégea efficacement le moine des effets du venin de la scolopendre qui courait encore dans ses veines.

L’examen post-mortem des Mages confirma ce que tout le monde soupçonnait déjà : bien que leur chair soit remarquablement bien conservée, probablement par des moyens magiques, il s’agissait de morts-vivants. Le voile de ce blanc laiteux propre aux cadavres qui recouvrait leurs yeux sous leur capuchon en était la preuve flagrante. Les compagnons firent rapidement le nécessaire pour qu’ils ne se relèvent plus.


Puis ils suivirent Hélebrank jusqu’à une salle faisant manifestement office de laboratoire. Deux grands établis de bois portant un nombre impressionnant de cornues, de ballons, de creusets, de mortiers, de trépieds, d’alambics et d’autres ustensiles d’alchimiste, se faisaient face le long des murs. Un grand registre relié de cuir était posé, ouvert, sur l’un des rares espaces encore libres. Au centre de la pièce, trônait sur un lit de braises un gros chaudron fermé par un couvercle solidement boulonné et hermétiquement scellé par une matière cireuse aux reflets argentés. En sortait un tube de verre empli d’un liquide marron sale, qui allait ensuite se perdre dans le dédale de serpentins d’un appareillage alchimique complexe disposé sur l’un des établis. En sortait un liquide clair, tombant goutte à goutte dans un bécher.

A une extrémité de la pièce, une étagère portait quelques livres ainsi qu’un crâne humain joliment mis en valeur sous une cloche de verre. Juste à côté, un squelette humain complet si ce n’est qu’il était décapité se tenait debout sans supports visibles. Sa cage thoracique était encore garnie : les compagnons pouvaient voir le cœur battre, les poumons se gonfler, les intestins se contracter, et d’autres organes moins reconnaissables à leurs yeux profanes accomplir leurs fonctions, lesquelles étaient sans doute indispensables à la digestion mais néanmoins un peu dégoûtantes ainsi exhibées.

- « Voilà, il s’est enfui jusqu’ici », expliqua Hélebrank à ses compagnons. « J'ai perdu un peu de temps parce qu'il m'avait claqué la porte au nez, mais je suis arrivé sur ses talons juste au moment où il finissait de boire une potion. Tenez, il y a les débris de la fiole juste là. J’ai à peine eu le temps de lui balancer un coup de bâton, mais avec le fatras qu’il y a dans cette pièce, je l’ai loupé…»
- « Très bien, mais il est parti où, là ? », demanda Mathieu, la hache toujours à la main, prête à l’emploi.
- « Euh, aucune idée. Il s’est transformé en fumée juste après. Voila la fissure par laquelle il s'est échappé », leur précisa t'il en pointant du doigt une large anfractuosité au plafond, juste au dessus du chaudron. « J’ai bien pensé un moment faire une Eruption Energétique, dans l’espoir que ça l’atteigne là dedans, mais je me suis dit qu’avec tous les produits bizarres qu’il y a ici, ce n’était peut-être pas prudent. »
- « Tu as vu son visage ? Tu saurais le reconnaître ? », le pressa le paladin, se raccrochant à ce mince espoir plutôt que d’admettre que ce mécréant était parvenu à leur échapper.
- « Oh que oui ! Juste une seconde, le temps qu’il rabatte son masque après avoir bu sa potion, mais je ne risque pas de l’oublier. Son visage était comme une énorme cicatrice, tout blanc et tout rugueux. Comme s’il avait été brûlé, ou rongé par l’acide, vous voyez ? Plus de nez, plus d’oreilles, plus de lèvres… Une tête à faire peur. »

Les compagnons procédèrent ensuite à leurs vérifications habituelles, du temple au laboratoire. Ils ne trouvèrent aucune issue secrète, mais Kalen décela de la magie divine dans le temple, notamment au niveau des piliers, ainsi qu’une aura de Thaumaturgie dans la potion que le premier des Mages zombies n’avait pas eu le temps de boire. Il trouva également une aura magique qu’il ne put identifier sur le squelette du laboratoire, ainsi qu’une autre d’Enchantement dans un coin de la pièce.

Là, dans l’interstice entre le mur et l’un des établis, avait été glissé un écu de métal poli décoré du symbole à éclair d’argent du culte d’Heironéous. Mathieu l’identifia comme étant très probablement le bouclier ayant appartenu au Parangon Amon Kyre, confisqué à Theldrick par le Sans Visage.

C’est à peu près à cet instant qu’Aloïs, parti terminer la fouille de la réserve attenante au temple, revint en brandissant un fémur humain portant encore quelques lambeaux de chair putréfiée.

- « Hé, regardez ce que j’ai trouvé dans une des caisses ! », annonça t’il fièrement en agitant son trophée sous le nez retroussé d’horreur de ses compagnons. « Elles sont vides, mais y’a plein de vieux bouts tout secs au fond. J’ai d’abord cru que c’était du porc salé un peu avarié, mais je me suis dit que garder des provisions c’était un peu bizarre pour des zombies. Et après, je suis tombé sur ça. »
- « Des restes humains… Voila donc avec quoi ils construisent leur fameuse abomination » supposa Mathieu.
- « C’est probable » confirma Kalen. « Je ne suis pas vraiment versé dans ce genre de pratiques nécromantiques, mais il doit s’agir de matières premières pour le laboratoire, ou de composantes pour un sort. »
- « On pourrait peut-être consulter Filge ? C’est un spécialiste, lui » suggéra perfidement Aloïs, avant de se rétracter précipitamment en voyant la tête du paladin. « Non, c’était pour rire ! Tu vois, je rigole ! Ah ah ! »
- « Hilarant. Tu veux bien poser ce truc puant maintenant, et nous dire si tu as trouvé d’autres choses intéressantes ? », le rabroua sèchement Mathieu.
- « Euh, non. Beaucoup de caisses vides, des barils d’eau plus ou moins pleins. Et une unique caisse contenant encore quelques restes identifiables, dont ce fémur », résuma Aloïs.


Kalen accorda ensuite une attention toute professionnelle au grand registre laissé ouvert sur l’un des établis. Rédigé en commun d’une belle écriture fleurie, il portait plusieurs colonnes de chiffres aux intitulés ésotériques, tels que « niveau d’infusion », « ratio d’équilibre » ou « croissance embryonnaire ». La page visible n’était que partiellement remplie, et portait en marge une mystérieuse annotation manuscrite, dont il fit aussitôt lecture à ses compagnons :

« Les grimlocks ont donné l’assaut au Temple d’Hextor. Ils ont été repoussés et se terrent désormais dans leurs cavernes. Ce félon ignorant de Grallak Kur cherche sans doute à devenir le seul maître du Rejeton Tripartite en nous éliminant.

Theldrick me presse d’unir nos forces pour les exterminer. Je dois temporiser. L’éclosion de la matrice est désormais imminente. L’absence de nouvelles infusions ne fera que la retarder légèrement, la masse critique ayant été atteinte. Mais à ce stade, le décès de l’un des vaisseaux pourrait provoquer une naissance prématurée. Le Rejeton Tripartite en serait amoindri. Peut-être les laisserai-je s’entretuer si le plan du Maître ne porte pas bientôt ses fruits. »

- « On en aurait pas déjà éliminé un, au passage ? » demanda Khalil, pensant à Theldrick. Personne ne prit la peine de lui répondre.
- « C’est quoi cette ‘matrice’ à votre avis ? Le bassin de la cathédrale ou ce chaudron ? » demanda Kalen en jetant un regard suspicieux vers le dit ustensile.
- « Plus probablement le bassin », affirma Hélebrank. « D’après ce qui est écrit là, il y a un lien entre la matrice et les cérémonies d’infusion. Rappelez-vous de ces dessins bizarres tracés à la craie sur les paliers, juste au dessus. Ils doivent bien servir à quelque chose. »
- « Possible… Je vais quand même éteindre le feu sous le chaudron, on ne sait jamais », répondit Barnabé avant de joindre le geste à la parole.
- « Moi ce que je relève là dedans, c’est que la faction de Grallak Kur, celle qui adore Erythnul, est composée de grimlocks », souligna Mathieu. « C’est marqué noir sur blanc. »
- « On aurait pu s’en douter… Theldrick devait bien avoir trouvé ses zombies quelque part », persifla Kalen, un peu vexé de ne pas y avoir pensé plus tôt lui-même.
- « Du coup, ça rend Grallak Kur encore plus crédible dans le rôle de ‘l’aveugle apôtre’. Par définition, un grimlock, c’est aveugle, non ? » demanda pour la forme Aloïs, heureux de voir l’une de ses intuitions trouver confirmation.

Kalen ne pouvait guère prétendre avoir compté parmi les plus studieux des élèves de l’Université des Arts Magiques, ayant souvent préféré consacrer son temps et sa vive intelligence à l’élaboration de martingales infaillibles pour gagner aux cartes. Mais une matière pourtant aride avait retenu toute son attention, en raison de ses applications en matière de jeu : les mathématiques, et plus particulièrement les statistiques. Ainsi, lorsqu’il eut l’idée de rechercher une corrélation dans les chiffres du registre, il n’eut aucun mal à repérer du premier coup d’œil une périodicité régulière dans la colonne du « niveau d’infusion » : celui-ci progressait par paliers, avec un pic tous les sept relevés…

Ce fut Hélebrank qui le premier rappela que Theldrick avait fait mention dans son journal du caractère hebdomadaire des cérémonies d’infusion, ce qui permit d’établir avec certitude que les relevés étaient quotidiens.

A partir de là, les compagnons n’eurent plus qu’à les compter (il y en avait 812) pour déduire qu’ils avaient très probablement dû être entamés plus de deux ans auparavant, au mois de Doufoyer de l’Année Commune 593. Ce faisant, ils constatèrent que le registre portait d’autres inscriptions manuscrites en marge des pages précédentes, et décidèrent de le reprendre tout au début pour les lire dans l’ordre chronologique.

En toute première page, figuraient ainsi deux annotations. La première laissa les compagnons perplexes :

« La Voix du Maître m’a éveillé à la vie en ces lieux sombres. Vagues souvenirs du monde extérieur, du soleil et des arbres, comme un rêve ancien. Je dois les oublier, ils appartiennent à un autre. De même, le visage qui n’était pas mien m’a été repris. Rien ne doit me détourner de mon rôle dans l'accomplissement de la Neuvième Prophétie. Le Maître réussira là où la Triade Ebène a échoué. »

La deuxième, en marge des premiers relevés chiffrés, leur laissa l’impression que la Triple Abomination, mentionnée sans plus de précisions par Theldrick dans son journal, devait probablement être une créature :

« Les rituels préparatoires sont achevés. La matrice vierge est prête à accueillir le Rejeton Tripartite. Laissée inachevée par Vecna, elle porte déjà son empreinte. Reste à y infuser les deux autres essences divines. »


Une troisième annotation, une page plus loin, leur arracha un cri de surprise :

« Les Hextoriens sont arrivés, infiltrés par petits groupes. Ils ont paru apprécier les locaux préparés à leur intention et se sont de suite attelés à la consécration de leur temple. Ils croient avoir affaire à un serviteur du Dieu Mutilé et ne soupçonnent pas ma véritable allégeance. Le Maître est satisfait. »

- « Disette et putréfaction ! » jura Barnabé. « Celui Sans Visage n’est même pas un véritable adorateur de Vecna ! Qu’est ce qu’il peut y avoir de pire ? »
- « Encore un coup de l’Ennemi du Nord, j’en jurerais », maugréa Mathieu, utilisant l’un des sobriquets de Iuz, le demi-dieu démoniaque, pour ne pas avoir à prononcer à haute voix son patronyme maudit. En bon natif du Royaume de Furyondy, il avait tendance à voir un peu partout la main de cet ennemi séculaire réputé pour ses complots retors.

En page suivante était mentionnée l’entrée en scène de la troisième et dernière faction, celle des adorateurs d’Erythnul :

« Les grimlocks viennent d’arriver par les cavernes, comme annoncé par la Voix du Maître. Je me suis présenté en émissaire à leur prophète, un dénommé Grallak Kur, qui m’a accueilli comme un messager des dieux car je figurais dans les visions qui l’ont attiré ici. Ce fanatique a provoqué un éboulement pour éviter toute défection parmi ses suivants. Loué soit le Maître pour l’habilité avec laquelle il a su manipuler cet humanoïde barbare.

Nous avons procédé à la première infusion d'énergie divine, sous le couvert de rituels factices et inutilement complexes.

Theldrick renâclait à participer à ce « rituel ur-flannae blasphématoire ». Je lui ai donc rappelé ce qu'il devait à notre aimable secours et ce qu’il encourait à ne pas collaborer. Lui faire miroiter la perspective de la destruction de Lac-Diamant et des adorateurs de l'Archipaladin qui y résident a également contribué à apaiser ses scrupules. »

- « Destruction ? Ca craint ! » commenta constructivement Aloïs.
- « Attendez un peu ! », intervint Barnabé en levant la main, avant de farfouiller dans son sac pour ressortir ses notes. « Tout cela me semble parfaitement correspondre avec le quatrain de la mine. Voyons voir, où l’ai-je mis… »
- « Sous le masque du Roi un Guerrier se cache », récita Khalil, citant de mémoire le premier vers du dit quatrain. « Et si le Sans Visage n’était autre que le Parangon disparu ? C’était bien un guerrier, non ? »
- « Tu veux une baffe ? » le menaça Mathieu en agitant la main, coupant court à la discussion. « C’est n’importe quoi, cette insinuation. Le journal de Theldrick mentionne le Sans Visage bien avant la date de la disparition du Parangon ! »
- « A mon avis, cela doit plutôt signifier que derrière le Sans Visage il y a un commanditaire, qui doit être ce fameux ‘Guerrier’», proposa Barnabé.
- « Peut-être, si tu te contentes d’une simple lecture littérale », observa Kalen avec une intonation suffisante laissant entrevoir tout le mal qu’il en pensait. « Mais en ce cas, comment expliquer que le Sans Visage soit qualifié de Roi ? Mon interprétation basée sur les échecs draconiques me semble bien meilleure. Il y a bien un Guerrier caché sous le masque du Roi : autrement dit, le Sans Visage n’est qu’un pion, pas une pièce maîtresse. »
- « Oh, ça me plait bien… Peut-être même que le Sans Visage croit sincèrement être le chef et qu’il est lui-même manipulé » approuva Mathieu sans se rendre compte qu’il était à côté de la plaque, car ayant déjà oublié les multiples références faites à un « Maître » dans les annotations précédentes. Personne ne fut assez cruel pour relever la bourde.
- « En plus, même s’il se fait prendre, tout le monde est persuadé qu’il est de Vecna », souligna Hélebrank. « C’est le parfait bouc émissaire. »

L’annotation suivante, deux pages plus loin, se rapportait au meurtre du Parangon Amon Kyre :

« J’ai du sévir contre Theldrick, sa querelle de clochers puérile mettant en péril la sécurité de notre projet. Il a été averti des conséquences d’un nouvel écart de conduite. L’un de ses acolytes se ferait une joie de le remplacer. Son ridicule trophée lui a été confisqué. »

Les dates exactes des évènements décrits dans ces trois dernières annotations lui étant déjà connues grâce au journal de Theldrick, Kalen put vérifier que leur positionnement dans le registre était chronologiquement cohérent, ce qui lui permit d’obtenir une seconde confirmation du caractère quotidien des relevés, et par conséquent de dater approximativement les annotations suivantes.

La sixième figurait sept pages plus loin, et devait donc avoir été inscrite au début de l’année précédente :

« Ces imbéciles demandent quand aura lieu la naissance du Rejeton Tripartite. Il leur tarde d’assister aux ravages qu’il causera sous notre triple direction.

S’ils savaient ! Ce monstre n’aura aucun maître. Leurs âmes sont liées au Rejeton par les rituels d’infusion. Leur absorption fournira l’ultime impulsion nécessaire à l’éclosion de la matrice, accomplissant la prophétie.

Pour un effet maximal, leurs morts devront le moment venu être aussi violentes et rapprochées que possible. A planifier dès à présent. Poison mortel aux effets douloureux ?

L’avènement de l’Age de la Mort Rampante est proche ! Ô joie ! »

S’ensuivit une belle pagaille, chacun des compagnons allant de son commentaire sur tel ou tel passage, se coupant la parole mutuellement sans jamais s’arrêter sur un point particulier.

- « Voilà pourquoi le Sans Visage s’est enfui sans demander son reste ! » s’exclama Aloïs. « Il est parti tuer Grallak Kur pour provoquer l’éclosion ! Il va falloir qu’on le protège, sinon… »
- « Cela explique la mort subite de Theldrick, et l’état de son cadavre », ajouta Hélebrank. « Sa force vitale est partie nourrir cette chose, ce Rejeton. »
- « ‘La fin des uns est le commencement de l’autre’ : Tout concorde ! » réalisa Barnabé en citant le quatrième et dernier vers du quatrain de la mine.
- « Et notre intervention n’a fait qu’accélérer le processus », fit calmement observer Khalil.
- « Exactement », l’approuva Kalen. « Je me demande dans quelle mesure nous n’avons pas été manipulés pour venir accomplir la sale besogne. »


Une fois leur émotion retombée, ils poursuivirent néanmoins la lecture du registre, de peur de manquer une information d’importance vitale. Ils ne trouvèrent l’annotation suivante que six pages plus loin, après ce qui avait du être des mois et des mois de routine dans le laboratoire souterrain :

« La croissance de la masse embryonnaire est en deçà des prévisions. D’après la Voix du Maître, certains réactifs nécrotiques devraient améliorer le rendement de l’infusion d’énergie divine. »

Kalen constata qu’effectivement, les relevés consignés dans le registre témoignaient d’une « croissance embryonnaire » moins soutenue, voire stagnante. Les mesures prises par les cultistes pour y remédier figuraient en page suivante :

« Ragnolin a reçu ses instructions. Il prendra contact avec ce Bélabar sous un faux prétexte pour qu’il nous procure les matières brutes nécessaires à la distillation. L’argument fourni par le Maître nous assure de sa complète coopération. »

- « Il parle de qui là, avec son argument ? Ragnolin ou Bélabar ? La tournure n’est pas très claire… », maugréa Hélebrank.
- « Et ces ‘matières brutes’, à votre avis, s’agit t’il simplement de matériel d’alchimiste », demanda Kalen en désignant un alambic, « ou bien d’autre chose… », acheva t’il en jetant un regard lourd de sens sur le fémur abandonné par Aloïs sur un coin d’établi.
- « Alors là, bien malin qui pourra le dire ! J’ai examiné la totalité des caisses et des tonneaux de la réserve, et ils ne portaient aucune inscription ou marque distinctive », assura Aloïs. « Rien ne permet d’affirmer que Bélabar en est l’expéditeur. »

Une annotation sur la page suivante faisait à l’évidence référence à l’infiltration réussie de Mestal et au vol de l’étrange ver contenu dans un bocal qu’ils avaient par la suite découvert chez Filge :

« Un intrus a été repéré dans le Sanctuaire, mais est parvenu à prendre la fuite en emportant un échantillon relatif à la Dixième Prophétie. Sans doute un coup de Bélabar. Tout est perdu ! »

- « C’est quoi encore, toutes ces histoires de prophéties ? Voila qu’il y en a une dixième ! Quel rapport avec notre Âge de la Mort Rampante ? » bougonna Mathieu.
- « Aucune idée. Tout ce que l’on peut dire à ce stade, c’est que la neuvième se rapporte au Rejeton Tripartite, et la dixième au ver. Au-delà de ça… » résuma Barnabé.
- « Et aussi qu’il y doit y avoir au moins huit autres prophéties avant la neuvième, et Boccob sait combien d’autres prophéties après la dixième », ajouta Kalen.

La même page portait une seconde annotation, dans laquelle la panique avait laissé place à l’exultation.

« Loué soit le génie du Maître. En définitive, cette intrusion servira nos plans en résolvant l’un de nos problèmes. Hélas, malgré les puissants moyens divinatoires employés, l'échantillon est resté introuvable. »

Kalen fit observer que l’échec de ces recherches était très probablement du au fait que Bélabar avait conservé le ver dans son gant magique. Il précisa doctement que les espaces extradimensionnels échappent en effet à la plupart des sortilèges de Divination et constituent donc d’excellentes cachettes.

Les compagnons continuèrent pendant un certain temps à débattre des nouvelles informations obtenues. Barnabé s’interrogea notamment sur une possible incohérence entre certaines annotations, le Sans Visage semblant tantôt souhaiter la mort de Theldrick et de Grallak Kur, tantôt tout faire pour retarder cette échéance. Après moult discussions et un examen plus approfondi de la chronologie, les compagnons finirent par conclure qu’il devait s’agir d’une question de calendrier et de moment opportun : la dernière annotation, celle qui avait été lue en premier, devait remonter à deux ou trois semaines. Entretemps, la croissance du Rejeton tripartite s’était poursuivie malgré l’absence de nouvelles infusions.

Ils tentèrent également, sans succès, de deviner en quoi pouvait bien consister le « plan du Maître », dont l’échec aurait autorisé le Sans Visage à laisser Theldrick et Grallak Kur s’entretuer.

Leurs savantes discussions furent soudain interrompues par une violente secousse, qui fit trembler le sol et s’entrechoquer les alambics du laboratoire.

- « Oh misère… » gémit Barnabé. « Ca commence…. »
- « Sus ! A la cathédrale ! » s’exclama Mathieu en ressortant sa hache.
- « Et si nous restions plutôt à l’abri en attendant que les choses se tassent ? », suggéra posément Khalil. « Etant votre protecteur, je me dois de pointer du doigt cette option. »
- « Tu plaisantes ? » protesta Aloïs, ayant pour une fois perdu son sens de l’humour. « Pas question de rester ici les bras croisés pendant que cette chose détruit la ville ! »

Cette question réglée, les compagnons se précipitèrent vers la porte secrète, et au-delà vers le palier surplombant l’abside circulaire de la cathédrale de Vecna.


Ils arrivèrent juste à temps pour voir une créature de cauchemar crever la surface du bassin et s’extirper du liquide noir en poussant un rugissement terrifiant qui témoignait de la bonne santé et de la vigueur de ce nouveau né.

C’était à peu près le seul compliment que l’on pouvait faire à son endroit : il était sinon parfaitement hideux. Haut de près de quatre mètres, le Rejeton Tripartite combinait certains des traits de ses trois divinités génitrices : d’Hextor, il tenait ses six bras musculeux ; tout comme Vecna, trois d’entre eux se terminaient par des moignons au niveau du poignet, comme s’il avait eu les mains tranchées, et il était borgne ; Erythnul lui avait légué un faciès bestial, une musculature de brute, les griffes acérées de ses trois mains valides et les touffes hirsutes de poils roux qui parsemaient son cuir gris ardoise.

A l’opposé des compagnons, sur le palier inférieur, le Sans Visage agitait une dague ensanglantée comme un encensoir, faisant pleuvoir sur la créature une pluie de gouttelettes écarlates dans une parodie sacrilège de bénédiction. A ses pieds, était prostré le cadavre égorgé et mutilé d’un grimlock.

- « Hosannah ! La Prophétie s’accomplit, la Mort Rampante est sur nous ! » beuglait t’il à plein poumons, en pleine extase religieuse.

Puis, s’apercevant de la présence des compagnons, il invoqua rapidement autour de lui la protection d’une Armure de Mage.
Khalil démarra comme une flèche, dévalant les marches quatre à quatre en direction du Mage ennemi. Mathieu et Kalen, plus prudents, commencèrent par se lancer diverses protections.

Hélebrank hésita sur le type d’énergie le plus à même de blesser la Triple Abomination, avant d’opter pour la foudre au seul motif qu’elle symbolisait Heironéous et qu’il supposait qu’une créature partiellement hextorienne ne pouvait qu’y être sensible. Comme il parvint à rater l’imposante cible que constituait pourtant le Rejeton, cette intéressante hypothèse ne put être de suite vérifiée.

Le seul effet de cette attaque fut d’attirer sur les compagnons l’attention du Rejeton. Celui-ci fut aussitôt submergé par une rage bestiale le poussant à rejoindre aussi rapidement que possible les impudents insectes qui osaient l’affronter pour assouvir sa soif de sang en les déchirant de ses mains nues. Franchissant le bassin d’un bond prodigieux, il atterrit au pied du second palier à l’instant même où, huit mètres plus haut, Khalil le franchissait.

Aloïs joua également de malchance : visant le Sans Visage, il encocha promptement une flèche tirée de son carquois et banda son arc lourd avec toute la force que venait de lui conférer un sort de Barnabé… Sans doute en fit-il un peu trop, car la corde se rompit avec un claquement sec. Reculant de quelques pas, il se saisit avec reconnaissance de l’arc lourd de même modèle et de même provenance que lui tendit Mathieu sans interrompre la prière qui devait enchanter sa hache.

Le Sans Visage, voyant que les compagnons étaient pour la plupart restés obligeamment groupés sur le palier supérieur, essaya de mettre un terme rapide à l’affrontement en invoquant une nouvelle Boule de Feu. Hélas, rendu fébrile par l’excitation, il manqua de précision et son sort alla exploser contre le mur bien trop à gauche pour causer le moindre dommage à quiconque.

A la surprise générale, le Rejeton bondit dans les airs, s’agrippant de ses puissantes griffes au rebord du second palier. Ainsi suspendu au dessus du vide, il constituait une cible facile : manifestement, son sens tactique était loin d’être aussi développé que sa triple rangée de pectoraux.

Mathieu, dont Barnabé venait d’augmenter considérablement la vitesse de course par un autre de ses sorts, arriva juste à temps pour l’accueillir d’un monumental coup de hache sur l’un de ses avant-bras, sans toutefois réussir à lui faire lâcher prise.

Pendant ce temps, un palier plus bas, Khalil avait presque rejoint le Sans Visage. Celui-ci attendit que le moine arrive à trois mètres de lui pour incanter.

- « Meurs, hérétique ! » hurla t’il tandis que les flammes d’un sort de Mains Brûlantes déferlaient à bout portant sur le moine, le laissant le souffle coupé.

Ce fut le mouvement d’ouverture d’un dangereux jeu du chat et de la souris, au cours duquel le Sans Visage enchaîna les sorts destructeurs, que le moine parvint chaque fois à esquiver mais qui le contraignirent à rester perpétuellement sur la défensive sans pouvoir se rapprocher pour riposter.

Sans effort apparent, le Rejeton se rétablit par une traction et prit pied sur le palier, dominant le paladin de toute sa taille. Il frappa ensemble ses six mains ou moignons, faisant naître autour de lui une aura tourbillonnante de couleur brun-rouge dont le souffle fit voler la poussière. Puis, rapide comme l’éclair, il frappa Mathieu en pleine poitrine de l’une de ses mains griffues ; le coup fut si violent que sans sa Protection contre le Mal, ce dernier aurait probablement été sonné.

Aloïs, Hélebrank et Kalen avaient jusqu’à présent retenu leur tir, ce dernier ayant suggéré qu’une attaque coordonnée serait plus à même de venir à bout des défenses de la Triple Abomination.

- « Allez, à mon signal, un tir en volée », ordonna Kalen, très à l’aise dans son rôle de chef de batterie. « On tire à trois, compris ? A trois, pas av… »

ZAAAAAPP ! Twaaang ! Eclair et flèche fusèrent dès qu’il eut prononcé une seconde fois le chiffre « trois », pour s’écraser piteusement sur l’aura entourant leur cible. Kalen ne perdit pas de temps en remontrances, se permettant juste un rapide regard noir. Il lança à son tour un Projectile Télékinétique digne d’un scorpion lourd, qui bien que cadré en plein dans la cible ricocha lui aussi avec un bruit métallique, ne laissant comme trace de son passage qu’une vague écorchure dans le cuir de l’un des mollets du monstre. Il ne put retenir un cri d’étonnement et de désespoir devant cet échec inattendu : comment allaient-ils venir à bout d’une créature qui se riait du plus dévastateur de ses sortilèges ?

Sovereign Court

Tu as changé d'avatar, mais ton style est toujours aussi excellent!

Je crois que tu as aussi ajouté beaucoup d'information dans le journal du Sans-Visage, n'est-ce pas? En fait, je ne me souviens meme pas si mon groupe avait trouvé ce journal. Ca fait trop longtemps.

En tout cas, ça met l'eau à la bouche de lire à propos de ces mystérieuses prophécies. :)


Moonbeam wrote:

Tu as changé d'avatar, mais ton style est toujours aussi excellent!

Je crois que tu as aussi ajouté beaucoup d'information dans le journal du Sans-Visage, n'est-ce pas? En fait, je ne me souviens meme pas si mon groupe avait trouvé ce journal. Ca fait trop longtemps.

En tout cas, ça met l'eau à la bouche de lire à propos de ces mystérieuses prophécies. :)

Coucou, et merci pour les fleurs vil flatteur.

En fait, dans le scénario tel qu'écrit, il n'y a pas pas de journal ou de registre du Sans Visage, juste un message codé adressé à Theldrick (sans lui fournir le code!) avec les mêmes infos, plus l'ordre de liquider Belabar.

Je trouvais assez ridicule l'idée d'envoyer à quelqu'un un ordre codé incompréhensible juste "pour le narguer" (dixit le scénario), donc j'ai modifié la forme et ajouté la récente brouille entre temples pour justifier l'absence de soutien entre eux, et tenté de justifier que Belabar n'ait été que menacé, pas liquidé, entre autres détails.

Les prophéties c'est aussi pour donner du liant à l'ensemble de la campagne. Cette idée était juste évoquée quelques scénarios plus loin, ç'aurait été dommage de s'en priver. Elles ne sortiront au grand jour que dans deux ou trois scénarios.


Cette inquiétude se révéla sans fondements. L’aura d’invulnérabilité du Rejeton ne dura que quelques secondes avant de se dissiper, ce qui permit à Mathieu de lui régler son compte avec une aisance déconcertante en seulement deux coups de hache, lui brisant d’abord un genou pour le mettre à niveau, puis lui défonçant la cage thoracique pour fendre en deux son cœur noir.

Un peu déçus de ne pas avoir contribué de façon plus significative à l’équarrissage de la créature, Aloïs, Hélebrank et Kalen reportèrent leur attention sur le Sans Visage. Celui-ci venait d’invoquer devant lui une Sphère Incandescente qui prenait toute la largeur de l’escalier, dans l’intention d’en chasser Khalil une fois pour toutes. Malgré la distance, le Mage adverse encaissa successivement un rayon fulgurant et une flèche, puis un carreau d’arbalète en pleine tête. Bien que la vélocité impartie à ce dernier par le sort de Projectile Télékinétique de Kalen ait été grandement diminuée à cette distance, il glissa au sol inanimé.

Saisissant cette occasion, Khalil tenta de contourner la Sphère Incandescente, toujours stationnaire, par un saut acrobatique au dessus du vide. Hélas, encore sous le coup des effets paralytiques du venin de la scolopendre, il jaugea mal son impulsion et tomba la tête la première vers le sol. Son Anneau de Chute de Plume remplit son office, le ralentissant et lui permettant de se rétablir sur ses pieds en contrebas de l’escalier. Sans se décourager pour si peu, il remonta quatre à quatre les marches vers le premier palier, puis décocha au Sans Visage un monumental coup de bâton en pleine tête malgré les cris d’Aloïs l’exhortant, un peu tard, à le prendre vivant.

Mais au lieu d’éclater comme un melon, la tête comme le corps du Mage masqué se transformèrent instantanément en un amas de neige, laissant intacts robe et équipement…

La clé de ce mystère leur fut délivrée par Kalen, qui se souvint d’avoir au cours de ses études entendu parler d’un sort de l’Ecole d’Illusion de forte Magnitude (peut-être la sixième, ou la septième ? Il ne s’en souvenait plus exactement) du nom de Simulacre, permettant de dupliquer n’importe quel sujet volontaire à partir d’un peu de neige. Il précisa que les doubles illusoires ainsi obtenus avaient toutes les caractéristiques de l’original, si ce n’est qu’ils étaient généralement moins puissants et expérimentés, ce qui fit dire aux compagnons que si le Sans Visage avait été une copie, ils ne tenaient pas à rencontrer l’original. En outre, bien qu’autonomes et doués d’une volonté propre, les simulacres étaient entièrement dévoués à leur créateur dont ils accomplissaient sans hésitation les moindres désirs. Sachant cela, les multiples références faites par le Sans Visage à un mystérieux « Maître » prirent un tout autre relief.

Toujours pragmatiques, les compagnons récupérèrent dans le tas de neige une barre de métal gris et des brassards ouvragés dégageant tous deux une faible aura de Thaumaturgie, ainsi que deux fioles contenant un liquide de couleur gris anthracite, à l’odeur modérément soufrée, dont l’aura fut identifiée par Kalen comme nécromantique. Ils ramassèrent également en souvenir la jolie dague sacrificielle utilisée pour égorger le grimlock, qu’ils supposèrent être Grallak Kur au vu de l’état de momification avancée de son cadavre. A en croire le nombre impressionnant de petites incisions qui couvraient son torse, ses derniers instants n’avaient pas dû être une partie de plaisir.

Ce furent les seuls trophées dont ils pourraient s’enorgueillir : au grand dam de certains des compagnons qui projetaient déjà de confier sa tête à un taxidermiste, le Rejeton commença rapidement à se dissoudre en un répugnant amas d’humeurs graisseuses.

Mathieu était d’avis d’envoyer Barnabé au fortin faire un rapport complet avant de bouger. Il craignait en effet que Ragnolin ne profite de leur départ pour faire disparaître les preuves de ses turpitudes, par exemple en provoquant un éboulement pour condamner l’accès à la cathédrale. Aloïs et Kalen se déclarèrent opposés par principe à toute séparation du groupe. Quant à Hélebrank, il argua du fait que si le dwur avait un brin de jugeote, il devait déjà être en fuite. Mais ce fut Khalil qui présenta l’argument le plus convaincant en faveur d’une sortie groupée, lorsqu’il fit observer que si quelqu’un tenait réellement à provoquer un éboulement, il pouvait tout aussi bien le faire alors qu’ils étaient encore à l’intérieur…

Ils réalisèrent également que le Strangulateur Furtif manquait toujours à l’appel : personne ne l’avait aperçu depuis que le Sans Visage avait fui le temple. Il devait donc rôder quelque part, tapi dans l’ombre, à l’affût.

Ils raflèrent donc les livres, le registre et le bécher contenant le distillat pour analyse ultérieure, et firent de même pour tous les restes humains qu’ils purent trouver, jetant pêle-mêle dans le grand sac de jute d’Aloïs fémur, crâne, squelette sans tête et viscères, dans l’espoir que les dépouilles de Mestal et du second agent de Maître Bélabar étaient du nombre, avant de filer en direction de l’ascenseur.


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3ème Jour de la Lune du Mois des Semailles
de l’Année Commune 595 (midi)
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Sortir ne présenta pas de difficultés, contrairement à ce qu’avaient craint les compagnons. Apparemment, les secousses liées à la naissance du Rejeton Tripartite avaient du être ressenties jusque dans la mine, provoquant son évacuation partielle. Ils étaient donc presque arrivés à la surface lorsque des gardes s’avisèrent de leur présence, leur demandant de faire halte.

Mathieu usa de son autorité naturelle de paladin d’Heironéous pour réclamer le passage pour lui, ses compagnons et ses prisonniers en faisant état d’une « affaire urgente concernant la sécurité de la Cité ». Assez naturellement, les gardes furent peu enclins à remettre en question la parole et la légitimité d’un colosse de près de deux mètres à l’armure couverte de sang, entraînant derrière lui deux prisonniers entravés, dont l’un était manifestement un bâtard démoniaque et l’autre portait dans sa chair la marque d’une divinité proscrite.

Alors qu’ils descendaient la colline sous le chaud soleil de midi, les compagnons furent hélés depuis les broussailles par un humain à tête de fouine vêtu d’une armure de cuir, dont le trait physique le plus marquant était une longue chevelure noire et grasse coiffée en queue de cheval. Aloïs l’identifia de suite comme étant Rastophan, un membre de la bande de Kullen, le malfrat demi-euroz qui avait ses habitudes à la taverne du Chien Féroce. Le nouveau venu leur demanda s’ils avaient « quelque chose pour le patron ».

Sur un signe de Mathieu, Aloïs lui remit avec soulagement le grand sac imbibé de sang qu’il avait jusqu’alors porté sur l’épaule. Le paladin n’avait qu’une parole.

- « Merci », grommela Rastophan après s'être saisi du sac et avoir vaguement jeté un œil à son macabre contenu. « Le boss sera content. Et question ménage, c'est fait ? »
- « C'est fait », lui confirma Mathieu. « Maître Bélabar n'a pas à craindre d'être impliqué dans cette affaire. Nous n'avons pas laissé derrière nous d'éléments compromettants le concernant. »
- « D'ac'. Salut », marmonna le voyou en tournant les talons, repartant se dissimuler dans les fourrés.

Mathieu ne jugea pas opportun de lui préciser que s’ils avaient trouvé des éléments réellement compromettants, ils auraient été remis aux autorités compétentes, et non au principal intéressé. Selon les termes de leur accord, ils devaient s’assurer de ce que la participation de Maître Bélabar (censée avoir été involontaire) aux activités des cultistes ne nuise pas à sa réputation, et non couvrir d’éventuelles activités criminelles, et notamment le trafic de cadavres.

Lors de leur approche du fortin les compagnons furent repérés et salués à grands cris par les sentinelles. Le Capitaine Trask et le Parangon Valkus les accueillirent aux portes.

Les compagnons leur firent un récit très succinct de leurs aventures, et en particulier les informèrent de la nature du péril découvert dans les entrailles de Lac-Diamant. Le Capitaine Trask ordonna aussitôt à ses hommes de boucler les accès de la ville, et envoya deux détachements à la mine Pierrerude et au manoir du même nom pour en placer tous les occupants sous bonne garde.

Une fois ces instructions données, le Capitaine Trask demanda aux compagnons de le suivre au palais du Gouverneur-Maire pour une audience immédiate compte tenu de l’urgence. Chemin faisant, plus de précisions sur les derniers évènements furent échangées.

Le Capitaine leur apprit notamment que, inquiets de ne plus avoir eu de leurs nouvelles depuis leur départ la veille au soir pour ce qui aurait du être un simple dîner à l’observatoire, le Parangon Valkus et lui-même avaient dépêché un messager au manoir Bélabar, messager qui s’était entendu répondre par les domestiques que leur maître était injoignable car parti en voyages d’affaire pour une durée indéterminée.

Usant de l’autorité que lui conférait sa fonction de commandant du fortin, le Capitaine Trask franchit sans coup férir les barrages successifs des secrétaires adjoints et principaux, qui tentèrent vainement de lui opposer que Son Excellence Lanod Neff était déjà en rendez-vous.

Mais lorsque le petit groupe fit enfin irruption dans le bureau du Gouverneur-Maire, ce fut pour constater avec stupeur que les y attendait déjà Maître Belabar, en grande conversation avec l’occupant des lieux.

- « Mais qui voilà ! Quelle heureuse coïncidence ! », s’exclama t’il avec un grand sourire, en se levant du fauteuil dans lequel il était confortablement installé. « Mon cher Lanod, voici justement les héros dont je viens de te parler. Ce sont eux qui, sur mes bien modestes indications, ont vaillamment contrecarré les plans des cultistes maléfiques qui se terraient au fond de la mine Pierrerude. Entre nous soit dit, j’ai toujours su que ce dwur n’était pas digne de confiance. »

Les compagnons en restèrent cois, laissant Maître Belabar faire les présentations et répondant mollement, comme assommés, aux félicitations empressées du Gouverneur-Maire pour leur bravoure et leur dévouement « au service de ses administrés », selon son expression.

Il les assura de ce que les mérites de toutes les personnes impliquées seraient justement et officiellement récompensés, dès que la présente situation de crise serait résolue. Jouant les modestes, Maître Bélabar refusa avec véhémence au motif qu’il n’avait fait que son devoir de citoyen et que son rôle était indigne d’être mentionné au regard de la bravoure dont avaient fait preuve les compagnons, sur lesquels toute la gloire devait rejaillir pour avoir « au péril de leur vie défendu la communauté ». Les intéressés en auraient presque eu les larmes aux yeux tellement il se montra éloquent, s’ils n’avaient pas soupçonné un coup fourré.

Le Gouverneur-Maire ne prêta ensuite qu’une oreille peu attentive au rapport circonstancié du Capitaine Trask, et le coupa carrément lorsqu’il commença à entrer dans le détail des cultes impliqués.

- « Merci beaucoup, Capitaine, fort bien. Toutefois, j’ai déjà été informé des éléments essentiels de cette affaire par Maître Bélabar, et il se fait déjà affreusement tard pour le déjeuner. Réjouissons-nous simplement de ce que cette terrible menace ait été écartée par ces courageux héros. Vous me remettrez plus tard un rapport circonstancié. Pour l’heure, je vous donne carte blanche pour procéder à l’arrestation des coupables dans les meilleurs délais, en collaboration avec mes services. Mon secrétaire avisera le Bailli, qui fera le nécessaire. Vous pouvez disposer. »

Sovereign Court

On dirait qu'ils ont super bien roule contre le Rejeton et le Sans-Visage!


Moonbeam wrote:
On dirait qu'ils ont super bien roule contre le Rejeton et le Sans-Visage!

Beuh oui. J'ai eu deux superbes occasions de les caraméliser avec une boule de feu, et deux échecs : un jet minable pour les dommages la première fois, un jet d'attaque à louper un oliphant dans un couloir la seconde.

A l'inverse, un enchainement chanceux de deux critiques successifs, ça peut fatiguer même un gros morceau comme le Rejeton Tripartite.

Malchance du MJ + chance des PJ = ... combat rapide?


De retour au fortin, ne sachant encore trop comment interpréter ce développement inattendu, les compagnons bénéficièrent en même temps que le Capitaine Trask des premiers rapports envoyés par les détachements déployés en ville. Tous les employés de Pierrerude présents avaient été appréhendés sans opposer de résistance et mis sous clé ; toutefois, certains des gardes de la mine avaient pris la fuite avant l’arrivée de la troupe. La plupart furent rattrapés alors qu’ils tentaient de quitter la ville, mais quelques uns, plus malins ou plus rapides, parvinrent à échapper à la rafle.

Quant à Ragnolin lui-même, il réussit à se soustraire à la justice de la façon la plus définitive qui soit : les soldats venus l’arrêter défoncèrent la porte de ses appartements pour l’y trouver assis à son bureau, baignant dans son sang. Il s’était apparemment tranché la gorge d’une oreille à l’autre, de sa propre main.

Les tentatives qui ne manquèrent pas d’être effectuées pour arracher des informations à son cadavre se heurtèrent à un mutisme inhabituel, allant au-delà de la simple réticence habituellement constatée lorsque les convictions du défunt sont opposées à celles du prêtre pratiquant l’interrogatoire : la dépouille de Ragnolin semblait vierge de tout souvenir.

Le calme revint rapidement en ville, et après une rude journée de combats les compagnons n’aspiraient qu’à jouir enfin d’un repos bien mérité au fond d’un lit douillet.

Mais la nuit fut agitée. Le beffroi du fortin sonna le tocsin peu après minuit, un violent incendie s’étant déclaré dans un bâtiment à proximité du lac. Le temps que les quelques volontaires parviennent sur place et s’organisent, il n’y avait plus rien d’autre à faire que d’attendre que la conflagration s’éteigne d’elle-même. Fort heureusement, il s’agissait d’un bâtiment isolé : à savoir, le luxueux manoir d’Ellival Moonmeadow, un olve propriétaire de l’unique mine d’argent de la ville. Grâce au vaste parc arboré qui l’entourait, il n’y avait quasiment aucun risque que l’incendie se propage au reste de la ville. Le bâtiment brûla donc jusqu’à sa complète destruction, le matin suivant.

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Dès le lendemain, les choses semblèrent reprendre leur cours normal, comme si rien ne s’était passé. Barnabé se replongea dans l’étude de ses sortilèges. Khalil et Hélebrank retournèrent au Monastère du Crépuscule pour y reprendre leur entraînement. Kalen entreprit d’identifier les nombreux objets magiques confisqués aux cultistes, et Allustan en profita pour lui inculquer les rudiments de l’Ecole d’Enchantement, enseignement couronné par une séance de dégustation de potions en guise d’examen final. Mathieu répartit son temps entre prières et exercices martiaux. Aloïs tenta sans succès de renouer le dialogue avec son père en faisant valoir ses exploits, mais celui-ci campa obstinément sur ses positions, ne voulant voir du « métier » d’aventurier que le danger et persistant à reprocher à son fils la fraude commise dans l’exercice de ses fonctions de cartographe.

Dans les jours qui suivirent, la nouvelle de l’exploit des compagnons se répandit en ville aussi rapidement qu’une maladie vénérienne dans un bordel mal famé de la Côte Sauvage un soir de Festival des Vendanges, sous une forme légèrement altérée : selon la rumeur, ils auraient été commandités directement par le Gouverneur-Maire Lanod Neff au nom de la Cité. Apparemment, quelqu’un tentait de tirer un avantage politique de cette histoire...

Quoi qu’il en soit, en tant que héros nouvellement promus, ils se virent offrir tournées sur tournées dans les débits de boissons de la ville, les autochtones reconnaissants semblant confondre courage et résistance à l’alcool.
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Deux jours plus tard, l’on put assister au débarquement en force d’une équipe d’enquêteurs spéciaux dépêchés par le Connétable de la Cité de Greyhawk pour faire toute la lumière sur cette affaire, accompagnés d’un détachement de prêtres de Heironéous ainsi que d’un trio d’inquisiteurs de St Cuthbert et leur suite de miliciens arborant moustache et gourdin.

Tous les membres du personnel de la mine Pierrerude furent soumis à interrogatoire. Au final, en incluant les rares fugitifs, il s’avéra qu’une petite moitié de l’effectif des gardes de la mine avait en fait été composé d’adorateurs d’Hextor ; ils furent promptement jetés en geôle. Les autres, innocents de ce crime là, furent relâchés sans plus de cérémonie.

Les compagnons eurent également droit à un interrogatoire en règle. Bien que le ton en ait été courtois, ils en ressortirent avec l’impression d’avoir été passés à l’essoreuse, tant fut dense le flot de questions destinés à préciser, recouper et confirmer le moindre détail de leur récit. Personne ne sort complètement indemne d’une entrevue avec un inquisiteur de St Cuthbert.

Au préalable, le Parangon Valkus leur avait chaudement recommandé de ne faire aucun cas des engagements pris envers Maître Bélabar et de collaborer pleinement avec les enquêteurs. Il lui semblait en effet très probable qu’il n’avait pas été complètement franc sur la nature exacte des marchandises livrées aux cultistes, ce qui laissait planer un sérieux doute sur son rôle et ses réelles motivations en cette affaire. Il ne méritait donc pas que l’on se parjure pour lui.

Sa présence à Lac-Diamant n’ayant plus de motif, le responsable de la disparition de son prédécesseur, feu le Parangon Amon Kyre, ayant été découvert et châtié, il leur avait également annoncé son départ prochain en compagnie de son bras droit armé, la paladine Dame Mélinde (au grand désespoir d’Aloïs, qui éprouvait encore pour cette dernière un béguin d’adolescent).

Pour l’heure, il participait activement aux investigations, et par son intermédiaire les compagnons furent informés de ce que les cultes de St Cuthbert et d’Heironéous avaient tous deux tenté d’obtenir plus d’informations sur les évènements de Lac Diamant par un pouvoir divin de Communion, et reçu en réponse exactement le même quatrain, quelle que soit la question posée :

De la fin du bal, la chute des masques sont les prémices :
Pour que le chemin de l’homme s’infléchisse,
Il faut que ce qui a été noyé dans l’oubli ressurgisse,
Car à deux pas encore s’ouvre le précipice.

L’interprétation de cet augure sibyllin, bien que confiée aux « meilleurs spécialistes » de chacun des cultes concernés, ne semblait pas progresser d’un pouce. De même, l’identification de la faction à laquelle avait appartenu le Sans Visage n’alla pas plus loin que l’énumération des suspects habituels en matière de destruction apocalyptique : furent cités entre autres Iuz, le demi-dieu de l’oppression et de la souffrance qui avait déclenché une guerre continentale une douzaine d’années plus tôt ; Incabulos, dieu de la pestilence, des malédictions et des épidémies ; ou bien Tharizdûn, une divinité maléfique surpuissante du néant et de la folie emprisonnée au commencement des temps par les efforts conjoints de toute la communauté divine, que quelques adorateurs déments cherchaient encore à libérer. La seule chose qui semblait établie était qu’il ne s’agissait pas de Vecna, pour une fois.


Smarnil le couard wrote:
[..] louper un oliphant dans un couloir [..]

This thread is always good for learning new French idioms!

Smarnil le couard wrote:
A l'inverse, un enchainement chanceux de deux critiques successifs, ça peut fatiguer même un gros morceau comme le Rejeton Tripartite.

Maybe I'm misunderstanding (definitely possible!), but there aren't critical hits or critical successes in HERO, are there? Or do you simply mean they got a couple of lucky rolls?


hogarth wrote:
Smarnil le couard wrote:
[..] louper un oliphant dans un couloir [..]

This thread is always good for learning new French idioms!

Smarnil le couard wrote:
A l'inverse, un enchainement chanceux de deux critiques successifs, ça peut fatiguer même un gros morceau comme le Rejeton Tripartite.
Maybe I'm misunderstanding (definitely possible!), but there aren't critical hits or critical successes in HERO, are there? Or do you simply mean they got a couple of lucky rolls?

Hi, there.

As not to mislead you, I have to point out that the exact french idiom is "louper une vache dans un couloir". As an oliphant is way bigger than a cow, I only wanted to emphasize that it was a very, very unlucky roll and that the Faceless One was very unlikely to miss.

There ARE critical hits in the Hero system : when you achieve a dice roll lower than half the one needed (for example, 5 or lower on 3d6 if you had to get 11 or lower to hit), you do maximum damage. This rule is only used in heroic campaigns, not in superheroic ones (those with the spandex clad good guys). In the case of our joyous paladin, it means that he delivered something like 30 BODY damage in four seconds time, enough to kill two oliphants.


Smarnil le couard wrote:
As not to mislead you, I have to point out that the exact french idiom is "louper une vache dans un couloir".

Google found both versions (well, "éléphant" instead of "oliphant", but same diff).

Smarnil le couard wrote:
There ARE critical hits in the Hero system : when you achieve a dice roll lower than half the one needed (for example, 5 or lower on 3d6 if you had to get 11 or lower to hit), you do maximum damage. This rule is only used in heroic campaigns, not in superheroic ones (those with the spandex clad good guys).

Ah...my experience is only with Champions (and Super Agents), neither of which had that rule. Interesting! (And 30 BODY? Ouch!)


Dès qu’elles furent suffisamment refroidies pour être accessibles, les ruines du manoir Moonmeadow furent méticuleusement déblayées à la recherche d’indices sur les causes et les circonstances de l’incendie. Treize corps d’olves calcinés furent découverts, tous rassemblés dans les décombres d’une grande pièce centrale, sans doute une salle à manger. Les investigations ne purent aller plus loin, pour diverses raisons. Les olves n’ayant eu guère coutume de se mêler à la populace locale, l’effectif exact de la maisonnée était inconnu. En outre, aucune identification précise des corps ne fut possible, ceux-ci ayant été endommagés au point de rendre inopérant un pouvoir de Nécromancie Vraie ; la chaleur avait été assez élevée pour faire éclater les os. Ce dernier constat amena les enquêteurs à conclure qu’un puissant accélérateur de combustion avait probablement du être utilisé pour allumer et propager rapidement l’incendie.

Comme les augures obtenues concernant l’incendie prenaient la forme du même quatrain, l’existence d’un lien direct avec les évènements de la mine Pierrerude semblait établie. Il ne s’agissait donc pas d’un acte crapuleux commis par un propriétaire de mine bien informé qui aurait profité de la confusion pour écarter un rival et ainsi accroître ses parts de marché, comme certains esprits soupçonneux auraient pu le supposer.

Aloïs observa que la faible carrure du Sans Visage pouvait assez bien correspondre à celle d’un olve, et que sa défiguration pouvait s’expliquer par le désir de dissimuler la race du sujet copié par le sort de Simulacre, et non pas seulement d’empêcher son identification en tant qu’individu comme ils l’avaient initialement supposé. En effet, si l’on avait su que le Sans Visage était un olve, les regards se seraient inévitablement tournés vers le manoir Moonmeadow, seul lieu de Lac-Diamant connu pour abriter des représentants de cette race.

D’autres enquêteurs concentrèrent leurs efforts sur le complexe souterrain au fond de la mine Pierrerude. Allustan fut associé à ce volet de l’enquête en raison de ses compétences particulières en matière d’histoire antique, ce qui permit aux compagnons d’avoir par la bande quelques informations sur l’avancement de cet aspect du dossier.

Ainsi l’origine Ur-Flannae de la cathédrale noire leur fut rapidement confirmée. Il s’agissait bien d’un vestige remontant à l’Empire Murmuré de Vecna. La matière noire contenue dans le bassin avait été identifiée comme étant du « ichor taerrae » en jargon de Mage, ce qui en langue commune pouvait se traduite par « sang de la Taerre », une proto-matière magique dont seulement trois autres sources étaient connues sur le continent, dont deux dans la région : dans les profondeurs du Château de Greyhawk ; sous la Spire du Mage, la forteresse de feu le Mage Tenser ; et dans le Chaudron de la Nuit, un site maudit au cœur du Grand Royaume. Par l’intermédiaire d’Allustan, les compagnons se virent enjoindre de garder le secret le plus absolu sur l’emplacement et l’existence de ce site. Le vieux Mage en était particulièrement chagriné, lui qui aurait tant aimé le citer dans un futur ouvrage comme preuve éclatante de l’antique présence de Vecna dans les Collines-aux-Cairns.

L’aménagement du temple d’Hextor était par contre bien plus récent. Il avait probablement été réalisé par des moyens magiques, comme en témoignait l’absence de traces d’outils ou d’usure.

Toujours d’après Allustan, les enquêteurs avaient tout particulièrement été intrigués par la présence aux côtés du Sans Visage de ce qu’ils appelaient des « zombies magus », des morts-vivants ayant par exception conservé suffisamment de leurs facultés mentales pour jeter des sorts. A leur connaissance, ces créatures ne pouvaient être engendrées que dans des circonstances rarissimes, la plus connue étant un accident magique imprévisible au cours d’un rituel de transmogrification en liche. Toutefois, la présence de plusieurs zombies magus tendait à démontrer que quelqu’un devait avoir mis au point un procédé fiable pour les créer, ce qui supposait une maîtrise de la nécromancie excédant de loin celle de la Société des Mages.

De même, l’examen des résidus du Rejeton ne donna aucune indication sur la méthode employée pour créer une telle chimère, combinant certains des traits de trois divinités différentes. Le rôle joué dans ce processus par le distillat récupéré dans le laboratoire (un simple concentré de jus de cadavre, a priori inerte) ne fut pas plus compris. Pour le plus grand bénéfice de l’humanité, les secrets des Ur-Flannae s’étaient perdus dans la brume du temps… Mais pas pour tout le monde, manifestement.
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Le Gouverneur-Maire convia les compagnons à participer le Jour-Libre suivant à une cérémonie organisée en leur honneur sur la place du Filon. Le Premier Secrétaire Protocolaire qui leur transmit l’invitation leur fit clairement comprendre qu’elle n’avait rien de facultatif ; toutefois, assez curieusement, il ne parut guère fâché d’apprendre que Khalil et Hélebrank ne pourraient être présents, car séjournant tous deux au Monastère du Crépuscule. Sans doute était-il d’avis que l’absence d’un moine exotique et d’un semi gueux ne ferait que rendre plus présentable la brochette de héros devant être donnée en pâture au public.

Vint le jour de la cérémonie. Depuis une estrade édifiée face au Bazar, Lanod Neff prononça un discours émouvant où il était question de « temps troublés », et de « héros qui parmi nous se sont levés pour repousser les ténèbres ». Au moment voulu, les compagnons furent poussés sur l’estrade sous les acclamations de la foule pour recevoir l’accolade du Gouverneur-Maire, ainsi qu’une « bien modeste marque de reconnaissance pour leurs actes héroïques » sous la forme d’un joli diplôme enluminé et enrubanné de « citoyen d’honneur de Lac-Diamant » accompagné d’une bourse de 50 orbes d’or. La somme était suffisante pour arracher des « oh » et des « ah » impressionnés à la foule de mineurs miséreux rassemblés sur la place, mais certainement pas assez pour risquer de faire défaut au Gouverneur-Maire, qui de notoriété publique était aussi richissime que pingre.

Sur un plan strictement pécuniaire, la renonciation du temple d’Heironéous à l’ardoise qu’ils avaient accumulée lors de l’exploration du Cairn aux Murmures fut bien plus profitable aux compagnons.


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Dans la semaine qui suivit, la quatrième du mois des Semailles, le Gouverneur-Maire attribua sans appel d’offres préalable à Maître Bélabar les concessions minières laissées vacantes par la double disparition de Ragnolin Pierrerude et d’Ellival Moonmeadow, en récompense de « bons et loyaux services rendus à la communauté ». Le gros magnat mit ainsi la main sur l’unique mine d’argent de la région et sur une mine de fer d’excellente qualité. Il était auparavant le plus puissant des exploitants miniers de la ville ; désormais, il pesait à lui seul plus que tous ses concurrents réunis. Ceux-ci se résignèrent à devoir à plus ou moins brève échéance passer sous ses fourches caudines.

Les compagnons obtinrent la confirmation, sous le sceau du secret, que cette concession contenait une provision particulière concernant la cathédrale de Vecna. Compte tenu de la source d’ichor taerrae qu’elle contenait, celle-ci avait été secrètement placée sous la garde conjointe de la cité de Greyhawk, du clergé de Boccob et de la Société des Mages.

Dans la foulée fut organisé un procès public éclair, à l’issue duquel furent prononcées des sanctions dont la sévérité n’étonna personne. En effet, la Cité de Greyhawk faisait preuve d’une remarquable intolérance envers les cultes maléfiques, tranchant nettement avec la philosophie très libertaire appliquée en bien d’autres domaines, depuis une tentative de coup d’état fomentée par des cultistes près de quatre siècles auparavant (en 209 AC) au cours de laquelle le Capitaine du Guet et le Landgraf de Selintan avaient été assassinés, tentative écrasée dans le sang au cours d’évènements que les historiens baptisèrent plus tard la « Grande Expulsion du Mal ».

Le Gouverneur-Maire condamna donc Garras à la mort par pendaison, suivie de la crémation du corps. La sentence devait être exécutée dès que les enquêteurs estimeraient ne plus pouvoir tirer de lui quelque renseignement utile que ce soit, ce qui compte tenu de son intellect limité ne serait guère long.

Le tiefling et les gardes complices écopèrent de peines allant de dix à quinze ans de travaux forcés. Assez ironiquement, ils les purgeraient probablement au fond d’une mine de la ville, Maître Bélabar ayant repris à son compte la licence de pénitencier privé précédemment détenue par Ragnolin Pierrerude en même temps que sa mine, et ayant promptement annoncé son intention d’étendre dès que possible cet excellent système à l’ensemble de ses concessions. Les quelques mineurs qui s’en émurent et le firent publiquement savoir furent embastillés par le Bailli Cubbin pour trouble à l’ordre public, ce qui leur permit d’avoir la primeur de ce nouveau régime carcéral. Le calme revint rapidement.
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Le 4ème Jour des Dieux du Mois des Semailles, un peu plus d’une semaine après sa sortie de la mine Pierrerude, Mathieu prononça ses vœux définitifs de Paladin dans la chapelle d’Heironéous au cours d’une émouvante cérémonie d’intronisation.

Tous ses compagnons étaient présents pour ce grand évènement, y compris Khalil et Hélebrank, un messager ayant été spécialement dépêché au monastère pour les convier.

Sa lige Dame Mélinde avait en effet estimé que sa participation au démantèlement d’un culte maléfique constituait un gage plus que suffisant de sa bravoure et de son dévouement à la cause. Elle adouba donc son ancien écuyer en présence de toute la paroisse, augmentée des prêtres en visite. Puis Mathieu, jusqu’alors revêtu d’une simple chemise de pénitent, se vit remettre symboliquement des éperons d’apparat et ses armes.

Ces dernières comprenaient sa bonne vieille hache, mais aussi le harnois pris sur Theldrick, sablé jusqu’à faire réapparaître le métal brillant sous la laque noire, ainsi que le bouclier magique portant éclair d’argent ayant appartenu à feu le Parangon Amon Kyre. Le temple de Greyhawk, consulté, avait donné son accord pour qu’il soit attribué à Mathieu à titre de récompense pour avoir solutionné le mystère de la disparition de son ancien propriétaire. Outre un enchantement améliorant sa maniabilité, il avait le pouvoir de projeter deux fois par jour une lumière aveuglante autour de lui sur un mot de commande de son porteur (pouvoir à n’utiliser bien sûr que contre les gredins dépourvus d’honneur qui se refuseraient à engager un combat singulier conforme aux règles de chevalerie).

Ainsi paré, Mathieu avait fière allure lorsqu’il sortit sur le parvis du fortin sous les vivats de la garnison.

- « Fait chier… Elle est lourde comme un âne mort, cette armure » commenta t’il sobrement, seule manifestation d’émotion que sa grande pudeur naturelle lui permit d’extérioriser.


Livre III
Rencontre au donjon de Blackwall

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UNE PROMENADE DE SANTE ?
(séance du 21 octobre 2011)

4ème Jour des Dieux du Mois des Semailles
de l’Année Commune 595 (soir)
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Le soir même, les compagnons furent conviés par l’intermédiaire de Kalen à se rendre chez Allustan pour prendre un petit verre et discuter d’une affaire les concernant, invitation qu’ils acceptèrent avec enthousiasme.

Le vieux sage (qui allait bien sur ses quarante ans) les accueillit dans la tonnelle aménagée devant sa maison. Une table avec tout le nécessaire et même un peu de superflu avait été dressée sous son vieil arbre favori, et un tonnelet d’hypocras mis en perce.

Allustan bavarda de choses et d’autres en attendant le retour de Kalen, envoyé acheter quelques saucissons supplémentaires pour satisfaire le spectaculaire appétit de Barnabé. Une fois son auditoire au complet, une nouvelle tournée de vin épicé servie et sa pipe bien bourrée, Allustan s’éclaircit la gorge et entra enfin dans le vif du sujet. Enfin presque.

- « Très bien les enfants. Tout d’abord, merci à tous d’être venus. Si je vous ai réunis ici ce soir, c’est que j’ai une modeste suggestion à vous soumettre quant aux suites à donner à votre affaire de « mort rampante » et de destinée héroïque. Comme j’aime à le souligner, bien manié, le savoir peut être un outil aussi puissant que la magie. J’ai par conséquent pour ligne de conduite d’encourager mes apprentis à développer leurs connaissances dans divers domaines, avec plus ou moins de succès, dois-je dire… » expliqua t’il en guise d’introduction, avec un regard appuyé vers Kalen. « Mais tous ne choisissent pas comme moi d’étudier l’histoire antique, les civilisations perdues et la gloire des empires passés. Justement, l’une de mes anciennes élèves, Marzena… Une fille brillante, sérieuse… Je vous ai déjà parlé d’elle, peut-être ? »

Kalen ne put réprimer un grognement à l’énoncé de ce nom, qui revenait presque systématiquement comme exemple à suivre dans la bouche de son maître, chaque fois qu’il faisait quelque chose de travers.

- « Enfin bref », poursuivit Allustan. « Marzena, donc, avait choisi comme sujet d’étude les cultes marginaux ou hérétiques. Les sectes apocalyptiques, les factions schismatiques, ce genre d’assemblées de cinglés. D’un point de vue purement théorique, bien sûr. Marzena est une jeune fille très équilibrée, très saine, pas le genre à se laisser embrigader dans ce genre de fadaises. »
- « Et donc ? En quoi sommes-nous concernés ? » demanda Mathieu, grillant de justesse la politesse à Barnabé, retardé par la déglutition de sa énième tranche de saucisson aux foies de volaille et morilles.
- « J’y viens, j’y viens, jeune homme… Vous souvenez-vous de cette référence à une mystérieuse « Triade Ebène » dans le journal du Sans Visage ? C’est justement le nom de l’un de ces cultes excentriques qui font la joie de Marzena. Je crois me souvenir que des hextoriens étaient impliqués, et que son origine est quelque part au nord du lac Nyr-Dyv, dans les Terres Boucliers ou dans les Royaumes Bandits, je ne sais plus lequel des deux. Si vous alliez la voir, elle pourrait sans doute vous en dire beaucoup plus. »
- « Et elle est où au juste, Marzena, qu’on en finisse ? » demanda Kalen, amer.
- « Pas très loin d’ici, justement. Elle s’est trouvé un emploi stable de Mage de garnison au donjon de Blackwall, en bordure des Marais-aux-Brumes, qui lui laisse beaucoup de temps libre. C’est à deux jours de voyage, à peine. Une vraie promenade de santé pour des gaillards comme vous ! »
- « Ah oui, je connais très bien ! » renchérit Aloïs, qui précisément avait passé une partie de la semaine écoulée en compagnie de son « oncle » Merris à parfaire ses talents de coureur des bois en bordure du dit marais.
- « Bon, c’est entendu, nous irons la voir là bas pour lui poser la question », acquiesça Barnabé après avoir recueilli l’assentiment de tous ses compagnons, une fois sa bouchée déglutie.
- « A la bonne heure ! » s’exclama Allustan avec un grand sourire, avant de poser sur la table un joli coffret jusqu’alors dissimulé sous la nappe blanche. « Puisque justement vous allez là bas, tant qu’à faire, pourriez-vous aussi lui apporter ceci ? »

La chose en question était un élégant coffret en bois laqué de noir, de près de quarante centimètres de long sur trente de large et vingt de hauteur, dont le couvercle légèrement bombé était fermé par un simple loquet fait du même bronze poli que ses charnières.

- « Attention : c’est extrêmement fragile, il ne faut surtout pas le secouer, ni le retourner ! Et prenez garde aussi à ce qu’il ne prenne pas l’eau. Par contre, le contenu est protégé par des enchantements contre les extrêmes de températures, donc de ce côté-là pas de problème » leur recommanda Allustan, aussi inquiet qu’une mère poule confiant pour la première fois ses poussins à une baby-sitter novice.
- « Mais qu’y a-t-il au juste, là dedans ? », demanda Barnabé, légitimement intrigué.
- « Tut tut… », lui répondit le vieux sage en agitant le doigt d’un air sentencieux. « Si je vous le dis, cela gâcherait la surprise. Le plus important est que ce coffret arrive entre les mains de sa destinataire au plus tard le soir du prochain Jour-Libre, sinon ce serait la catastrophe ! »
- « Quel genre de catastrophe ? », s’enquit Khalil le plus sérieusement du monde. « S’il n’est pas livré dans les délais, devrons-nous poser le coffret par terre et nous éloigner en courant ? »
- « Non, rien d’aussi dramatique, je vous rassure. Ce serait juste trop tard… Mais inutile d’insister, je ne vous en dirais pas plus ! », conclut malicieusement Allustan en faisant glisser le coffret vers son apprenti. « Bon, je suppose que vous avez maintenant maintes choses à faire pour préparer votre départ, aussi je ne vous retiendrai pas plus longtemps. Bonne soirée, et bon voyage ! »

Sovereign Court

Heraut de la Mort Rampante wrote:
« Fait chier… Elle est lourde comme un âne mort, cette armure »

Comique :)

Je ne me souviens pas que le manoir des elfes ait brule quand j'avais joue la campagne, est-ce que c'est toi qui as rajoute ca?


Moonbeam wrote:
Heraut de la Mort Rampante wrote:
« Fait chier… Elle est lourde comme un âne mort, cette armure »

Comique :)

Je ne me souviens pas que le manoir des elfes ait brule quand j'avais joue la campagne, est-ce que c'est toi qui as rajoute ca?

Oui da, pure invention de ma part.

Le pourquoi du comment est assez long à expliquer (pour la version longue, voir le fil de discussion « some new plot tweakings… »), mais en gros j’avais besoin de remplacer les méchants proposés par le scénario et d’annoncer la suite de façon plus explicite.

Dans le scénario tel qu’écrit, la mine est peuplée de cultistes de la Triade Ebène qui croient vraiment pouvoir faire fusionner Vecna, Hextor et Erythnul contre l’avis des intéressés et conservent néanmoins leurs pouvoirs de prêtre, mais sont en fait manipulés en sous main par les vrais méchants, la Conspiration Dont le Nom Doit Encore Rester Caché (ou CDNDERC), pour faire naître le Rejeton Tripartite accomplissant ainsi une ancienne prophétie. Je ne trouvais pas cela satisfaisant, car trop tiré par les cheveux (dans le sens de peu efficace et trop compliqué) même pour un univers fantasy.

J’ai donc viré les rigolos pour les remplacer par un véritable représentant de la CDNDERC, à savoir le Sans Visage, faisant tout simplement bosser les autres par tromperie ou contrainte. Pour lui conserver l’aspect « fusible » du faux culte, j’en ai fait un Simulacre recevant ses ordres via sorts de Sending : pas de traces, pas de piste à remonter. En même temps cela colle parfaitement avec la CDNDERC, qui est composée de choses/créatures passées maîtresses dans l’illusion, les enchantements et la nécromancie. Pour elles, un simulacre c’est de la routine : pourquoi se priver ?

Du coup, j’avais besoin d’un original pour mon simulacre. Plutôt que de prendre un total inconnu, j’ai choisi Moonmeadow comme délégué local de la CDNDERC, en place depuis près d’un siècle pour préparer le terrain en l’attente du moment propice pour la prophétie (à savoir l’accomplissement des précédentes, car par prudence la CDNDERC essaie de les faire s’accomplir dans l’ordre où elles sont écrites). Ca colle bien avec les rumeurs en ville qui prêtaient à Moonmeadow des intentions cachées... Il a juste pris un des olves dominés/endoctrinés qui lui servaient de couverture comme original, puis a défiguré le simulacre pour que personne ne puisse faire le lien avec lui. Ce qui était juste un chouette signe particulier du Sans Visage est ainsi devenu un indice significatif (indice « en creux », mais indice tout de même).

Ce n’est qu’après coup que mes joueurs ont fait spontanément le lien entre mes descriptions de la « faible carrure » du Sans Visage est sa possible appartenance à la race olve. Je ne leur en tiens pas rigueur, ce genre d’indice subtil n’est destiné qu’à être compris après coup pour donner du liant à l’ensemble.

Une fois sa mission accomplie (la prophétie étant accomplie par la naissance du Rejeton, point) « Moonmeadow » est parti en détruisant sans trop de subtilité toutes traces derrière lui. Je tenais à ce que mes joueurs comprennent qu’il y a une conspiration de longue date avec de gros moyens derrière tout cela, ce qui me facilitera un peu plus tard l’intro des scénarios se déroulant à Greyhawk même (juste après Blackwall keep), celle proposée étant faiblarde (le gros méchant qui souhaite venger la mort de son ami Theldrick, c’est pas trop typique comme motivation chez les cultistes de l’apocalypse).

Voila ce que l'on peut en dire sans trop de spoilers...


Sur ces paroles, les compagnons prirent congé pour se rendre en ville. En chemin, saisi d’un horrible soupçon, Barnabé s’approcha derrière Kalen, qui tenait précautionneusement devant lui le coffret, et renifla discrètement celui-ci. A son grand désapointement, aucune odeur suspecte ne s’en dégageait si ce n’est celle du vernis utilisé pour en laquer le bois.

- « Dis-moi, Kalen, c’est quel genre de fille cette Marzena ? Je n’ai jamais encore rencontré de vraie magicienne… Elle a quel âge ? Elle a des tatouages ? », demanda Aloïs, jamais le dernier à s’intéresser de plus près aux représentantes du beau sexe.
- « Mais foutez-moi la paix avec elle, tous ! » explosa Kalen, excédé. « Je ne la connais pas, moi, Marzena, je ne l’ai jamais rencontrée de ma vie ! Tout ce que je sais, c’est qu’elle est parfaite, merveilleuse… Qu’elle ne fait jamais d’erreurs… Cela fait des mois qu’Allustan m’en rabat les oreilles dès qu’il en a l’occasion. Alors merde, avec Marzena ! Merde ! »

Note du MJ:
C'est quasiment texto la retranscription de la réaction du joueur d'Aloïs à la question posée par son camarade. Je m'étais astreint à glisser Marzena comme exemple à suivre chaque fois que possible dans la bouche d'Allustan, en préparation de ce scénario, et le résultat a dépassé mes espérances : je voulais introduire une rivalité entre elle et Kalen, et c'est le joueur de ce dernier qui l'a prise en grippe!

Cet éclat aussi violent qu’inattendu de la part du jeune Mage, dont le discours était habituellement plus policé, mit un terme abrupt à la discussion. La journée s’acheva en emplettes diverses, les compagnons achetant qui des provisions supplémentaires, qui une nouvelle armure, qui un hamac et de la toile pour se préparer à leur voyage du lendemain, bien plus long que leurs habituelles excursions d’une demi-journée au cairn.

Ils se répartirent également les objets magiques identifiés par Kalen durant la semaine écoulée, dont un nombre impressionnant de potions. Notamment, Hélebrank reçut l’Anneau de Protection ayant appartenu à Theldrick, Barnabé la Perle de Pouvoir trouvée dans la chapelle d’Hextor, et Khalil les Brassards d’Armure portés par le Sans Visage, dont le Sceptre Métamagique de Persistance revint à Kalen. Outre un assortiment de potions, Aloïs hérita de l’ancien bouclier de Mathieu, dont celui-ci n’avait désormais plus l’usage.

Le coût des onze perles nécessaires aux sorts d’Identification avait contraint les compagnons à vendre la totalité des objets précieux trouvés dans la mine Pierrerude à Tidwoad, noniz de son état et unique joaillier de la ville, pour un prix qu’ils espéraient ne pas être trop dérisoire. Ils avaient également dû largement puiser dans leur cagnotte, de sorte qu’au moment du partage ils n’eurent droit chacun qu’à quinze orbes d’or et huit communs de cuivre : une somme rondelette selon les critères locaux, mais une paille au regard du butin collecté à la sueur de leurs fronts.
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4ème Jour de l’Eau du Mois des Semailles
de l’Année Commune 595 (aube)
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Au moment du départ, Kalen invoqua avec sa baguette un Serviteur Invisible, lui donnant l’ordre de le suivre à trois pas en portant le coffret noir. Comme par un fait exprès, celui-ci s’était révélé tout juste un peu trop grand pour entrer dans le Sac de Contenance.

La route d’Urnst était bonne, et le temps clément. Une agréable petite brise venait même rafraîchir le voyageur. Barnabé et Kalen, les moins aguerris des compagnons, montrèrent néanmoins assez vite des signes de fatigue et durent se décharger d’une partie de leur équipement dans le Sac de Contenance, désormais confié à Hélebrank.

Aloïs et Mathieu, également chargés comme des mulets, s’abstinrent virilement d’en faire de même et arrivèrent moulus au terme de leur première journée de voyage. Hélebrank, hilare, eut alors le mauvais goût de rappeler que la veille, sa proposition d’acheter un animal de bât avait été dédaigneusement écartée…

Le seul évènement notable de la journée avait été la rencontre avec un groupe de pélerins de St Cuthbert, en route vers la Cité de Greyhawk pour rendre un dernier hommage au Patriarche Riggby, sa dépouille devant y être prochainement rapatriée pour des funérailles grandioses. Bien qu’appartenant à une foi hérétique, le patriarche avait mérité leur respect en raison de sa longue opposition à Iuz, demi-dieu chaotique et ennemi juré de leur propre divinité.

La nouvelle était passée complètement inaperçue à Lac-Diamant, et ce nom n’évoqua pas grand-chose aux compagnons, à l’exception d’Aloïs, toujours aussi friand de récits et de balades relatant les hauts faits d’aventuriers illustres.

Une fois les pélerins repartis en chantant des psaumes vilipendant l’Ancien, il fut ainsi en mesure de préciser à ses compagnons que Riggby, outre le fait qu’il avait été l’un des prêtres de Boccob les plus puissants du continent, était surtout connu pour avoir vingt-cinq ans auparavant tenté de contenir l’évasion de Iuz aux côtés de personnalités éminentes telles que Mordenkainen et Tenser, lorsque le tristement célèbre Sire Robilar avait accidentellement brisé les chaînes qui l’avaient maintenu prisonnier durant des décennies dans les profondeurs du Château de Zagig.

Le demi-dieu maléfique lui vouait depuis une rancune durable, comme à tous ceux qui s’étaient opposés à lui ce jour là, ce qui l’avait conduit à s’exiler dans l’Archiprélature de Véluna non pas tant pour échapper aux assassins dépêchés à ses trousses que pour épargner à ses concitoyens les dommages collatéraux des attentats de plus en plus spectaculaires dont il était régulièrement la cible. Qu’il soit parvenu à un âge suffisamment avancé pour mourir de vieillesse représentait déjà en soi une victoire sur Iuz.

Sovereign Court

haha, j'adore la reaction a propos de Marzena. :)

Est-ce que tes joueurs lisent cette thread? A quel point doit-on faire attention de ne pas reveler des spoilers?

Parce que...

Spoiler:
Est-ce que j'ai manque un bout de l'histoire, ou s'ils n'ont jamais combattu les Grimlocks?


Moonbeam wrote:

haha, j'adore la reaction a propos de Marzena. :)

Est-ce que tes joueurs lisent cette thread? A quel point doit-on faire attention de ne pas reveler des spoilers?

Parce que...

** spoiler omitted **

C'est bon, ils ne viennent pas sur ce site. Ils ont le journal en direct sous format pdf, avec les illustrations et les plans.

Ils n'ont effectivement jamais affronté les grimlocks, sauf sous forme de zombies dans le temple d'Hextor. Ils avaient l'intention de descendre dans les cavernes où ils résident mais au dernier moment ils n'ont pas pu résister à la tentation de jeter "juste un petit coup d'oeil" derrière la porte secrète menant au repaire du Sans Visage...

Lorsque celui-ci leur a échappé, il est allé rejoindre Grallak Kur dans les dites cavernes (en forme gazeuse, rien de plus facile que d'échapper à des sentinelles aveugles) pour lui régler son compte et provoquer la naissance du Rejeton. Il est revenu dans la cathédrale via une porte dimensionnelle, laissant derrière lui son strangulateur furtif liquider un à un les grimlocks.

Une fois celui-ci né, j'ai préfére décreter que l'accès aux cavernes des grimlocks (une faille dans le sol de la cathédrale, pas une porte)s'était effondré suite aux secousses telluriques engendrées. Après le combat avec le gros méchant, aller faire un carnage dans ces cavernes pour ne rien trouver au bout aurait été plus pénible que nécessaire au récit. Tant pis pour les archers aveugles (remplacés par des lanceurs de hache aveugles), le krenshar (remplacé par un grick) et les autres...

Sovereign Court

Ouais, c'est sans doute mieux comme ca. Maudits archers sur leur plateforme... Je me souviens qu'ils m'avaient vraiment enerve!


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4ème Jour de l’Eau du Mois des Semailles
de l’Année Commune 595 (nuit)
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Les compagnons établirent leur campement dans une ferme abandonnée connue localement sous le nom de « repos de Shenk », non loin de l’embranchement entre la route d’Urnst et la piste menant plein sud au donjon de Blackwall. Ils y trouvèrent un toit, des murs en pisé percés d’une unique brèche, et une petite provision de bois de chauffage, laissée à disposition à côté du foyer en pierre par de précédents voyageurs comme le voulait la coutume.

Ne manquait qu’un point d’eau pour que l’endroit décroche une étoile au guide Aragorn des abris de fortune : hélas, comme l’expliqua Aloïs, le puits autrefois utilisé avait été condamné à titre préventif par les hommes de la Garde Montagnarde de Greyhawk (le régiment en charge des patrouilles dans les Collines-aux-Cairns), les brigands du cru ayant pris la mauvaise habitude de l’empoisonner pour détrousser les voyageurs à moindres frais…

Par prudence, les compagnons organisèrent trois tours de garde, par groupes de deux. La nuit fut sans histoires, si ce n’est qu’au lieu de chuter après le coucher du soleil, la température continua de grimper jusqu’à devenir passablement étouffante.

De telles bizarreries météorologiques n’étaient pas chose inconnue sur Taerre, où le climat obéissait autant aux règles ordinaires de la physique des fluides qu’aux courants invisibles de la magie. Kalen, qui avait pris le premier tour de garde, préféra toutefois lancer une Détection de la Magie pour en avoir le cœur net. Il se fit ainsi une petite frayeur en repérant une aura inconnue à proximité du coffret noir, avant de réaliser qu’il devait tout simplement s’agir de son propre Serviteur Invisible.

Plus intéressant, sa Détection de la Magie lui révéla sur le coffret lui-même la présence d’un étrange symbole invisible à l’œil nu, ressemblant à un double « F » cursif, sans doute le résultat d’un sort de Marque de Mage, couramment utilisé dans la profession pour authentifier ou marquer la propriété d’un objet. Toutefois, ce symbole ne ressemblait en rien au sceau d’Allustan, qu’il connaissait bien, ni à aucun autre sceau de sa connaissance.

De guerre lasse, il finit par demander son avis à Barnabé lors de la relève de la garde, le hobniz étant du second quart. A peine son sort de détection lancé, la réponse fusa :

- « Par les poils frisés de mes petons ! Je l’aurais parié ! Un authentique Finéas Finegoule ! », s’écria Barnabé, au comble de l’excitation.
- « Hein ? Un quoi ? », balbutia Kalen, complètement perdu.
- « Finéas Finegoule, voyons ! Le « pâtissier de l’élite » ! C’est un hobniz comme moi, qui tient échoppe à Greyhawk intra muros, dans le quartier des jardins. La moindre de ses créations vaut une petite fortune. L’on prétend que même un paladin se damnerait pour sa spécialité, le gâteau triple crème…. »
- « Un p* !$#n de gâteau… », murmura doucement Kalen en se laissant tomber assis par terre, les mains sur le visage. « On se cogne tout ce maudit trajet pour livrer un p* !$#n de gâteau à l’autre nouille… Allustan aura ma peau… »
- « Mais non, pas un gâteau, un Finéas Finegoule, je te dis ! » insista Barnabé, ne parvenant pas à comprendre la réaction dépitée de son compagnon. « Oh là là, j’ai hâte d’arriver… On aura peut-être droit à une part, tu te rends compte ? »
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4ème Jour de la Terre du Mois des Semailles
de l’Année Commune 595 (aube)
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Au lever du soleil, la température sous abri dépassait déjà allègrement les 30°C. Avec cette chaleur qu’aucun souffle d’air ne venait atténuer, la journée de marche à venir promettait d’être incroyablement pénible.

Mathieu y remédia efficacement en invoquant sur chacun des compagnons un miracle d’Acclimatation, qui leur permit de supporter la canicule aussi facilement qu’ils l’auraient fait d’une belle journée printanière, même lorsque le soleil au zénith fit grimper le thermomètre d’une bonne douzaine de degrés supplémentaires.

C’est donc relativement frais et dispos, et toujours suivis par le coffret porté par un second Serviteur Invisible invoqué par Kalen, que sur le coup de cinq heures ils arrivèrent au détour d’une colline en vue de leur destination, le donjon de Blackwall.

Celui-ci était implanté au sommet d’une motte artificielle, au beau milieu d’une lande marécageuse qui s’étendait vers le sud aussi loin que portait la vue, cédant graduellement la place au marais proprement dit. Un étroit chemin surélevé, bordé de pieux de bois pour en retenir la terre, y menait tout droit en traversant la lande. Le donjon lui-même n’était qu’une étroite tour carrée de quatre étages, ceinte au niveau du premier par un balcon crénelé, qui conjugué au toit conique couvert de tuiles lui donnait une allure de champignon.


Les compagnons s’engagèrent en file indienne sur la lande. Ce n’est qu’à mi-chemin qu’ils s’avisèrent de la présence sur la tour d’un soldat qui, penché à un créneau, leur beuglait quelque chose en faisant de grands gestes avec ses bras.

- « Qu’est ce qu’il nous veut, celui là ? », s’interrogea Mathieu, avant de jeter un regard suspicieux aux alentours, immédiatement imité en cela par tous ses camarades.

Parmi eux, seul Kalen eut l’œil suffisamment acéré pour repérer derrière eux et sur leur droite le léger mouvement produit par un homme-lézard soulevant de quelques centimètres à peine le tapis de roseaux tressés recouvrant son abri pour mieux voir les intrus…

- « Gare ! Des hommes-lézards ! Nous sommes cernés ! » cria t’il avant de prononcer en catastrophe l’incantation d’un sort d’Armure de Mage.

Ainsi prévenus, les compagnons ne furent pas pris au dépourvu lorsque, leur embuscade partiellement éventée, une vingtaine d’hommes-lézards répartis en quatre groupes jaillirent de leurs abris camouflés creusés à une dizaine de mètres de part et d’autre du chemin.

Ils n’en étaient pas moins encerclés. Mathieu, en bon tacticien, vit de suite qu’un passage en force ne pouvait être envisagé. Il ne se faisait guère de soucis pour lui-même, mais une telle tentative résulterait probablement en la perte d’un ou plusieurs de ses compagnons parmi les moins aptes à encaisser les coups, éventualité qu’il ne pouvait accepter. Il choisit donc la seule autre option viable.

- « Carré défensif serré, Mages au centre ! Je prends la pointe ! Avance au pas ! » beugla t’il dans une imitation criante de vérité du sergent d’armes qui avait jadis fait entrer à coup de trique dans son crâne épais d’écuyer les bases élémentaires du combat tactique.

Sans se faire prier, les combattants se mirent en formation autour de Barnabé et de Kalen, toujours suivi par son coffret volant : Aloïs à l’arrière, Khalil sur le flanc gauche, Hélebrank sur le flanc droit.

NOte du MJ:
S’ensuivit une tentative trop farfelue pour être intégrée au récit : Barnabé lança un sort de Course Effrénée sur Khalil et Hélebrank fit léviter tout le monde au dessus du sol, leur demandant de se tenir les mains. L’idée initiale était que Khalil parte en courant à la vitesse d’un cheval au galop en tirant ses compagnons derrière lui comme autant de ballons de baudruche. Sauf que, même en tenant compte de celle induite par sa vitesse de course, Khalil n’avait pas la force nécessaire pour tirer leur poids combiné, le MJ ayant décidé que dans le cadre de la pataphysique applicable, un corps en lévitation ne pouvait être déplacé latéralement sans exercer sur lui une force équivalente à celle nécessaire pour le soulever. Et toc !

Dans chacun des quatre groupes d’hommes-lézards, trois guerriers maniant gourdin à pointes et bouclier de roseaux tressés s’élancèrent pour aller au contact, tandis que les deux autres préparaient leur assaut en lançant des javelines.

Kalen, derrière l’abri relatif de ses compagnons, avait eu le temps de se lancer un sort de Bouclier de Force. Hélas, le champ de force invisible ainsi généré ne pouvait le protéger d’attaques provenant des deux côtés du chemin à la fois, et il eut la malchance de l’orienter dans la mauvaise direction… Une javeline traîtresse pénétra son Armure de Mage, lui entaillant profondément l’arrière du crâne ; il tomba à genoux, à moitié assommé, et serait resté en arrière si Khalil ne l’avait pas aussitôt relevé et soutenu.

Les autres javelines furent toutes esquivées ou défléchies par les compagnons, qui n’eurent ensuite que le temps de se préparer à recevoir l’assaut des hommes-lézards qui déjà arrivaient au contact, les entourant en une masse compacte d’écailles et de gourdins à pointes. Cinq d’entre eux prirent Mathieu en tenaille, tandis que Khalil et Hélebrank affrontaient chacun deux adversaires sur les flancs, ce qui laissait aux trois hommes-lézards restants à peine assez de place pour s’en prendre à Aloïs, réduit à repousser leurs assauts du mieux qu’il pouvait à l’aide du vieux bouclier de Mathieu.

Les compagnons ne furent pas longs à remarquer parmi leurs assaillants deux individus qui se détachaient du lot. Le premier était un homme-lézard particulièrement musculeux maniant un gourdin d’une taille impressionnante, qui devait être le chef du détachement à en croire le flot ininterrompu d’ordres, d’encouragements ou d’invectives qu’il déversait sur ses subordonnés dans une langue gutturale. Mathieu en fit aussitôt sa cible prioritaire, dans l’espoir que sa défaite brise le moral adverse. Le second, resté en arrière, se distinguait à la fois par sa coiffe de plumes élaborée, et par le fait qu’au lieu de jeter une javeline il avait prononcé une longue incantation, au terme de laquelle une longueur de chemin située derrière les compagnons avait pris une étrange teinte sombre aux reflets luisants, leur coupant la retraite.

Dès qu’il eut recouvré ses esprits, Kalen l’interrompit dans une nouvelle incantation en lui logeant un carreau d’arbalète en pleine poitrine, le mettant hors de combat. Mais un guerrier homme-lézard trompa la vigilance de Khalil pour rendre la politesse au jeune Mage, l’envoyant à nouveau au tapis d’un coup de gourdin bien senti.

Forcer le passage au travers d’une meute d’hommes-lézards tout en maintenant la cohésion de leur formation ne permettait aux compagnons que d’avancer pas à pas ; et encore, à condition que l’un d’entre eux ne soit pas dans les pommes. Il apparut assez vite que cette progression serait trop lente : à ce rythme, ils ne pouvaient espérer rejoindre le donjon avant qu’un coup heureux ne mette sérieusement à mal l’un d’eux et qu’ils ne soient submergés sous le nombre. D’autant que les lanceurs de javelines avaient maintenant rejoint la mêlée, cherchant la moindre ouverture pour prendre part au combat.

Aucun secours ne pouvait non plus être espéré de la garnison du donjon, qui au loin commençait à monter aux créneaux. Quatre autres groupes de guerriers hommes-lézards disposés en arc de cercle à distance respectueuse des remparts se chargeaient de dissuader toute velléité de sortie.

Barnabé proposa donc une autre alternative, et au signal de Mathieu, les compagnons s’immobilisèrent et firent le gros dos, concentrant tous leurs efforts sur leur défense sans même répliquer aux coups de leurs assaillants, à moins qu’une occasion de le faire sans prendre de risques ne se présente. Pendant ce temps, Rapetissé pour offrir une cible aussi difficile que possible, Barnabé lançait successivement sur chacun d’eux un sort de Course Effrénée.

Le seul à se distinguer fut Khalil. N’ayant pas bien compris les instructions (sans doute parce qu’elles avaient été formulées dans une langue autre que son baklunien maternel), il mit un point d’honneur à faire chuter et rechuter dans la boue l’un de ses adversaires. Non seulement cette tactique n’eut aucun autre résultat que de rendre l’intéressé fou de rage, mais le moine finit par en perdre son bâton ferré, resté coincé entre les jambes musculeuses de sa victime. Pire encore, la tentative qu’il fit pour le récupérer lui valut de récolter sur le sommet du crâne un splendide coup de gourdin qui le laissa chancelant au moment précis où Barnabé allait enfin donner le signal du départ.

Les compagnons en furent quittes pour supporter quelques longues secondes de plus l’assaut des hommes-lézards, le temps pour le moine de se remettre les idées en place, encouragé par les jurons de ses camarades.

Mathieu en profita pour poursuivre son offensive contre le chef homme-lézard. Bien lui en prit, car parvenant enfin à tromper sa garde, il lui fendit la panse d’un spectaculaire coup de hache asséné de bas en haut. Voyant cela, certains de ses guerriers hésitèrent, retenant leurs coups, tandis que d’autres tournaient carrément les talons ; le moral des assaillants était clairement en berne.

- « Attention, tout le monde part à mon signal… Aloïs, tu n’oublies pas de me prendre au passage », rappela Barnabé.

Puis, toujours réduit à la taille d’un lutin, il se jeta sur le coffret contenant le gâteau (pardon, le Finéas Finegoule) que portait toujours le Serviteur Invisible, s’y cramponnant comme une arapète à son rocher.

- « Maintenant ! » hurla t’il d’une voix rendue comiquement aiguë par sa petite taille.

Sovereign Court

Heraut de la Mort Rampante wrote:
Ne manquait qu’un point d’eau pour que l’endroit décroche une étoile au guide Aragorn des abris de fortune

LOL :)

Et c'est ton invention aussi l'histoire du gateau? :)


Moonbeam wrote:
Heraut de la Mort Rampante wrote:
Ne manquait qu’un point d’eau pour que l’endroit décroche une étoile au guide Aragorn des abris de fortune

LOL :)

Et c'est ton invention aussi l'histoire du gateau? :)

Vi, pure invention pour donner de la consistance à Allustan. Le vieux bouc a le béguin pour son ex apprentie, d'où sa tendance à la citer tout le temps en exemple à suivre. C'est son anniversaire, il veut lui expédier une douceur.

Dans le scénario, Allustan rend visite à Marzena (sans raison particulière) et se fait accompagner des PJs. Puis il s'éclipse comme un pleutre dès qu'il aperçoit les hommes-lézards, soit disant pour "prévenir les renforts", laissant les PJs en plan. Succès de popularité garanti auprès de mes joueurs!

J'ai préféré qu'il reste à la maison plutôt que de ridiculiser. D'autant qu'il a maintenant DEUX sites archéologiques majeurs à se mettre sous la dent. Vu le caractère obsessionnel que je lui ai donné, il est pas prêt de bouger de Lac-Diamant. Même pour les beaux yeux de Marzena. Un vrai dilemne...

J'avais donc besoin d'un motif pour expédier les joueurs à Blackwall. Ma première idée était effectivement de les envoyer consulter Marzena sur la Triade Ebène, mais cela faisait un peu prétexte artificiel, genre panneau marqué "donjon par là". Trop directif.

Du coup, j'ai eu l'idée d'en faire réellement un prétexte, mais au profit d'Allustan, qui en réalité cherche juste des coursiers pas chers pour convoyer son gâteau. Tant mieux s'ils apprennent quelque chose d'utile, mais ce n'est pas sa réelle motivation. C'est plus rigolo comme ça. A priori, ça a bien marché!

Sovereign Court

Nice... very nice.
Oui, la notion qu'Allustan se teleporte pour aller chercher des renforts est un peu faible... Franchement... Heureusement que tu as changé ca.


krimssone wrote:

Hi again

I have not received your material (maybe because my adress is a little bit twisted: there's 3 "t" at smittters. I hope you dont' mind sending me again the stuff.

Be sure I will post something about my campaign, but not before october.

Thank you.

Alors, où en est cette campagne ?

Les documents que tu m'as envoyé étaient splendides en tous cas. Je suppose que tu as également préparé des versions expurgées (sans toutes les infos destinées au MJ) pour tes joueurs ?


Les compagnons foncèrent vers le donjon à la vitesse d’un cheval au galop, les mouvements magiquement accélérés de leurs jambes projetant derrière eux des gerbes de mottes de terre. Aloïs n’omit pas de rafler au passage le coffret, emmenant par la même occasion Barnabé, et Khalil en fit de même pour son bâton.

Leur fuite fut d’autant plus aisée que les rangs des hommes-lézards achevaient au même instant de se disloquer, les guerriers encore au contact faisant volte-face pour rejoindre les premiers fuyards qui déjà s’égaillaient dans toutes les directions.

C’est donc sans rencontrer aucune opposition que les compagnons avalèrent en quelques secondes la distance qui les séparait du donjon le long du chemin, qui contournait la motte pour en rejoindre le sommet en pente douce.

Sur le versant sud, à l’opposé, s’offrit à leur regard le spectacle inimitable d’un champ de bataille. Les cadavres d’hommes et de chevaux jonchaient le sol jusque dans les dépendances et étables, laissées portes béantes. L’absence de corps reptiliens ne laissait planer aucun doute sur le vainqueur.

La porte d’accès au donjon lui-même était étrangement voilée, au point de rendre sa fermeture impossible. Le passage avait donc été obstrué par une barricade de fortune érigée avec toutes sortes d’objets, principalement des tonneaux et des grabats. Deux gardes moustachus en cotte de mailles étaient déjà à l’œuvre pour dégager un espace suffisant pour permettre l’entrée des compagnons.

- « Par ici ! », les appelèrent-ils à grands cris, avant de s’adresser plus particulièrement à Mathieu. « On est rudement contents de vous voir, messire paladin. Ca a bardé ici. Y’a not’ sergent qui vous attend là-haut, si vous voulez bien me suivre. »

Le temps de prêter la main à la reconstruction de la barricade, au cas où les hommes-lézards reviendraient à la charge, les compagnons furent conduits à l’étage. Les attendait sur le balcon fortifié un gaillard barbu portant sur son tabard le chevron brodé d’un sous-officier, accompagné en tout et pour tout de cinq hommes, dont un avec le bras en écharpe.

- « Sergent Grubert, monseigneur. Je crains d’être actuellement le plus gradé dans la place », se présenta t’il, gratifiant Mathieu d’un salut militaire impeccable. « Rude combat là bas, si je puis me permettre. Nous avons bien cru que vous alliez tous y passer. »
- « Repos, sergent », répondit l’intéressé, flatté de cette marque de respect rendue à son statut de paladin d’Heironéous en dépit de son absence de rang militaire. « Mon nom est Mathieu. Que s’est-il passé ici, au juste ? ».
- « Embuscade », résuma le sergent, adoptant une posture à peine plus détendue, les bras passés derrière le dos. « Ce matin même. Une patrouille était sur le point de partir pour une reconnaissance de routine. Rien de visible aux alentours. La porte était ouverte pour laisser sortir les hommes qui étaient de corvée d’écurie, ainsi que les membres de la patrouille proprement dite. Et les lézards nous sont tombés dessus. »
- « Comment ça, ils vous sont « tombés dessus’ » ? Aucune sentinelle ne les a vus venir ? »
- « Je n’ai pas été directement témoin de la scène, monseigneur. Ceux qui étaient aux premières loges y sont restés, ou ont été fait prisonniers. Mais d’après ce que j’ai compris dans le feu de l’action, une dizaine de faces d’écailles sont apparus juste comme ça, à proximité de la porte, tandis qu’une plus grosse troupe chargeait depuis le marais », expliqua le sergent en utlisant l’un des sobriquets péjoratifs communément employés pour désigner les hommes-lézards.
- « Y’a de la magie, là-dessous », commenta Barnabé.
- « Probablement. Y’a qu’à voir la porte, elle n’était pas comme ça ce matin... Enfin bref, ils étaient sur nous et dans le donjon avant qu’on ait eu le temps de dire ouf. Avec une poignée d’hommes, le Capitaine est parvenu à les bouter hors, mais tous y ont laissé leur peau. Depuis, nous tenons la place en repoussant leurs assauts, mais la situation commençait à devenir désespérée : nous sommes presque à court de flèches, et je ne dispose plus que de sept hommes valides, en comptant les blessés pouvant encore tenir une arme. »
- « Peste ! Sur une garnison de combien d’hommes, au départ ? », le questionna Mathieu.
- « Trente, monseigneur, y compris le capitaine et les sergents. »
- « Et Marzena, votre Mage ? Où est-elle passée ? », demanda anxieusement Barnabé, sentant bien que l’humeur n’était guère à la fête et que la perspective d’un bon repas s’éloignait.
- « Ah, vous veniez la voir ? Hélas… » soupira le sergent Grubert en adoptant la mine d’enterrement de circonstance. « Elle était dehors au moment de l’assaut, et fait partie de ceux qui ont été capturés vivants, elle et trois soldats. Depuis les remparts, nous avons vu un petit groupe de faces d’écailles les emmener dans les marais en début d’après-midi. »
- « Pour sûr, pour les bouffer ! », renchérit un soldat anonyme avec un manque de tact certain, avant d’être réduit au silence par un regard fulminant de son supérieur.
- « Et bien, on est pas prêts de manger du gâteau… » commenta Kalen, désabusé.
- « Je vous demande pardon ? » balbutia le sergent Grubert, estomaqué.
- « Non rien, ne faites pas attention à lui, il est sous le choc. Marzena était une ancienne condisciple, en quelque sorte », expliqua précipitamment Mathieu.
- « Et que faisait Marzena dehors, au juste ? » intervint Hélebrank. « Elle était quand même pas de corvée ? »
- « Oh, bien sûr que non ! » s’offusqua le sergent. « Je veux dire, elle était très simple, pas bégueule pour un sou, mais tout de même, de là à lui demander de se salir les mains… Non, elle comptait simplement accompagner la patrouille pour prendre un peu l’air. »
- « Elle faisait ça souvent, sortir sur le terrain ? » demanda Kalen. « Ou bien avait-elle à votre connaissance une raison particulière de le faire, justement aujourd’hui ? »
- « Pas que je sache. Elle avait coutume d’accompagner une patrouille de temps à autre, sans plus, et passait sinon le plus clair de son temps le nez dans ses grimoires, comme tous les Mages, sauf votre respect. On ne pouvait tout de même pas la garder cloîtrée en permanence dans le donjon. De plus, en temps normal, c’est sans danger : nos hommes ont pour mission de faire de la reconnaissance, pas de chercher le combat. C’est pas de chance, tout simplement. »
- « Très bien, sergent. Je crois que nous avons maintenant une vision claire de la situation », conclut Mathieu. « Maintenant, dites nous plutôt ce que nous pouvons faire pour vous venir en aide. »
- « Oh, vous avez déjà fait beaucoup, monseigneur. Vous avez mis en déroute nos assaillants, ce n’est pas rien. Mais si ce n’est pas trop vous demander, j’ai quatre blessés graves qui auraient bien besoin de soins magiques. Nous avons déjà épuisé tout notre stock de potions. Et si messire est Mage, pourrait-il appeler des renforts ? Nous avons des parchemins de Communication Mentale pour ce genre de situations d’urgence, mais plus personne pour les utiliser… »

Le sergent accompagna les compagnons jusque dans les sous-sols du donjon, aussi vastes que la somme de tous ses étages, où étaient aménagés les barraquements et entrepôts nécessaires à la vie de la garnison. Manifestement, la motte artificielle avait été érigée en accumulant simplement de la terre sur ce niveau après sa construction.

Après avoir indiqué à Mathieu le dortoir où avaient été regroupés les blessés invalides, le sergent alla chercher dans les quartiers de Marzena un rouleau de parchemin qu’il remit à Kalen. Celui-ci le déroula sur une table du réfectoire, le maintenant ouvert par des chopes vides judicieusement disposées, puis sortit de sa poche à composantes un prisme de cristal qu’il fit courir sur le parchemin une fois son sort de Lecture des Runes Magiques lancé. Une vingtaine de minutes lui suffit pour décrypter le sort. Il prononça ensuite dans l’ordre voulu les syllabes correspondant aux runes maîtresses et modulatrices, sentant au fur et à mesure le mana affluer et prendre forme. Peu familier de la Sorcellerie, ce n’est qu’au moment de relâcher l’énergie du sort qu’il se rendit compte qu’il ne pouvait se permettre de s’interrompre pour demander des instructions plus détaillées au sergent… Il dut donc improviser un message, et choisir lui-même le destinataire :

Bonjour Allustan, Kalen. Sommes à la tour du donjon de Blackwall. Marzena disparue dans les marais, enlevée. Donjon attaqué. Prévenir base arrière. Attaque homme-lézards. Utilisation de Magie. Euh non, rectification, Marzena pas enlevée dans les marais, mais devant la tour et emmenée dans les marais…

Il fut interrompu par la réponse d’Allustan, dont les mots se formèrent d’eux-mêmes dans son esprit comme si son maître les lui sussurait dans l’oreille :

Compris, pas plus de vingt mots, malheureux ! Je préviens la garnison qui enverra renforts. Retrouve Marzena. Fais attention. Bonne chance.

Kalen essaya brièvement de se rémémorer la teneur exacte de son message pour déterminer où exactement il avait été coupé, avant de réaliser qu’au vu de la réponse d’Allustan cela n’avait aucune importance, l’essentiel du message ayant été transmis. Il annonça donc la venue prochaine de renforts, probablement en provenance de Lac-Diamant, au grand soulagement du sergent.

- « L’idéal serait évidemment de pouvoir nous reposer jusqu’à demain pour être frais et dispos, mais plus vite nous les retrouverons, plus nous avons de chances de récupérer les otages vivants », déclara Mathieu. « Sergent, vous sentez-vous capable de tenir la place sans nous jusqu’à l’arrivée de la troupe ? »
- « Oui monseigneur, surtout si vous pouviez remettre sur pied certains de mes hommes. Ils sont déjà hors de danger, grâce à vous, mais encore loin d’être aptes au combat. »
- « Très bien, je vais voir ce que je peux faire. Entre mes pouvoirs, nos potions et la baguette de soins, nous devrions y arriver. »
- « C’est pas un peu difficile, de pister des hommes-lézards dans les marais ? De nuit, en plus ? » s’inquiéta Hélebrank.
- « Non, au contraire, la boue et les roseaux, ça marque bien. C’est juste que les traces s’effacent plus vite », affirma Aloïs en expert. « Par contre, s’ils se mettent à nager, alors là… »
- « En plus, de nuit, nous aurons peut-être un avantage sur eux avec nos sorts de vision nocturne », ajouta Barnabé. « Savez-vous si les hommes-lézards ont coutume de voyager de nuit, sergent ? »
- « Pas vraiment... Tout ce que je peux vous dire, c’est que lorsque nous leur tombons dessus hors du marais, c’est de jour », lui répondit Grubert.
- « Quelqu’un à quelque chose à ajouter ? Non ? Alors je propose que nous mettions cela aux voix », conclut Mathieu. « Que ceux qui sont volontaires pour se lancer immédiatement à la poursuite des ravisseurs lèvent la main… »

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